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- Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi est-ce qu'on est déjà rentré ? soupire Sara.

- Ouais, on s'amusait bien, souffle Emma en enlevant ses talons.

Samuel tourne en rond dans la pièce, comme s'il réfléchissait à quoi dire, comme s'il se demandait si ça en valait vraiment la peine. Après tout, ils revenaient de la réserve ; et si Antoine n'avait vraiment rien à se reprocher ? Je secoue mon visage, chassant mes idées de ma tête, j'ai vraiment beaucoup trop bu, je ne sais plus ce que je pense.

- Emma, on peut parler ? demande finalement mon meilleur ami.

Nous nous regardons l'un après l'autre et décidons de tous sortir de la pièce, jusqu'à ce que Samuel en décide autrement.

- Liam, reste ici.

Je soupire, assez fort pour qu'il comprenne, et m'assieds sur le canapé tandis que Emma et son frère sont debouts, face à moi, et nous sommes à présent seuls dans le salon. La brune a l'air agacée puisqu'elle croise ses bras en tapant du pied, ne regardant que son grand frère dans les yeux, ignorant totalement ma présence.

- Tu m'expliques ?

- Je dois te parler d'Antoine.

Emma rigole d'une façon tellement fausse que ça m'en fait presque peur. Elle se tourne vers moi et frappe dans ses mains, de plus en plus fort en s'énervant.

- Bravo Liam, tu as réussi à te mettre Sam dans la poche. Qui sera le prochain ?

- Emma ! crie Samuel. Tu m'écoutes, oui ?

- J'hallucine ! Il a réussi à te mettre dans la tête que ce qu'il pensait était vrai ? Trop fort.

Les entendre crier me donne encore plus mal de tête. Je me masse les tempes en fermant les yeux et nie complètement les paroles d'Emma, trop fatigué pour lui répondre.

- Tu n'as vraiment pas envie de nous écouter, alors ? Tu cries sans cesse alors que tu ne sais même pas ce qu'on lui reproche, c'est dingue.

- Vas-y, je t'écoute. Sara m'en a touché quelques mots de toute façon, dit-elle en me lançant un regard noir.

C'en est trop. J'éclate.

- Il te trompe putain ! Ouvre tes yeux ! Il est sorti de la réserve avec cette fille, tout ça sous nos yeux.

- Belle conclusion, rit Emma ironiquement. Il m'a parlé de cette fille, elle est nouvelle et il doit la former à bosser, putain ! C'est normal qu'ils aillent dans la réserve, vous ne pensez pas ?

Je me lève afin d'être face à elle et je sens le regard de Sam sur moi, malgré la dispute. Je ne ferai rien à Emma, j'aimerais juste lui ouvrir les yeux.

- Pourquoi est-ce que tu t'emportes à chaque fois qu'on prononce son prénom, hein ? je souris face à elle.

- Parce que depuis le début tu n'en rates pas une, tu le critiques et tu fais tout pour donner une mauvaise image de lui à notre entourage, la preuve, dit-elle en montrant Sam du menton.

- C'est faux. J'essaie de t'en parler depuis longtemps car t'es trop aveugle pour voir quoi que ce soit !

Elle attrape un coussin entre ses mains et me le balance à travers la pièce, poussant un cri de rage.

- Tais-toi ! Tais-toi, tais-toi et tais-toi !

Samuel s'interpose entre nous tandis que je sers le coussin, qu'elle vient de me lancer dessus, entre mes mains, la mâchoire serrée.

- Arrêtez de crier. Emma, le lendemain de votre anniversaire de couple, tu es revenue hystérique de chez lui, tu avais vu des appels et des messages d'une certaine Lucie, vrai ou pas ?

- Oui, et alors ? Cette histoire est réglée depuis longtemps. Cette fille est une connaissance du lycée et elle était trop bourrée, elle l'a appelé sans raison.

- La nouvelle qui travaille avec lui s'appelle Lucie, l'informé-je en croisant les bras.

- Il n'y a aucun rapport. C'est parce qu'elles portent le même prénom que vous faites des conclusions si hâtives ? Vous êtes malades, je vous jure.

- Il t'a déjà parlé de cette nouvelle collègue ? demande Sam, calmement.

- Non, pas vraiment. On ne parle pas beaucoup de boulot, on a des choses beaucoup plus intéressantes à se raconter.

- Ou alors, tu as simplement trop peur de connaître la vérité.

Emma prend un deuxième coussin entre ses mains mais Samuel le lui arrache en soupirant, nous regardant tour à tour comme deux enfants.

- Emma, parle avec lui. Liam a raison, cette histoire n'est pas nette.

- Antoine m'a déjà tout expliqué. Lucie est une amie du lycée, elle l'a appelé un soir où elle ne savait pas ce qu'elle faisait et la nouvelle serveuse est une putain d'ado que Antoine doit former. Elles ont simplement le même putain de prénom !

- Qui essaies-tu de convaincre Emma ? Nous ou toi-même ?

Je me retourne afin de mettre un terme à cette discussion mais ses mots me font comme un coup de poignard dans le dos.

- Ne reviens plus jamais. Tu as attendu deux ans pour revenir mais j'aurais préféré ne plus jamais te revoir, murmure-t-elle entre ses dents.

Ma respiration s'est accélérée et je sens les battements de mon cœur battre à tout rompre, mes jambes m'emmenant jusqu'à l'étage, furieux. J'ouvre la porte de ma chambre et la referme tout aussi vite, sans prendre le temps de regarder Téa qui est installée en tailleur sur mon lit. Je tire sur la pointe de mes cheveux en frappant mon pied sur un pauvre livre qui traînait au sol.

- Liam ?

Téa se lève du lit, inquiète, et m'approche en passant ses mains sur mes joues.

- Est-ce que ça va ? Tu es fort rouge, calme-toi...

Je me concentre sur le contact de ses mains sur ma peau et je sens alors mon souffle reprendre un rythme normal, mes yeux ancrés dans les siens.

- C'est ça, respire...

Je l'imite en inspirant et en expirant plusieurs fois à la suite, les sourcils toujours froncés. Elle passe ses doigts par-dessus comme pour les détendre mais rien n'y fait, les mots d'Emma tournent en boucle dans ma tête, impossible de les arrêter.

Les doigts de Téa frôlent ma bouche et, d'un mouvement brusque, je l'attrape par la taille et pose mes lèvres sur les siennes, ne pouvant plus résister. Au grand bonheur de la brune, elle se laisse faire, prolongeant même le baiser, que je ne tarde pas à rendre langoureux en demandant accès à plus, entre ses lèvres. Les yeux fermés, j'essaie d'être le moins brusque possible et fais tout pour oublier la conversation que je viens d'avoir en essayant de rendre le moment plus torride.

Mon amie défait les boutons de ma chemise en mettant fin au baiser tandis que je baisse mon regard vers ses gestes, ne pouvant plus attendre. Je la déshabille à mon tour avant de la pousser vers le lit et de répéter la nuit que nous avons eu quelques années plus tôt.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant