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- Est-ce que tu veux que je la lise ? demandé-je une fois que Samuel quitte la pièce.

Elle me regarde, un air surpris sur le visage, puis hausse ses épaules, hésitante.

- Qu'est-ce que tu ferais à ma place ?

- Si une fille m'avait fait ce coup-là, je ne prendrais même plus le temps de penser à elle, crois-moi.

- Facile à dire, souffle la brune.

Mon portable se met à vibrer sur la table et nous regardons tous les deux le prénom de Téa s'afficher sur l'écran principal sans que je ne décroche. Le regard d'Emma passe du mien au téléphone et je finis par le mettre en silencieux et le retourner sur la table afin de ne plus le voir sonner.

- Tu ne décroches pas ? Ça a l'air urgent...

- Elle attendra.

- Votre week-end s'est mal passé ? demande-t-elle en grimaçant.

- Non ça a été.

- D'accord. Alors... tu veux bien la lire ?

Je tourne la tête vers l'enveloppe et la regarde un long moment avant de la prendre entre mes mains et de l'ouvrir.

- Tu es sûre ?

- Tu me diras si tu juges utile que je la lise. Je te fais confiance.

Je déplie le papier en souriant à Emma puis commence ma lecture. Ce mec ne mérite pas qu'elle s'intéresse encore à lui, si ça ne tenait qu'à moi, cette lettre serait déjà à la poubelle.


« Emma,

Je sais que tu ne veux plus me voir. Je sais que tu es sans doute bien mieux sans moi mais moi je n'y arrive pas. Je ne pense qu'à toi, je regrette tellement ce que j'ai fait que je n'en dors plus la nuit. Je n'ai jamais voulu te faire du mal, j'ai toujours tout fait pour te voir sourire mais j'ai merdé. J'ai merdé et je t'ai menti, je n'aurais pas dû. Pardonne-moi. J'ai été con.

Depuis l'arrivée de Liam, j'ai l'impression de ne plus exister à tes yeux. Ce gars sort de nulle part et tu ne vois que par lui. Emma, je l'ai remarqué et ça m'a rendu fou. Le jour où j'ai appris que tu avais eu un faible pour lui quand tu étais plus jeune et que tu me l'as avoué le soir même, j'ai essayé de ne plus y penser mais je n'y arrivais pas. Je vous ai observé et je suis certain que Liam est autant attiré par toi que tu ne l'es, c'est flagrant et ça m'a fait péter un câble. J'ai promis des choses à cette fille sur le coup de l'énervement, j'étais furieux contre toi. Contre vous. Mais j'ai compris que ce n'est pas comme ça que je me ferais pardonner. Accepte ces fleurs et excuse-moi pour tout le mal que je t'ai fait. Rejoins-moi au Letie's ce soir à 22h00 si tu veux bien me donner une seconde chance.

Reviens-moi.

Je t'aime. »


Je contracte ma mâchoire en essayant de ne rien laisser paraître mais c'est difficile ; je relis quelques lignes à nouveau mais c'est bien réel, il s'est foutu d'elle et la supplie de revenir.

- Alors ? demande Emma doucement.

Sa voix calme mes envies de meurtre et je me force à lui sourire en haussant mes épaules. Qu'est-ce que je peux bien lui dire ? « Cours Emma, cours le rejoindre, il se foutra de ta gueule à nouveau mais tout ira bien. » Non. Je ne peux pas la pousser dans ses bras pour qu'il la brise encore plus. Je ne veux pas non plus qu'elle lise cette lettre, elle est dans un état encore trop faible pour qu'elle ne puisse pas craquer. Aussi, je n'ai aucune envie qu'elle sache que je puisse avoir une attirance envers elle. De un, ce n'est pas vrai. De deux, ça pourrait la faire fuir.

- Liam ?

- Ne la lis pas, dis-je soudainement en repliant la lettre en deux.

- Quoi ?

- Ne la lis pas.

Je la regarde droit dans les yeux en insistant longtemps, ce qui la fait rougir.

- D'accord.

Je ne saurais dire si elle est soulagée ou, au contraire, si elle est déçue par ma réponse. Mais je suis sûr de moi, je ne veux pas qu'elle ouvre cette lettre, je veux qu'elle guérisse de cette putain de peine de cœur.

- Pourquoi est-ce que tu ne dors plus dans ta chambre ? demandé-je en espérant qu'elle me réponde, cette fois-ci.

- Je n'y arrive pas, c'est comme ça.

- C'est à cause de lui ?

Elle ne me répond pas et je connais déjà la réponse.

- Pourquoi ? insisté-je.

Je suis au courant, je suis chiant. Mais laisser traîner son chagrin n'arrangera rien, il faut qu'elle s'en débarrasse une bonne fois pour toutes et plus tôt ce sera fait, mieux ce sera. Il faut que je la pousse à bout et qu'elle se lâche.

- Parce que ! Parce qu'il est partout, mes draps sentent son odeur, ses sweats traînent dans mon armoire, nos photos sont partout, Liam ! Parce que les souvenirs que j'ai avec lui dans ma chambre sont beaucoup trop intenses ! Alors non, je n'y retournerai pas !

Je fronce tristement mes sourcils en la voyant se mettre dans cet état et je sais qu'elle est prête à craquer, alors j'en profite ; je me lève et lui prends la main pour monter à l'étage, ignorant totalement ses questions.

- Liam ! Stop !

Elle tire son poignet en arrière lorsque nous nous trouvons devant sa chambre et je me retourne pour la regarder, prenant son visage entre mes mains.

- Laisse-moi t'aider.

- Comment ? me murmure-t-elle en analysant les traits de mon visage.

- Prends simplement des sacs poubelles et rejoins-moi, dis-je en secouant le visage lorsqu'elle comprend. S'il te plaît.

Elle ferme les yeux puis décide de m'écouter et je rentre déjà dans sa chambre afin d'analyser ce qui serait bon pour la poubelle. Je m'approche de sa table de nuit afin de regarder la photo posée sur celle-ci ; Emma est souriante tandis que Antoine lui embrasse la joue, ils n'ont même pas l'air de remarquer l'objectif. Ils avaient l'air si heureux, comment peut-on en arriver là ?

- On peut commencer par ça.

Je sursaute aux mots d'Emma puis regarde sa main tendue vers moi. Fier d'elle, je lui donne la photo et elle n'hésite pas une seule seconde avant de la jeter au fond du sac poubelle. Prise dans un élan soudain, Emma fait le tour de la pièce et retire, avec rage, les multiples photos qui sont accrochées au mur, ce qui me fait plaisir mais, en même temps, me déchire le cœur.

Je décide de l'aider et je me dirige vers les fleurs fanées qui sont sur sa coiffeuse, jetant ces dernières à la poubelle. Le maillot de basket-ball qu'elle a énormément mis ces dernières semaines pend sur la chaise de son bureau et je me dépêche de le jeter également avant qu'elle ne change d'avis.

Emma ouvre sa penderie pour en sortir de nombreux sweats qu'elle laisse tomber furieusement contre le sol. Je les ramasse au fur et à mesure pour qu'ils rejoignent le reste des affaires d'Antoine et cela semble la soulager puisqu'elle sourit en me regardant une fois que tous les souvenirs le concernant sont enfermés dans ce sac poubelle. Plus qu'à s'en débarrasser et à lui faire enlever Antoine de la tête, ce qui s'avère être plus compliqué.

- Tu veux les lui rendre ?

- Non, tu peux tout jeter.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant