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Ce matin, je me réveille avec un mal de crâne intense et je regrette d'avoir bu autant. J'ouvre les yeux, petit à petit, et la vue qui s'offre à moi ne peut me mettre que de bonne humeur ; Liam est endormi, face à moi, sur le canapé et dort à poings fermés. Pourquoi a-t-il dormi ici ? Je me souviens avoir passé le reste de la soirée avec lui mais je ne sais plus à quel moment je me suis endormie, ni si c'est moi qui ai supplié à Liam de rester près de moi.

Je me lève avec difficulté puisqu'à chaque pas que je fais, mon crâne se compresse et j'ai l'impression que mon cerveau va exploser. Pile au moment où j'entre dans la cuisine, Samuel débarque par la porte d'entrée et je bouche mes oreilles en râlant.

- Doucement !

- Comment ça va petite sœur ? demande Sam en m'embrassant la joue.

- Toi ça a l'air d'aller en tout cas. Où est-ce que tu as dormi ?

- Mais tu fais des phrases ? Waouw, Emma, quel progrès, rit le brun.

- Réponds-moi, soupiré-je en prenant ma boîte de céréales entre les mains.

- J'ai dormi chez un ami, je suis resté un peu trop tard au restaurant alors... voilà, je ne voulais pas faire du bruit en rentrant.

Quoi ? C'est quoi cette excuse ? Je m'empêche de rigoler et hausse les sourcils en le regardant dans les yeux, ce qui le rend nerveux et il se retourne pour aller dans le salon mais s'arrête à mi-chemin.

- Pourquoi est-ce que Liam dort dans le canapé ?

Je hausse les épaules et fixe l'intérieur de mon paquet de céréales en picorant certains d'entre eux, sans grande envie.

- Je comprends mieux pourquoi est-ce que tu parles un peu plus, marmonne mon grand frère en me jetant un regard noir.

- Qu'est-ce que tu insinues ? demandé-je en fronçant les sourcils.

- Laisse tomber.

J'entends Liam se lever afin de se diriger vers la cuisine en passant à côté de Samuel sans lui jeter un seul regard, ce qui me rend nerveuse.

- On peut parler ? demande Sam à son meilleur ami.

Il ne lui répond pas mais je sens que je suis de trop lorsque les deux garçons me regardent en attendant que je réagisse. Dans un soupir, je range mon petit déjeuner dans le placard et monte les escaliers afin de rejoindre la salle de bain. J'espère ne pas regretter d'être partie car si je retrouve Liam mort dans ma cuisine, je m'en voudrais toute ma vie.


Le jet d'eau froide sur ma peau me fait du bien et j'en profite pour rester une quinzaine de minutes dans la douche, sans penser à rien. En sortant de celle-ci, je noue une serviette propre autour de mon corps et enlève la buée du miroir afin de me regarder dans le reflet ; ce que j'y vois me glace le sang. Mes cernes sont beaucoup plus visibles que les premiers jours, mon teint est pâle et mes joues sont tellement creuses que ça me fait peur. Il faut que je me reprenne, je ne peux pas me laisser aller de cette manière, tout va de pire en pire.

Je sors de la pièce en soufflant alors que mes pas m'emmènent jusqu'à la porte de ma chambre, devant laquelle je bloque, je n'y arrive tout simplement pas. Mais je me force à baisser la poignée et tous les souvenirs me reviennent en pleine face, comme un poignard en plein cœur. Mes yeux parcourent la pièce et se brouillent de mes larmes alors que je fais de mon mieux pour simplement me diriger vers mon placard et prendre les premiers vêtements que je trouve afin de sortir le plus vite possible d'ici.

Je reprends le chemin de la salle de bain afin d'enfiler mon t-shirt rouge et mon jean clair puis de lacer mes Vans noire. Je range le peu de désordre que j'ai mis et lâche mes cheveux mouillés afin de les laisser sécher naturellement.


Ne sachant pas si les garçons ont fini, je m'arrête en haut des escaliers et tends l'oreille afin d'essayer de capter quelque chose mais... rien. Est-ce bon signe ? J'entends tout de même le bruit de couverts cogner l'un contre l'autre et je décide de m'asseoir sur la dernière marche de l'escalier en attendant un signe, ce qui ne tarde pas :

- Je ne comprends toujours pas.

- Je pense que moi, si.

Je fronce les sourcils et m'abaisse pour mieux discerner les voix afin de comprendre de quoi est-ce qu'ils parlent.

- Après cette histoire, j'ai trouvé ça bizarre que ta sœur ne me contacte pas. Comme je te l'ai dit, on s'entendait plutôt bien, le peu de fois où l'on s'est parlé. Et j'ai compris il n'y a pas très longtemps qu'elle m'avait contacté, le jour où vos parents sont réellement partis. Mais je n'ai jamais rien reçu.

- Comment est-ce que tu le sais alors ?

- Je pense que Téa l'a vue et a répondu à ma place. Elle connaît mon code depuis longtemps et je ne l'ai jamais changé.

- Tu délires, rit Samuel.

- J'ai l'air ? Sam, ta sœur me faisait beaucoup de peine, tu n'étais pas toujours très sympa avec elle et je te le répète, je n'avais aucune idée derrière la tête. Elle m'a dit que je l'avais remballée ce jour-là mais c'est faux, je n'ai jamais rien reçu.

- Tu as posé la question à Téa ?

- Oui et je suis presque certain qu'elle l'a fait. Il y a toujours eu une certaine rivalité entre elles.

J'ouvre la bouche, surprise, et je suis tellement rassurée d'apprendre que Liam ne m'a réellement jamais laissée tomber. Il serait venu m'aider s'il avait su, j'en étais persuadée au fond de moi et maintenant j'en suis sûre.

- D'accord... soupire mon frère. Je sais que je n'étais pas un exemple pour elle mais je ne me rendais pas compte qu'elle n'allait pas bien. Merci de l'avoir vu... et de toujours t'occuper d'elle. J'ai été con de m'énerver sur toi mais... comprends-moi, je n'ai plus envie qu'un garçon lui fasse du mal.

- Je sais que ça ne te plait pas Sam mais je le fais parce que je tiens beaucoup à elle. C'est ta petite sœur, j'en prendrai soin.

- Comme une petite sœur, hein ?

- Oui... voilà. Comme une petite sœur, rit Liam.

Et mon cœur se serre.

- Pourquoi est-ce qu'elle arrive à se confier à toi ? Je fais partie de sa famille et elle ne me parle même pas...

- Je n'en sais rien. Parler de ses peines de cœur à son grand frère n'est pas très courant.

Je roule des yeux avant de me décider à me lever pour descendre les escaliers afin d'annoncer ma présence, l'air de rien. Leurs réactions sont les mêmes et ça me fait bien rire intérieurement.

Si vous saviez, les gars...

La sonnette retentit mais personne ne bouge, nous nous regardons sans comprendre de qui il peut s'agir ; ce n'est pas dans les habitudes de nos amis d'annoncer leur arrivée. Samuel se décide d'aller ouvrir et je regarde par-dessus son épaule, curieuse.

- Bonjour, est-ce que Mademoiselle Wilson est là ?

Je fronce les sourcils tandis que Liam et moi échangeons un regard interrogateur et je me dirige vers l'entrée pour me présenter.

- Je suis là, oui. C'est...

Un énorme bouquet de fleurs m'empêche de prononcer un seul autre mot et le facteur me sourit alors que Samuel rit nerveusement.

- Vous pouvez reprendre ces fleurs, on n'en a pas besoin. C'est gentil.

Prêt à refermer la porte, je reste bloquée face à l'entrée alors que le facteur me tend une enveloppe en haussant les épaules.

- Prenez au moins cette lettre.

Mon grand frère refuse à nouveau mais je prends le bout de papier dans mes mains en mordillant ma lèvre inférieure et en me retournant pour aller m'asseoir dans la cuisine. Sam me rejoint, furieux :

- Pourquoi est-ce que tu ne fais pas un effort ?

- Sam, soupire Liam. C'est son choix.

- Alors comment est-ce qu'elle va tourner la page ?

- Tu as raison... murmuré-je en posant l'enveloppe sur le milieu de la table. Je ne vais pas la lire.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant