Le temps d'un été

63

Ce soir, je rentre fatiguée mais souriante. Je suis heureuse de pouvoir retrouver Liam malgré les jours qui passent et qui me rappellent le peu de temps qu'il me reste auprès de lui

En tournant la clé dans la serrure, je suis surprise de ne rien entendre, seules les voix provenant de la télévision résonnent jusqu'à mes oreilles. Les lumières sont éteintes, les rideaux fermés et, je ne le remarque que maintenant mais aucune voiture n'est présente dans l'allée du garage.

En montant les escaliers, je sors mon portable de ma poche dans le seul but d'envoyer un message à Liam, qui ne tarde pas de me répondre.

Liam : Samuel et moi sommes partis faire des courses, ton père devait travailler dans le calme. On arrive bientôt. J'ai hâte de te serrer dans mes bras.

Emma : J'ai hâte aussi. J'en ai marre de me cacher...

Liam : Je peux toujours en parler à ton frère.

Emma : Pour te retrouver mort dans un supermarché ? Non merci.

Une fois dans ma chambre, je pousse un long soupir en me laissant tomber sur mon lit. Le silence me fait tout de même du bien, malgré que mon père soit là, je ne ressens pas cette pression que j'ai lorsque ma mère est à la maison, tout est beaucoup plus cool avec lui.

Rien que cette pensée me donne envie d'aller le voir, je sais qu'il travaille, qu'il est sûrement occupé mais jamais assez pour un câlin venant de sa fille adorée.

À pas de loup, je me dirige vers le fond du couloir, d'où j'entends sa voix passer à travers la porte de son bureau et, prête à frapper sur celle-ci, ses paroles que je discerne à présent m'arrêtent dans mon élan.

- Je t'envoie les papiers ce soir. ... Je t'ai déjà dit que non ! ... Non, ils ne savent rien mais je commence à en avoir marre de leur cacher tout ce bordel. Ils sont assez grands. ... Ils ont le droit de savoir, Veronica !

Maman ? De quoi parlent-ils ? Pourquoi est-il si froid avec elle et qu'est-ce qu'ils nous cachent ? Angoissée, je passe mes mains dans mes cheveux en collant mon oreille encore plus contre la porte, voulant savoir à tout prix.

- C'est toi qui as pris cette décision, il faut que tu en assumes les conséquences. ... Pardon ? Tu oses remettre la faute sur moi ? Tu m'as envoyé les papiers de divorce sans que je ne sois au courant de rien, comment voulais-tu que je réagisse ?

Et là, mon monde s'écroule. Ma tête tourne et je me retiens au chambrant de la porte pour tenir debout, tout va trop vite ; la porte d'entrée claque, les voix des garçons se font entendre depuis les escaliers et mes pas m'emmènent, par je ne sais quel moyen, jusqu'à la cuisine.

- Emma, ça va ? me demande Liam, inquiet.

- Oui... Oui, ça va.

Samuel ricane en vidant les sacs de course et je m'approche de lui en fronçant les sourcils, tapotant doucement son épaule.

- Je peux savoir ce qui t'amuse autant ? Dis-moi, j'aimerais rire, moi aussi.

Surpris, il se retourne vers moi en souriant, amusé de la situation.

- Vous deux. Vous me faites rire.

- Et pourquoi ça ?

- Parce que c'est ridicule. Si vous voulez vous cacher, essayez au moins d'être discret.

- Sam..., soupire Liam en s'approchant de nous, mais il l'arrête.

- Toi, tais-toi. Ton discours était pas mal, je t'assure, c'est dommage qu'il n'était pas sincère. Tu considères Emma comme une petite sœur, hein ? rit Samuel.