Le temps d'un été

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7 ans. 7 putains d'années que nous n'avons pas fait de photos similaires à celle que je tiens entre mes mains. Couchée sur le lit, je fixe cette famille aux allures plus-que-parfaites. Samuel et moi nous trouvons devant nos parents, les mains de ma mère sur mes épaules et celles de mon père entourent le cou de mon grand frère. Ils se chamaillaient beaucoup, à cette époque. La grimace de Samuel me fait sourire, il déteste les photos et il les détestait encore plus à l'âge de 17 ans. Quant à moi, un sourire sincère remplit la totalité de mes lèvres, l'une de mes mains recouvre celle de ma mère et l'amour que j'éprouve envers ces trois personnes peut clairement se lire dans mon regard.

Dimanche est un jour inutile. Ça doit faire deux bonnes heures que je suis réveillée et je n'ai toujours pas bougé de mon lit ; trop occupée à penser. Mes parents, Antoine, Téa, la boutique et j'en passe. Une bonne remise en question est nécessaire. Il faut que je me réveille, que je me bouge et que je trouve des solutions à mes problèmes. Car oui, j'ai des problèmes et j'adore faire semblant de ne pas en avoir en faisant la pire chose : fuir.

Le bruit contre ma porte me sort de mes pensées et je me redresse de manière à être assise sur mon lit lorsque j'aperçois Liam passer sa tête entre l'ouverture qui sépare ma chambre et le couloir.

- Quelqu'un est là pour toi. Tu devrais descendre.

Suspicieuse, je fronce mes sourcils sans bouger. Liam le remarque et fait à présent la même tête que moi.

- Emma ?

- Oui, oui. J'arrive tout de suite.

Je l'incite à sortir de ma chambre puis me précipite devant mon placard afin d'enfiler des vêtements présentables. Qui ose me déranger un dimanche matin ? Habillée d'un legging noir et d'un simple t-shirt blanc, je glisse mes pieds dans mes pantoufles et descends les escaliers, pas du tout motivée. Lorsque j'aperçois Antoine, je m'arrête instantanément à mi-chemin, la bouche entre ouverte. Des roses dans les mains, il ne m'a toujours pas remarqué puisqu'il se tient dos à moi. Liam, du canapé, me regarde sans comprendre. D'un regard discret, il m'ordonne de descendre le rejoindre mais je secoue vivement mon visage, lui montrant ma tenue ridicule du regard. Liam pouffe silencieusement et fait semblant de se frapper le front. Je le fusille du regard alors que je remonte discrètement les escaliers, à l'envers. Mais mes yeux sont toujours rivés sur Liam et je n'ai pas remarqué que Antoine me fixe d'un œil plutôt louche.

- Emma ? Tout va bien ?

Surprise, je pose mes yeux sur lui et je ne peux m'empêcher de le trouver beau. Et toutes ses paroles s'envolent. Et je le rejoins en me faufilant dans ses bras. Et qu'est-ce que je suis bête.

- Je suis désolé, me murmure mon petit ami en m'enlaçant très fort.

- Je suis désolée.

J'embrasse doucement ses lèvres et c'est comme si les morceaux de mon cœur reprenaient formes.

Nous avons passé la journée à l'extérieur ; Antoine m'a emmené dans de nombreux endroits de la région dont je n'avais pas encore connaissance et je lui ai fait découvrir le meilleur glacier de notre quartier. Nous nous sommes baladés le long de la plage jusqu'à ce que le soleil se couche et ça faisait longtemps que nous n'avions pas passé une journée aussi... paisible.

✬

Je passe le seuil de la porte d'entrée et la première chose que je remarque me semble anormale : c'est trop calme. Depuis quand le silence est l'hymne de cette maison ? Certes, Sara est partie hier soir afin de passer la journée avec sa mère, Noah et Gabi sont sûrement rentrés chez eux aujourd'hui, mais tout de même.

En allant dans le salon, une scène, que je n'aurais jamais imaginée se produire, se déroule bien sous mes yeux. Samuel et Liam sont tous les deux endormis dans le canapé, Liam couché de tout son long et mon grand frère a le visage posé contre ses jambes. Quelle dure journée.

