Le temps d'un été

40

Lorsque j'ouvre les yeux, ce matin, ma tête me fait énormément mal et je sens les murs tourner autour de moi. Je me redresse lentement en posant ma main sur mon front mais c'est pire ; un haut-le-cœur me prend soudainement et je m'encours à la salle de bain qui, évidemment, est fermée à clé. Je tambourine contre la porte, de plus en plus fort, jusqu'à ce que je tombe nez-à-nez avec Liam, vêtu d'une simple serviette autour du bas de son corps. Je le pousse afin de le contourner et de m'accroupir au-dessus des toilettes pour remettre le peu de nourriture que j'ai mangé hier soir.

- Emma, tu vas bien ?

Je roule des yeux aux mots de Liam, comme si la situation n'était pas assez claire. Je sens ses mains caresser mes cheveux et les regrouper en une queue de cheval après avoir pris l'élastique autour de mon poignet.

- Tu as pris ton petit déjeuner ? me demande le châtain.

Je secoue mon visage et pose mes fesses à terre en passant mes mains sur mon visage, fatiguée. Je n'ai pas beaucoup dormi de la nuit, si j'ai fermé les yeux ne fut-ce qu'une heure c'est déjà un miracle. Lorsque je regarde Liam, debout devant moi, je regrette presque instantanément à la vue de son corps à moitié nu et de ses cheveux mouillés qui tombent sur son front. Oh mon Dieu. Je détourne mon regard en sentant mes joues s'enflammer et me lève pour sortir de la pièce et descendre dans la cuisine, malgré la voix de Liam qui m'interpelle.

Les messages d'Antoine me reviennent en mémoire et je sens, à nouveau, cette boule se former dans mon ventre, sachant pertinemment qu'elle est la raison de mes vomissements. Je suis stressée. Énormément stressée de devoir le revoir.

Tu as le choix, Emma.

N'y va pas.

Je ferme mes yeux assez fort en chassant mes pensées de ma tête, essayant de me préparer un jus d'orange frais pour ne pas rester le ventre vide.

- Tu m'évites ?

Je me retourne et croise Liam, habillé cette fois-ci, qui avance vers moi, un sourire amusé sur les lèvres.

- Pas du tout, soufflé-je.

- Tu as l'air d'aller mieux.

À présent à ma hauteur, il m'aide à presser les oranges en me souriant mais sa présence me met toujours autant mal à l'aise, l'image de son corps toujours présente dans mon esprit.

- J'ai l'air.

- Tu es bien matinale, tu comptes sortir aujourd'hui ?

- Oui, dis-je simplement en lui passant un fruit.

Je vois du coin de l'œil qu'il se retient de me poser plus de questions. Tant mieux. Nous mettons l'appareil en route, attendant que nos verres se remplissent de jus d'orange, et mangeons face à face, en silence. Jusqu'à ce que Liam en décide autrement.

- Tu te sens mieux ?

Non. Pas vraiment.

- Oui.

Il ne m'interroge plus et j'en suis ravie.

✬

Je passe le reste de la matinée dans ma chambre à ranger le bordel que j'ai pu mettre ces derniers jours, malgré moi. Je range tout, dans le moindre recoin, et j'enfile ensuite une robe blanche plutôt légère ainsi que des sandales couleur camel. J'arrose ensuite, un léger sourire sur les lèvres, les roses fanées qui sont sur ma coiffeuse, comme si ça pouvait les ramener à la vie.