Le temps d'un été

17

Plusieurs longues secondes passent sans que personne ne réagisse. Est-ce l'effet de l'alcool ou ai-je bien entendu ? À l'époque, nous étions une énorme bande de copains qui traînaient ensemble après le lycée et seule Téa me décrivait comme le meilleur ami de Samuel, c'est pour cela que je suis quasiment sûr qu'elle parle de moi. Mais comment serait-elle au courant de ce que ressentait Emma ? Elles ne se sont jamais adressé la parole et je ne voyais que très peu la sœur de Samuel étant donné que, à l'époque, ils faisaient tout pour s'éviter.

- Tu ne bois pas, Emma ?

Perdu dans mes pensées, mes yeux fixent mon verre vide jusqu'à ce que je sente un liquide se renverser sur la manche de mon t-shirt ; Emma vient de jeter le reste de Tequila sur Téa, assise à mes côtés.

- Je n'ai plus très soif.

Et tout se passe très vite, la brune se relève, furieuse, pour attraper Emma mais je tire sur la main de mon amie afin qu'elle ne l'atteigne pas. Par je ne sais quelle force, elle se défait de mon emprise, presque enragée, et pousse Emma sur le haut de sa poitrine. Sara et moi nous installons entre les filles avant que Emma ne riposte et j'emmène Téa vers les escaliers pour descendre sur la plage afin d'essayer de la calmer. Comment en sommes-nous arrivés là ?

- Je vais la tuer ! Mes cheveux sont trempés !

Je passe mes mains sur mon visage en lâchant un énorme soupir et en laissant mon amie s'énerver seule, soulagé de les avoir éloignées l'une de l'autre.

- Tu l'as cherchée.

- Évidemment. Tu la défends, ricane Téa en me regardant de travers.

- Je ne la défends pas, je dis la vérité. Pourquoi est-ce que tu fais tout pour l'énerver ? Elle ne t'a jamais rien fait.

Un mal de tête horrible atteint mon crâne et je me masse les tempes afin d'essayer de le calmer ; impossible. Je sais que boire m'apporte peu de positif, mis à part les premières heures, ça me rend malade et insomniaque, et je sens que cette nuit va être longue.

- Je veux simplement qu'elle assume. Tu étais au courant, alors ?

- C'est de moi dont tu parlais ?

- Bien sûr, même si ça ne m'étonnerait pas qu'elle ait maté tous vos amis, à l'époque.

- Arrête de la faire passer pour la fille qu'elle n'est pas. T'es jalouse ou quoi ?

Son sourire en coin me fait peur et lorsqu'elle s'approche de moi, je recule en rigolant, ne voulant en aucun cas entendre sa réponse.

- T'es dingue, marmonné-je en secouant mon visage.

Je me retourne pour avancer jusqu'aux escaliers et pour les remonter du mieux que je peux, me rendant à l'intérieur de la maison qui me paraît bien calme.

Je m'éclipse dans notre chambre, vide, et me laisse tomber sur mon lit en fermant les yeux. Je pense ne pas me rendre encore compte de ce qu'il vient de se passer puisque je m'endors en moins de cinq minutes -ou plus, je ne sais pas-, mon corps de travers sur le matelas et mes pieds en dehors de celui-ci.

☾

Mes yeux s'ouvrent puis se referment avec difficulté, et ça de nombreuses fois jusqu'à enfin pouvoir les ouvrir complètement. Les évènements de la soirée me reviennent immédiatement et je regrette d'avoir ouvert ces foutus yeux. Je passe ma main dans mes cheveux en me redressant, n'ayant pas changé de position de la nuit, puis tourne la tête vers le réveil qui éclaire peu la pièce : 4h57. Merde, pourquoi est-ce que je suis déjà réveillé ? Lorsque mes pupilles se sont habituées à l'obscurité de la chambre, j'observe celle-ci et je suis rassuré de voir Noah et Samuel dormir à poings fermés. Je peux même apercevoir un sourire sur les lèvres de ce dernier, il y en a au moins un qui aura passé une bonne soirée.