Chapitre 9

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Ces bras énormes étaient passés à travers la vitre brisée de la portière et ils avaient enserré la tête et la nuque de mon père et d'un mouvement rapide, ils lui avaient brisé la nuque dans un craquement sinistre. Cette scène et ce bruit de vertèbres brisées, je les revivais souvent dans mes rêves aussi clairement que s'ils s'étaient passés la veille.

Le souvenir le plus net était ces tatouages de scorpion sur les avant-bras de celui qui avait tué mes parents.

C'était une nuit de septembre, j'allais avoir huit ans dans une semaine, quand nous sommes partis précipitamment avec la voiture. Je sentais l'inquiétude de mes parents sans savoir pourquoi, je n'avais osé rien dire quand ils me tirèrent par le bras pour monter dans la voiture, j'étais parti sans mon doudou. Mais ma maman était restée à l'arrière avec moi et me serrait fort. Trop fort, elle m'étouffait presque, j'aurais voulu lui dire, mais elle tremblait trop et j'avais l'impression qu'elle pleurait, j'avais trop peur qu'elle attrapât froid ou qu'elle pleure à cause de moi. Nous avions quitté la grande route de la route pour une petite route étroite de campagne, je me souvenais qu'il n'y avait plus de lumières qui bordaient habituellement les grandes avenues de la ville.

Il faisait noir, je ne voyais pas la lumière de la lune ni des étoiles, c'était une nuit d'orage.

J'entendais mon père qui répétait sans cesse à ma mère ; « ne t'inquiète pas, il nous retrouve au pont et il s'occupera bien de nous », « avec lui, nous serons à l'abri ».

Nous sursautions sur les sièges, la route était pleine de nids de poule, mais mon père continuait de rouler vite. Ce qui m'avait paru aussi bizarre car il se faisait tant de soucis pour sa voiture et aussi quand ma mère la prenait pour faire les courses. Il la lavait tous les dimanches et en prenait soin comme si c'était la chose la plus précieuse à ses yeux. Et quand j'entendais le choc de cailloux ou celui de l'eau d'une flaque frappant la carrosserie cette nuit-là, je me disais que mon père allait devoir beaucoup travailler pour la rendre aussi propre qu'avant. Et je m'étais promis alors de l'aider, comme je le faisais parfois. Surtout durant les étés, quand l'eau du jet était bien chaude et qu'il m'arrosait pour rire ; je ne savais pas que ces moments je n'allais plus jamais les revivre.

Nous ne sommes jamais arrivés jusqu'au pont ; ce que je me souviens fut cet énorme choc, la voiture roulant sur elle-même dans une série de tonneaux, le parebrise et vitres qui volaient en éclats et une branche énorme au-dessus de ma tête de part en part de la voiture.

Des gémissements de mon père, et du sang, beaucoup de sang qui coulait sur moi. Je me demandais si c'était mon sang car je n'avais pas mal et pourtant j'en avais partout.

Et puis après ces bras tatoués qui passèrent l'ouverture de la portière sans vitre, le bruit d'os brisé, le silence et puis cette lumière. Elle éclairait chaque recoin de l'habitacle. J'ai fermé les yeux sans bouger. J'ai vu le rouge de la lumière à travers mes paupières, mais je suis restée immobile comme lorsque je jouais à cache-cache avec mes amis. Et je gagnais souvent à ce jeu.

Il y a eu aussi des bruits de bouteilles et l'odeur forte d'alcool. Et puis ce fut le grondement de l'orage et un « merde » de l'homme. Peu de temps après, des gouttes d'eau tambourinèrent de plus en plus fort sur là te toit de la voiture, et sur mes joues, je sentis la fraicheur de l'eau, qui imprégna petit à petit mes vêtements. Je ne bougeais pas, je ne voulais pas, faisant des efforts pour ne pas frissonner ; je pensais à ces bras qui pouvaient attraper mon cou si je remuais le moindre doigt.

Je me relève de la cuvette après m'être essuyée. Je regarde les toilettes ; mon urine n'est pas rouge. Pas de blessures internes, me dis-je avec un rictus.

Je la regarde disparaitre quand je tire la chasse d'eau. Que cela serait super si c'était aussi facile avec les souvenirs et certaines blessures.

Le miroir de la salle de bain me renvoie l'image de mon corps couvert de marques ; des hématomes sur les membres et mon torse, un œil poché, la pommette gonflé en dessous, la lèvre fendue ; les stigmates dus des coups de Killer-Boy.

La porte s'entrouvre, Léa, entièrement nue, se glisse derrière moi. J'observe de nouveau le miroir ; je me sens abimé quand je la vois.

Sa main droite se pose sur mon ventre et descend doucement vers mon pubis.

- Je ne te dégoute pas ? demandé-je

- Pas du tout, pourquoi tu dis ça

- A cause de tous ces bleus, je ressemble à un monstre de Frankenstein

- Au contraire tu m'excites. Tu es très belle. Très belle, chuchote-t-elle à mon oreille, dans un souffle chaud.

Je sens deux doigts glissaient entre mes lèvres pour atteindre mon clitoris.

Le désir échauffe le bas de mon ventre. Elle mordille l'oreille ; les souvenirs désagréables s'évaporent avec le plaisir sexuel.

Je m'appuie sur le meuble de la salle de bain, et me cambre, offrant mon sexe à ses caresses, lorsque la sonnette de la porte d'entrée retentit.

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant