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Il est midi, ça doit faire deux bonnes heures que nous nous baladons dans le village afin de rejoindre la citadelle de Saint-Florent, et Sara n'a plus l'air de connaître aussi bien le chemin qu'elle ne le pensait.

- Ça fait trois fois qu'on passe devant ce magasin, c'est normal ? demande Noah en regardant Sara.

Je souffle, ayant beaucoup trop chaud, et m'assieds sur le bord d'une marche en buvant dans ma bouteille d'eau. Antoine se pose à mes côtés et en profite pour déposer son sac à dos sur le sol afin de reposer ses épaules. Ma meilleure amie est occupée à retrouver le chemin sur son téléphone et mon regard ne peut s'empêcher d'observer Liam qui ne semble même pas fatigué ; il est concentré sur ce que lui raconte mon frère, ce dernier faisant de grand geste pour intensifier son histoire.

- Ça va bébé ? me demande Antoine.

- Fatiguée mais ça va.

Je lui souris pour le rassurer mais il ne me le rend pas, se contentant de hocher son visage et de se relever pour rejoindre Noah. Très bien.

Je reste assise sur ma marche, n'ayant aucune envie de faire un effort de plus jusqu'à ce que Sara ne trouve pas le bon chemin. C'est dingue qu'elle ne s'y retrouve pas, même avec un GPS.

- T'es sûre qu'elle existe encore cette citadelle ? demande Sam, impatient.

- Oui, lâchez-moi, je me concentre, là.

Sara s'éloigne du groupe et je ne peux m'empêcher de rigoler, geste que Liam remarque immédiatement puisqu'il m'imite, de loin. Il décide finalement de me rejoindre avec Samuel, l'un à présent assis à ma gauche et l'autre à ma droite.

- Tu t'es remis de ta cuite ? me demande mon frère en souriant.

Je regarde Liam et le fusille du regard avant de lui frapper l'épaule. Traître.

- Je pense que je n'étais pas la seule dans cet état.

- En train de vomir, si.

- T'as vraiment pas envie de me défendre, c'est ça ? je rigole en regardant mon ami.

Il secoue négativement le visage en rigolant et nous l'imitons par la suite, heureuse que rien n'ait pu changer depuis hier et que mon frère ne m'en veuille pas personnellement.

- Les gars ! J'ai trouvé, venez ! crie Sara qui s'est pas mal éloignée.

- Merde, râle Samuel dans sa barbe.

Nous écoutons notre guide touristique –pas très expérimentée, je l'avoue– et la rejoignons afin de poursuivre notre chemin qui, je l'espère, est le bon. Mon sac à dos sur les épaules, j'avance au côté de Liam tandis que nous rigolons en parlant de nombreux sujets les uns plus fous que les autres pour faire passer le temps. Téa n'est sûrement pas ravie de cela puisque ça fait dix minutes qu'elle frappe, à l'aide de son pied, dans tous les cailloux qui traînent sur son passage.


- Tadaaaaam !

Nous sommes arrivés et, je l'avoue, ça en valait le coup. L'endroit est vraiment beau, tout me paraît si calme et, étonnamment, il n'y a pas beaucoup de touristes malgré la période pendant laquelle nous venons.

Alors que Sara nous explique en long et en large l'histoire du monument, j'observe les horizons et me déplace jusqu'au muret qui borde la mer, heureuse d'avoir la chance d'assister à un tel paysage. Je sens le torse d'Antoine contre mon dos tandis qu'il passe ses mains autour de moi pour les poser sur la rambarde. Ses lèvres embrassent mon cou et je me sens frissonner sous ses baisers. De sa poche, Antoine sort son portable et le tend face à nous pour nous prendre en photo ; en deux ans, je ne l'ai jamais vu faire ça, miracle. Je souris face à la caméra et la photo est magnifique, le soleil éblouissant nos visages rayonnants.

- Tu me l'enverras ? je demande avant d'embrasser le dessous de son menton, trop petite pour atteindre ses lèvres.

- Bien sûr.

Il se penche vers mes lèvres et m'embrasse tendrement, ses mains maintenant posées sur mon ventre. Nous restons un long moment tous les deux, à regarder le décor qui s'offre à nous. Je me sens tellement bien que j'en oublie le reste du groupe.



L'après-midi, nous déjeunons dans un restaurant typique de la ville, Sara nous conseille les meilleurs plats qu'elle a déjà pu goûter mais je choisis la simplicité : une lasagne. Et ce n'est pas la chaleur qui m'empêchera de la manger, ni même de commander une crêpe mikado comme dessert.

- Où est-ce que tu mets tout ça ? me demande Noah, presque impressionné.

- Ne t'inquiètes pas, j'ai toujours de la place là-dedans.

La plupart de mes amis rient en me regardant et seul Liam m'a suivi en ne prenant qu'une glace vanille.

- Je confirme, elle bouffe tout le temps, c'est incroyable.

Antoine m'embrasse la joue suite à ses mots et me pique la moitié de ma crêpe, à mon plus grand regret.

Le reste de la journée se déroule dans la joie et la bonne humeur, au plus grand bonheur de tout le monde. Téa a arrêté de faire la tête et, d'après Noah, elle s'est excusée auprès de mon frère d'avoir eu un geste déplacé envers moi, c'est déjà ça. Elle a décidé de coller Liam le restant de la journée puisque ça doit faire depuis notre sortie au restaurant qu'ils n'arrêtent pas de rigoler à deux, après tout, tant mieux, si ça peut apaiser les tensions.

Antoine et moi marchons devant tout le monde malgré mon envie de tout envoyer balader et de me coucher par terre. Cette journée m'a littéralement épuisée, j'ai les pieds en compote et la chaleur n'aide pas ; la moitié d'entre nous avons nos joues toutes rouges. Heureusement que j'ai pensé à mettre de la crème solaire, ce matin.

Le soulagement peut se lire sur quasiment tous nos visages lorsque nous arrivons à destination, heureux de pouvoir enfin nous doucher et nous reposer. Je ne tarde pas à me diriger vers la salle de bain accompagnée de mon petit ami afin que nous nous douchions rapidement, à deux. Ce dernier tente plusieurs fois d'aller plus loin que des baisers et des caresses mais n'insiste pas lorsque je le repousse, beaucoup trop pudique et peureuse que l'on puisse nous entendre.



- Emma, tu me passes la viande ?

J'obéis et emmène les divers plateaux de la cuisine à la terrasse, déposant le tout sur la table à manger. Le temps est beaucoup plus doux ce soir mais il me permet tout de même de rester en robe, dehors. Nous nous mettons tous au travail afin que la table soit dressée pour que nous puissions manger le barbecue que Liam et Sam sont en train de préparer. Et toujours dans la bonne humeur, la soirée se passe.

Après le dîner, nous nous installons dans le salon, beaucoup trop épuisés de cette journée rando. Téa nous propose de mettre un film d'horreur à la télévision et, pour une fois, je n'ai pas eu le choix que d'approuver son idée ; j'adore ça. Je m'installe entre Antoine et Gabrielle, cette dernière assise au côté de mon frère. Téa et Liam sont tous les deux sur la partie droite du canapé tandis que ma meilleure amie et Noah sont tous les deux couchés sur la partie gauche. Ceux-ci se poussent afin d'avoir le plus de place possible, ce qui me fait sourire.

Le film commence à peine que Gabrielle est déjà occupée à parler à mon frère d'un sujet que je ne comprends pas mais ce dernier n'a pas l'air contre puisqu'il rigole aux mots de la métisse, en évitant de nous déranger. Je les regarde du coin de l'œil et c'est bien la première fois que Samuel ne se plaint pas que quelqu'un interrompt le film qu'il regarde, au contraire, ils chuchotent tous les deux et se retiennent de rire.

Lorsque mes yeux se posent sur Téa, je remarque que celle-ci prend de plus en plus ses aises contre Liam, son dos contre son torse. Elle fait mine d'avoir peur du film et, presque forcé, il passe ses mains autour d'elle tout en me jetant un regard. Et c'est trop tard pour qu'il ne puisse pas me voir, je détourne rapidement les yeux et me concentre sur le film jusqu'à ce que je m'endorme dans les bras d'Antoine.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant