Le temps d'un été

12

Comme tous les vendredis midi, Dominique et moi quittons la boutique pour aller manger dans notre restaurant habituel. Mes lunettes de soleil sur le nez, je remarque une dizaine de messages sur mon portable, tous provenant de la même et unique personne ; Sara.

Sara : Salut ma copine préférée, tout se passe bien à la boutique ?

Sara : Est-ce que Dominique est de bonne humeur ?

Sara : Tu devrais parler de notre séjour à Saint-Florent.

Vous voyez le style.

Seulement, le dernier message me surprend puisqu'il s'agit de Noah, celui-ci me prévenant qu'il a pu se libérer toute la semaine prochaine, Antoine également. En effet, pendant les vacances scolaires, le Letie's recrute beaucoup d'étudiants, c'est pourquoi les garçons ont pu prendre leur semaine. Merde. Il ne reste plus que moi et Samuel.

Dominique et moi nous installons sur la terrasse du restaurant, ayant beaucoup trop chaud pour nous enfermer à l'intérieur, et nous avons rapidement nos boissons à portée de main. Le soleil est fort aujourd'hui, j'adore ça, tellement que je penche ma tête vers l'arrière afin d'en profiter au maximum. De nature déjà bronzée de par mes origines colombiennes, je supporte assez bien la chaleur, contrairement à mon frère qui fait tout pour le fuir.

- Quelle belle journée.

Dominique est ma patronne depuis maintenant quatre ans, elle a toujours voulu travailler seule mais lorsque je me suis présentée dans sa boutique, dépitée, elle m'a avoué avoir eu un vrai coup de cœur pour moi. C'est un peu comme ma deuxième maman -disons qu'elle est beaucoup plus présente que la première-, elle sait tout de moi et ses 46 années d'expérience m'ont sauvé de multiples situations. Alors pourquoi je n'arrive pas à lui demander une petite semaine de repos ? Je n'ai jamais aimé profiter mais, en 4 ans, je n'ai jamais réellement pris de vacances. Il faut dire qu'Antoine et moi sortons rarement de notre ville natale, à part pour deux ou trois activités, nous n'avons jamais partagé de voyage.

- Domi ? demandé-je doucement.

- Mmh ?

Les yeux rivés sur son portable, elle ne me regarde que lorsqu'elle comprend que mon besoin de parler est sérieux.

- Dis-moi.

Elle se redresse sur sa chaise pour venir poser ses mains sur la table, à présent tout ouïe face à moi.

- Est-ce que tu penses que...

Nerveuse, je me mordille la lèvre du bas et hausse mes épaules, n'ayant pas envie de la laisser seule pendant une semaine, je me rétracte.

- Est-ce que tu penses que les fleurs donneraient bien sur notre nouvelle création ? J'hésite entre ce motif et les nœuds papillon...

Ma question semble la surprendre puisqu'elle attend plusieurs secondes avant de me répondre. Cela peut paraître idiot mais cette femme a toujours été présente, dans les bons comme dans les mauvais moments, alors je n'ai pas envie de la laisser du jour au lendemain avec tout le boulot que nous avons.

- Disons que les fleurs marchent assez bien pour le moment. Les nœuds pap' sont un risque...

Sa réponse m'importe peu puisque tout est déjà prêt et confectionné, il me fallait simplement un sujet de conversation pour me détourner de la vérité.

Lorsque le serveur apporte nos plats, nous le remercions et mangeons en silence, comme nous aimons le faire.