Après avoir lavé mes mains dans la cuisine, je me motive et décide de préparer le dîner, sur un coup de tête. J'essaie de faire le moins de bruit possible afin de ne pas réveiller les deux tourtereaux mais je pense que l'odeur qui s'évapore de la cuisine au salon ne les aide pas. Le visage fatigué et les cheveux en bataille, j'aperçois Liam me rejoindre, encore à moitié endormi.

- Tu prépares quoi de bon ?

- Du vol-au-vent. Fait maison ! dis-je fièrement.

- T'as l'air de bonne humeur. C'est cool.

- Je le suis toujours.

A moitié vexée, moitié amusée, je remue la sauce préalablement préparée tandis que Liam s'assoit sur le plan de travail tout en buvant un verre d'eau.

- Bordel de merde !

Samuel court à travers la cuisine pour rejoindre la porte d'entrée mais fait rapidement demi-tour lorsqu'il remarque ma présence ; il m'embrasse la joue et repart tout aussi vite.

- Je fonce, je suis en retard. Je ferme le restaurant ce soir, ne m'attendez pas.

Tout s'est passé tellement vite que Liam et moi n'avons même pas eu le temps d'en placer une. Nous nous regardons avant de rigoler doucement.

- Super. J'espère que tu restes, toi. J'aurai fais ce repas pour rien, sinon.

- Bien sûr. Je ne te laisse pas tomber, t'inquiètes, répond Liam, suivi d'un clin d'œil.

J'ignore celui-ci et viens dresser la table. Mon ami m'aide en préparant les couverts et nous verse à chacun un grand verre d'eau.

A présent assis l'un face à l'autre, nous mangeons en silence notre repas. Ce silence est plutôt gênant, après tout, je n'aurais jamais imaginé me retrouver en tête-à-tête avec le fameux Liam Evans.

- Tu as passé une bonne journée ? demande ce dernier, brisant le silence.

- Très bonne. Et toi ? Elle avait l'air plutôt épuisante...

Un sourire malicieux prend place sur mon visage tandis que Liam ricane face à moi.

- On a glandé toute la journée. Crois-moi, c'est fatigant.

En me remémorant les histoires de la veille, je perds soudainement mon sourire et ma fourchette joue avec les dernières boulettes qui traînent dans mon assiette. Liam le remarque et cherche mon regard.

- Vous devez m'en vouloir, murmuré-je.

- Non. Vraiment pas. J'en veux plutôt à Téa. Je la connais et je sais de quoi elle est capable.

- Est-ce que tu sais pourquoi elle agit de cette manière ? Je ne l'ai jamais vraiment côtoyée alors pourquoi est-ce qu'elle m'en veut à ce point ?

- Je ne sais pas. Mais je sais qu'elle ne te porte pas dans son cœur, depuis le lycée déjà. Je ne pense pas qu'il y ait de raison. Tu sais, Téa n'a pas beaucoup d'amies, elle s'est toujours entendue avec nous mais... c'est tout.

Un long soupir sort d'entre mes lèvres, mon verre s'approchant de celles-ci afin de m'hydrater.

- Oublie ça. Viens, on va se mater un film.

Je me lève de ma chaise et me penche pour débarrasser la table mais Liam m'en empêche malgré qu'il soit déjà affalé sur le canapé.

- Laisse ça, on rangera plus tard.

Les lèvres pincées, j'hésite. Je déteste laisser un bordel pareil mais je n'ai pas vraiment le choix. Je rejoins Liam en m'essayant à ses côtés, sous ma couverture favorite que j'enfile par-dessus mes jambes.

Lorsque le châtain tombe sur le dessin animé, j'ouvre la bouche, surprise et le supplie du regard de laisser la chaîne actuelle.

- T'as de la chance, on dirait qu'il vient de commencer.

- Tu as l'air de bien t'y connaître, le taquiné-je.

- J'adore Simba, rigole Liam en passant ses bras derrière sa nuque.