Chapitre 22

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A peine sortie de la limousine que tout mon corps frissonne, la fraicheur de la bise nocturne n'en est nullement responsable, mais l'homme, à la carrure athlétique en face de moi : Oui.

Même masqué d'un loup noir, chaque parcelle de mon être me hurle son nom ; Jim Shelby.

Et il est seul, si je fais abstraction de Zack derrière moi et de dizaines d'invités plus loin.

Comme par réflexe je porte ma main au collier de pointes autour de mon cou. Le toucher fait ressurgir l'image apaisante de Léa.

Quand ses yeux bleus plongent dans les miens, je reçois un deuxième choc comme si je prenais un coup de poing dans l'estomac. J'entrouvre la bouche ; non pas pour montrer les dents tel un animal enragé face à son ennemi, mais pour aspirer tous les atomes d'oxygène qui gravitent autour de lui.

Son regard intense traverse et submerge mes défenses de haine avec puissance, me faisant perdre le contrôle de mon esprit et de mon corps. Je revois ce moment où observée par lui lors du combat de la semaine passée, je m'étais laissée frappée ; il me domine.

- Bonsoir Mademoiselle Naciri. Votre humble hôte : Jim Shelby, dit-il avec un large sourire et me tendant la main.

- Bonsoir Monsieur Shelby, répondis-je d'une voix atone. Mon cerveau cherche désespérément à échapper aux multiples stimuli sensoriels qu'il émet et qui s'insinuent en moi.

- Appelez-moi, Jim et soyez la bienvenue à cette party.

Les inflexions de ses mots guident ma main droite vers la sienne. Il la saisit fermement mais sans brutalité, le contact de sa peau sur la mienne échauffe le bas de mes reins. Et quand il la retire finalement, j'en éprouve presque un regret.

« Mes parents, je dois penser à eux ! C'est lui le meurtrier » crie ma raison. Le film de leur assassinat remonte tel un plongeur asphyxié vers la surface où se trouve l'air salvateur. La chaleur sensuelle fait maintenant place à celle plus brulante de mon aversion.

- Merci à vous, monsieur...heu...je vais dire Jim, de m'avoir invité à cette soirée. Répondis-je avec un sourire froid.

J'observe un léger cillement de ses yeux et une légère inclinaison de la tête. Sa réaction est-elle due à mes paroles ou au ton donné. Le voir déstabilisé, même si ce n'est que légèrement, me procure un certain plaisir ; mon sourire se fait plus large et plus carnassier.

- Et, j'espère en être à la hauteur. C'est une première pour moi, et certains codes ne me sont pas familiers, ajouté-je en dévoilant mes faiblesses.

Quoi de mieux pour endormir la méfiance d'un homme que de lui avouer sa fragilité. Cela lui donne l'impression de force et il n'hésitera pas à jouer les « Zorro » pour nous protéger, nous les faibles femmes. Une astuce que me conseillait souvent Tante Jenny, qui avec sa vie de célibat, n'a pas dû admettre beaucoup de failles.

- Vous êtes plus qu'à la hauteur ; vous êtes magnifique. Sans vous, la soirée aurait perdu beaucoup d'éclats.

- Vous êtes un charmeur, Jim, Rétorqué-je en riant.

- Comment ne pas l'être quand je suis en votre compagnie. Et si vous le souhaitez, je m'imposerai encore à vous pour vous présenter quelques personnes qui vous aideront à décoder certaines particularités de cette soirée.

- J'en serai enchantée, Jim.

- Par ici, s'il vous plait, dit-il en m'indiquant la direction opposée au jardin où se trouvaient les nombreux convives.

- La fête n'est pas de ce côté-ci ?

- Si, mais ne vous inquiétez pas, nous les retrouverons un peu plus tard.

Nous remontons l'allée menant à l'arrière de l'immense maison, sa présence à mes côtés me met mal à l'aise. Partagée, que je suis, par des sentiments et pulsions contradictoires ; j'arbore un sourire de circonstance.

En passant près d'un serveur avec un masque blanc, il se saisit avec prestance de deux coupes de champagnes sans ralentir son pas. Et avec un large sourire, il m'en propose une, que je ne peux refuser.

Cette prévenance m'irrite car elle met en valeur ce charme viril qui se dégage de lui. Et je perçois son emprise insidieuse qui tente d'étouffer mes sentiments de colère et de haine.

Et quand je croise le regard des autres femmes tournés vers nous, je sais que son charisme n'est pas le fruit de ma seule imagination.

- Toutes ces personnes semblent bien vous connaitre et de vous apprécier, dis-je en appuyant sur le dernier mot

- Ce sont des habitués, voire bien plus ; des amis avec qui je partage une certaine conception des plaisirs de la vie

- Je n'en doute pas. Et certaines doivent attendre bien plus que des concepts, peut-être plus de pratiques de votre part ?

Jim Shelby s'esclaffa.

- Vraiment ? Vous êtes directe. Auriez-vous le pouvoir de deviner leurs intentions derrière leurs masques ?

- Vous n'aviez pas remarqué, Jim, que leurs regards étaient tournés vers vous.

- Vers moi ou vers vous ? En tout cas, les hommes sont loin d'être en reste et ne cessent de vous dévorer.

- Je ne suis pas du genre à me laisser mordre sans réagir.

- Je m'en suis rendu compte, en tant que boxeuse, vous savez vous défendre. Mais ici vous n'avez aucune appréhension à avoir. Leurs intentions n'iront pas plus loin que celles de vos désirs.

- Et les vôtres, quels sont-ils ? demandé-je avant de porter la coupe de champagne à mes lèvres.

Le goût acidulé du vin pétille dans ma bouche.

- Vous voulez me parler de mes intentions ou de mes désirs ?

- Des deux.

- Je commencerai par mes intentions. Tout simplement, celles de faire plus amplement votre connaissance. Car vous avez suscité une certaine curiosité de ma part. Une femme de votre trempe et avec autant de charme ne peut qu'éveiller que la soif de la connaitre.

- Vraiment ? Après mon combat de samedi dernier ?

- Oui et des autres aussi.

- D'autres combats ? Vous en avez donc assisté à plusieurs ? interrogé-je surprise, en essayant de me remémorer les images du public venu assisté.

- En personne, la plupart du temps. Ou en visionnant des vidéos.

- Vous m'avez invité pour un match exhibition ? contre vous ? Demandé-je, espérant une telle rencontre. Cette perspective enchante mes pulsions destructrices.

- Être votre adversaire ? Ma démarche se veut bien plus amicale. Même si sur un ring, cela ne soit toujours incompatible. D'ailleurs nous arrivons et vous reconnaitrez aisément une de vos opposantes. 

LA BOXEUSE SMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant