Le temps d'un été

27

« On a toutes les preuves que ce gars lui ment. »

Cette phrase résonne en boucle dans ma tête et j'ai l'impression que le sol sous mes pieds va s'effondrer. Liam confirme mes pensées et j'aurais préféré ne jamais avoir entendu cette simple petite phrase qui me brise le cœur.

- Je ne comprends pas pourquoi est-ce que tu dis ça... dis-je tout bas, sans cesser de le fixer.

- J'essaie de t'ouvrir les yeux, Emma.

- Non ! Non, c'est faux, tu essaies de convaincre tout le monde que Antoine est un mauvais gars mais ce n'est pas vrai. Pourquoi est-ce que tu fais ça Liam ? Pourquoi, dis-moi ?

Je m'approche de lui en essayant de garder mon calme mais impossible ; je n'arrive pas à me contenir et dans ces moments-là, n'importe qui pourrait me parler que ça n'arrangerait rien.

- Emma, viens dehors avec moi.

Liam parle calmement, c'est la seule raison qui me pousse à l'écouter. Je passe la porte qui me mène au jardin puis tourne en rond afin de tenter de garder mon calme. Le garçon referme la porte pour que le moins de personnes nous entendent et s'approche de moi, mais je ne le laisse pas me toucher.

- Quelles sont ces preuves ? Dis-moi, vas-y, je t'écoute.

- Calme-toi d'abord Emma, je t'expliquerai tout après.

- Non Liam, je n'attends rien du tout. Soit tu parles, soit tu ne dis plus rien, mais ne joue pas à ça, ne soit pas si vague et assume les choses.

Il me rigole au nez en fronçant les sourcils.

- C'est ton mec qui devrait assumer. Il se fout de ta gueule, tu ne le vois vraiment pas ?

- Ah oui et comment ? Puisque tu penses tout savoir, dis-le moi, vas-y.

- Il te ment. Tout le temps. Et je suis certain qu'il voit quelqu'un d'autre, dit-il plus bas, comme pour que j'accuse le coup.

Je ne réponds pas, trop occupée à chercher dans son regard si c'est une blague ou s'il est réellement sérieux. J'ai l'habitude que Liam me cherche, il aime beaucoup ça et s'il peut me taquiner, il fera tout pour le faire, mais j'ai bien peur que cette fois, il ne plaisante pas.

- T'es vraiment un enfoiré.

Mes mots sortent tout seuls mais c'en était trop. Comment réagir face à quelqu'un qui ne mesure pas ses mots, qui fait tout pour vous pousser à bout et qui pointe du doigt votre petit ami dès le premier jour ? Je ne le reconnais pas. Je ne reconnais pas le Liam d'aujourd'hui, avec qui j'ai passé une journée inoubliable et qui me faisait rire à en pleurer.

La mâchoire serrée, il passe à côté de moi afin de rentrer à l'intérieur, en prenant soin de claquer la porte derrière lui. Je reste debout au milieu du jardin, à fixer la pelouse verte qui brille sous les rayons du soleil. Que vient-il de se passer ? Pourquoi est-ce que cette si belle journée devait obligatoirement tourner au fiasco ?

« On a toutes les preuves que ce gars lui ment. »

« Je suis certain qu'il voit quelqu'un d'autre. »

Antoine ne ferait jamais ça.

Furieuse, je rentre à mon tour et suis les traces de Liam jusque dans la chambre qu'il occupe –et qu'il quittera plus vite que prévu s'il continue– puis ouvre la porte à la volée.

- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi, Liam ? Tu te pointes comme une fleur après deux ans et tu penses foutre ma vie en l'air ? Ça ne marche pas comme ça, ton petit jeu ne fonctionnera pas avec moi. Tu ne nous sépareras pas, tu entends ? Jamais !

- Vous n'avez pas besoin de moi pour vous détruire.

Avec rage, je claque la porte de sa chambre et entre dans la mienne, sous les regards inquiets de mes amies.

- Emma...

- Non ! Les filles, s'il vous plaît, j'ai besoin d'être seule.

Elles se regardent et prennent finalement le temps d'embrasser ma joue avant de quitter la pièce, puis la maison à en croire leurs voix que je distingue sur le pas de la porte.

Je m'effondre sur mon lit tout en serrant les draps entre mes doigts, de toutes mes forces. Pourquoi est-ce que Liam doit tout gâcher ? On avait passé une si belle journée, j'avais enfin appris à vraiment le connaître, on s'entendait à merveille, comme je l'ai toujours voulu, mais j'ai enfin vu son vrai visage ; il n'a jamais voulu que je sois heureuse, même adolescente.