Chapitre 24

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Nina pousse la porte de la loge rouge, elle me semble familière. Comme un double des donjons présents au sex-shop d'Eastchase ; est-ce une copie ou l'originale ?

Je pencherais pour la seconde hypothèse ; car nous sommes dans l'antre du fameux organisateur de soirées SM ou celui que je préfère appeler assassin ; Jim Shelby.

La disposition des miroirs me semble différente de ce que nous avons connu avec Léa, et à cela s'ajoute une chaise métallique au fond de la pièce, qui ne faisait pas partie du décorum du précédent donjon.

Nina entre la première, alors que je veux lui emboiter le pas, je suis tirée en arrière. A mon collier de pointes est attachée une laisse métallique. Et à l'autre extrémité de cette chaine, la main ferme d'Ingrid.

Son sourire trahit son plaisir de domination ; une domination qu'elle exerce sur moi au travers de cette bride solide.

Tout en maintenant cette traction sur mon cou, elle me dépasse, sans un regard, pour pénétrer dans la pièce ; avant moi.

Un bref coup sur la chaine me rappelle de la suivre. Je me retrouve dans le rôle de la chienne suivant sa maitresse. Je m'étonne d'accepter et de jouer cet emploi de femme-objet, sans éprouver la moindre honte.

Même si je sens le regard scrutateur de Jim dans mon dos, je ne me force pas pour suivre les règles de ce jeu peu conventionnel.

La chaine se tend de nouveau, j'avance alors dans la direction dictée par Ingrid. Je me retrouve devant la chaise en fer à l'extrémité de la loge, tournée vers un mur sur lequel est apposé un miroir de grande taille.

Ingrid relâche la laisse, et se rapproche de moi. Si près, que nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres les unes des autres. Silencieuse, elle pose ses mains sur mes épaules, la pression, qu'elle exerce sur elles, me commande de m'assoir.

L'inconfort du métal froid accueille mes fesses et mon dos. Elle ôte la laisse de mon collier pour y glisser, à la place, une tige métallique liée au siège. La longueur réduite et la rigidité de cette dernière entravent mes mouvements et contraignent la partie haute de mon corps à rester en position droite, augmentant l'incommodité de la chaise.

- Nina ! s'écrie-t-elle.

Le ton de sa voix claque comme un coup de fouet.

La jeune brune accourt et, sans attendre la moindre consigne, prend mes avant-bras pour les tirer en arrière. Ses gestes sont moins brutaux que ceux d'Ingrid. Et n'opposant aucune résistance, je la laisse placer mes poignets dans des menottes en cuir noir fixés au dossier du fauteuil.

Sous le regard sévère de la blonde, Nina se met à quatre pattes pour positionner ensuite mes chevilles dans des attaches de chaque côté des pieds de la chaise. Jambes écartées, ma robe courte remonte sur le haut de mes cuisses et laisse entrevoir la couleur noire de mon string.

Ainsi installée dos tourné à la pièce et prise comme dans un carcan, je ne peux voir que ce que reflète le miroir devant moi.

Sa forme et son orientation ne m'autorise ni de me voir, ni la porte d'entrée et encore moins Jim Shelby que je sais présent dans la loge.

La seule visibilité, que j'ai, est celle de la croix de Saint-André installée contre un autre mur.

Ingrid s'interpose dans cet unique champ de vision , une cravache à la main droite. Ses yeux bleus plongent dans les miens. Et d'un mouvement lent, elle glisse le stick sous ma robe et la remonte encore plus haut, dévoilant complètement mon string et son incrustation entre les lèvres de mon intimité.

Tel une caresse, l'embout de cuir glisse sur la fin tissu couvrant mon pubis.

Une douche chaleur envahit mon bas ventre. Instinctivement, je tente d'ouvrir plus grandement mes cuisses comme pour faciliter l'accès de son instrument à mon vagin ; mais les liens m'empêchent de le faire. Je ressens une frustration.

Ingrid perçoit cette contrariété sur mon visage et elle y répond par une moue de satisfaction ironique. Elle interrompt le mouvement de son bras et se redresse vivement. Et sans plus d'intérêt pour moi que ce que l'on peut avoir pour les restes d'un repas une fois l'appétit rassasié, elle m'abandonne seule et entravée sur la chaise.

Dans le reflet de la glace, je vois le dos de la silhouette sculpturale de la jeune femme s'éloigner pour se diriger vers la croix de Saint-André où se trouve Nina, seulement vêtue de son masque et collier de couleur rouge.

Comme si elle récite un exercice mainte fois répété, la jeune fille brune colle son dos à l'instrument de supplice. Elle écarte docilement les bras et les jambes. Elle positionne les mains et les pieds dans chacune des attaches en cuir des branches de la croix.

Ingrid, toute aussi naturellement, les referme avec dextérité.

Je l'observe qui se place à côté de Nina, la cravache toujours à la main. Elle se fige, telle un modèle de déesse nordique pour une peinture.

Par le jeu des glaces, je croise le regard de Nina. Toutes les deux prisonnières de nos liens, nous ne pouvons que nous observer.

Le silence et l'immobilisme semblent soudainement s'abattre sur la loge rouge ; moment surréaliste qui semble perdurer une éternité.

Puis, un claquement de main brise cette inertie ambiante ; Jim Shelby a donné le signal de départ.

Un frisson parcoure mon dos, endolori par ma position statique. Les yeux de Nina me fixent ; elle me sourit, rassurante.

Et quand Ingrid arme son bras pour frapper, je me demande si je suis tombée dans un piège de plaisirs ou de souffrances.  

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant