Le temps d'un été

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Le film a commencé depuis une vingtaine de minutes et je me sens toujours aussi mal à l'aise d'être assis entre Emma et Téa. Nous n'avons encore rien officialisé avec cette dernière mais je sens qu'elle en a envie, et moi je ne veux pas me précipiter sans savoir où notre relation va nous mener. Nous avons passé une merveilleuse nuit tous les deux, j'en avais déjà fait les frais, mais je me suis senti mal lorsque Sara nous a découvert au petit matin, bras dans les bras et nus sous cette couverture. Je n'ai jamais vraiment eu de relation sérieuse, encore moins avec une amie, alors tout ce qui m'arrive me fait peur, et Téa ne fait rien pour m'aider puisqu'elle est sans cesse occupée à me presser. Je pense qu'elle est la mieux placée pour devenir ma petite amie et pour enfin construire quelque chose, après tout, elle me connaît par cœur, et ce depuis des années.

Soudainement, Téa se rapproche de moi en passant son bras par-dessus le mien, me câlinant discrètement dans le noir. Je passe alors le mien autour de ses épaules afin de la serrer contre moi tandis qu'elle me pique de nombreux bonbons, ce qui me fait sourire. Du coin de l'œil, j'aperçois le corps d'Emma s'éloigner le plus possible de l'accoudoir entre nos sièges afin de se coller, elle aussi, à Antoine.

Concentrés dans le film, nous restons silencieux jusqu'à la fin de celui-ci alors que Téa est toujours collée à moi, m'embrassant de temps à autre sur la joue, dans le cou et même sur le coin des lèvres, ce qui m'a gêné qu'elle fasse en public malgré que, logiquement, personne ne nous voit.

Le chemin du retour est rythmé par les avis de mes amis, donnant leur opinion sur certaines scènes incohérentes. Seule Téa reste silencieuse dans la voiture, sans me lâcher du regard, un énorme sourire sur les lèvres.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- T'es vraiment trop beau... me murmure-t-elle en passant sa main dans ses cheveux.

Je la remercie d'un sourire tout en lui volant un baiser après avoir vérifié que Samuel et Noah étaient bien en pleine conversation, à l'avant de la voiture.

✬

De retour à la maison, tout le monde se dirige vers le jardin puisque le temps est assez doux pour rester dehors. Je reste un instant dans la cuisine afin de décapsuler plusieurs bières alors que Samuel me sort de mes pensées :

- Tu as passé une bonne soirée ?

- Très bonne, le film était sympa. Et toi ?

- Sympa, oui. Tu es sûr qu'il n'y avait que le film qui était sympa ?

Je soupire en entendant le ton sur lequel il me parle, comprenant immédiatement où il veut en venir. Je n'ai pas parlé à Samuel de Téa et moi, tout simplement parce que je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais mettre aucun mot sur notre relation.

- Sam...

- C'est vrai, c'était dégoutant, ils se tripotaient sans arrêt, rit Emma qui débarque dans la cuisine en prenant une bière dans ses mains.

J'arque un sourcil en la regardant droit dans les yeux et elle soutient mon regard, à mon plus grand bonheur, je revois enfin ses yeux qui m'avaient tant manqué. Imbécile, elle est arrogante.

- Vous n'êtes pas mieux, tous les deux.

- Au moins, on ne couche pas sous le toit de notre meilleur ami.

À ses mots, je vois Samuel tourner le visage vers moi à une vitesse folle. Je baisse le regard vers ma main qui serre le plus fort possible la bouteille en verre et je prends sur moi pour ne pas exploser.

- Quoi ?! Liam ? demande Samuel.

- Je voulais t'en parler.

- Mais tu ne l'as pas fait. Alors... toi et Téa... ?

J'ose un regard vers lui mais je ne sais pas si c'est le sien qui me blesse le plus ou le fait que Emma soit devenue une garce à ce point.

- Ce n'est arrivé qu'une fois, soufflé-je en m'asseyant sur une chaise.

- Mais c'est arrivé, sourit la brune.

- Ferme-la ! crié-je à Emma. Ferme-la putain, je ne veux plus t'entendre.

- C'est toi qui a commencé ! C'est toi qui m'a cherché Liam alors ne joue pas ce rôle de victime, même si tu es bien trop fort et que tu sembles convaincre tout le monde, ça ne marche pas avec moi.

- Tu perds ton temps, Emma.

- Dis-moi, pourquoi est-ce que tu as couché avec Téa ? Parce que tu en avais envie ou parce que tu étais trop bourré pour voir que c'était bien elle ? Ou alors ce n'était peut-être pas la première fois ?

- Et toi, pourquoi est-ce que tu n'admets pas que j'ai raison ? Parce que tu as une confiance aveugle en lui ou parce que tu as tout simplement trop peur de te retrouver seule ?

- Ok les gars, stop, soupire Samuel en prenant le bras de sa sœur pour la tirer vers l'extérieur.

- Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour mais Téa mérite tellement mieux, dit-elle en se débattant et en ne me lâchant pas du regard.

- Et moi je comprends que ton petit ami aille voir ailleurs, regarde-toi.

Dès lors que je m'entends prononcer les derniers mots, je regrette instantanément ceux-ci, surtout lorsque j'aperçois les yeux d'Emma changer tristement et que le regard de son grand frère pourrait me tuer sur place. Elle ne se débat plus dans ses bras, les lèvres entre ouvertes, elle ne prononce aucun mot pendant de longues secondes puis se retourne afin de rejoindre les autres dans le jardin.

- Emma, je ...

Debout pour les rejoindre, Samuel me retient le bras pour ne pas que je m'enfonce encore plus et surtout, pour que je ne la rattrape pas.

- Laisse-la tranquille. T'en as assez fait.

Je baisse les yeux, déçu de moi-même.

- Je voulais t'en parler... Pour Téa et moi.

- Liam, je ne t'en veux pas. J'ai toujours su que ça allait arriver un jour, c'est chouette pour vous. Mais je ne te reconnais plus... Pourquoi es-tu autant agressif envers Emma ?

- Je m'en veux, d'accord ? Mais elle n'arrête pas de me chercher, qu'elle ne s'étonne pas...

- Elle est en colère.

- Je sais. Je crois que je vais passer quelques jours chez Téa, histoire de ne pas plomber encore plus l'ambiance.

- Liam, je ne te demande pas ça, seulement de ne pas agresser Emma à chaque fois qu'elle parle, même si c'est pour te provoquer.

- Tu étais le même il y a quelques années...

- Et je n'en suis pas fier. Crois-moi, si tu ne réponds plus à Emma, elle s'en lassera et te laissera tranquille. Ce n'est qu'un jeu pour elle, elle essaie de te pousser à bout et ça l'amuse.

- Non, je l'ai blessée, je l'ai vu.

- Oui, là tu as abusé, j'avoue...

Il rit doucement en me mettant une frappe dans le dos tout en serrant ma main.

- Je suis content pour vous. Je savais que, un jour ou l'autre, vous finiriez ensemble.

Nous passons la fin de soirée dans le jardin et j'évite à tout prix le regard d'Emma. Je sens qu'elle n'est plus parmi nous, est-ce dû à mes paroles? L'ai-je réellement blessée? Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit de moi et tout de même, je m'en veux beaucoup.