37

6.4K 362 12
                                    

Je monte tout droit dans ma chambre sans écouter ce que Samuel me répond, à quoi bon ? Il aura toujours le dernier mot. Je m'arrête au pas de ma porte en observant ma chambre qui me paraît si... vide. Vide de sentiments, vide de sens sans lui. Tout ce qui est dans cette pièce me fait penser à lui ; un souvenir, une photo, des vêtements, tout me ramène à lui.

- Emma ?

Je me retourne et saute dans les bras de ma meilleure amie, heureuse qu'elle soit là.

- Liam m'a envoyé un message, j'ai fait le plus vite possible.

- Merci, lui chuchoté-je dans ses bras.

Sara me connaît, elle sait que je n'ai rien besoin d'entendre, elle ne me demande même pas de lui raconter l'histoire, Liam doit déjà l'avoir fait et c'est tant mieux. Moins j'en parlerai, mieux ça ira. Je crois... Je me blottis sous ma couverture le temps que ma meilleure amie installe un film sur mon ordinateur portable, me rejoignant par la suite afin de rester à mes côtés.

Je pense ne même pas avoir vu la moitié du film que je tombe dans les bras de Morphée. J'ai plutôt mal dormi cette nuit mais la présence de Liam m'a fait beaucoup de bien et je pense qu'elle a sauvé une partie de ma nuit, malgré tout. Je sens mon amie bouger dans le lit mais je suis bien trop loin pour essayer d'ouvrir les yeux, impossible. Il m'est également difficile de savoir depuis combien de temps je colmate mais assez longtemps puisque deux grandes mains me secouent délicatement pour me réveiller. Accroupi devant mon lit, Liam me regarde et je papillonne des yeux, les refermant de temps en temps, jusqu'à ce que je sois totalement éveillée et que mes pensées ne se dirigent que vers une seule et même personne : Antoine. Malheur. Je regarde le châtain qui me sourit en prenant une mèche noire qui me tombe sur la joue afin de la caler derrière mon oreille, et j'en frissonne.

- Je suis désolée.

- Si tu répètes encore une fois ces trois petits mots, je ne t'adresse plus la parole, rit Liam.

Je baisse les yeux en mordillant nerveusement ma lèvre inférieure.

- Je ne t'ai pas écouté, je t'ai crié dessus, soufflé-je. Je t'ai même insulté. Je m'en veux terriblement, j'ai été affreuse avec toi et pourtant tu es là...

- Je serai toujours là.

Je le regarde dans les yeux malgré que les miens soient, je pense, rouges et gonflés par mes pleurs. Je ne dois pas ressembler à grand-chose, qu'est-ce qu'il doit penser de moi ? Pourquoi est-ce qu'il insiste pour être auprès de moi ? Je ne le mérite pas.

- Merci.

Je chuchote tellement bas que je doute qu'il m'ait entendu mais il ne cesse de me fixer et je me permets d'admirer son visage de si près, je n'ai pas souvent eu l'occasion de le faire alors j'en profite. Il est si beau. Ses lèvres charnues forment un sourire si sincère que n'importe qui pourrait craquer devant celui-ci. Ses yeux noisette sont illuminés et fait battre mon cœur deux fois plus vite qu'habituellement alors que ses cheveux en bataille me donnent envie de plonger ma main dedans. C'est la première fois que je ne pense plus à mes problèmes depuis hier soir, totalement obnubilée par sa beauté, que j'ai toujours admirée de loin.

- Tu ne m'en veux pas, alors ? demandé-je doucement.

Il fait mine de réfléchir en émettant un petit rire qui me fait fondre.

- C'est vrai que tu as touché mon égo, petite Wilson, dit-il en mettant sa main sur son cœur. Mais je ne pourrai jamais t'en vouloir d'avoir défendu la personne que tu aimes, reprend-il, sérieux.

- Je n'aurais jamais dû.

Je secoue mon visage en fermant les yeux, essayant de ravaler les larmes qui menacent de couler.

- Viens manger avec nous, ça te changera les idées.

- Je n'ai pas faim...

- Si, tu as faim.

- Non Liam...

- Emma, il est hors de question que je te laisse dans cet état.

Je le regarde se relever et, lorsque je comprends son intention, j'agrippe le bout de la couverture dans ma main afin qu'il évite de me l'enlever, mais il a beaucoup plus de force que moi, je me retrouve donc sans draps sur le corps et je croise les bras en refusant de sortir du lit.

- Très bien.

Il se penche vers moi dans le but de me prendre dans ses bras mais je me débats en fronçant les sourcils.

- Liam, lâche-moi. Je veux rester seule. S'il te plaît, soufflé-je les larmes aux yeux.

Il me regarde tristement et s'en va jusqu'au pas de la porte en s'y arrêtant sans se retourner.

- Ne repousse pas les gens qui sont là pour toi, Emma, dit-il avant de partir.

Je me redresse afin d'être assise sur le matelas mais je n'ai le temps de rien dire que Liam est déjà trop loin. Une partie de moi me dit de le rejoindre, mais l'autre est beaucoup trop déprimée pour faire un effort de plus, même le travail ne me manque pas ; je n'ai plus aucune motivation.



Je passe le reste de la soirée, seule, dans ma chambre, le verrou fermé pour que personne ne vienne me déranger, ce qu'ils ne comprennent pas forcément vu le nombre de fois où Samuel et Liam frappent à ma porte. Ils s'inquiètent pour moi, je le sais, mais je n'ai pas besoin d'eux. Pas pour le moment. Je n'arrive pas à me faire à l'idée que ma relation se soit terminée de cette manière et, à part regarder des photos de nous, écouter des chansons tristes et sentir son odeur sur un sweat oublié, je n'ai rien envie de faire.

Mon regard se pose sur mon portable qui n'a plus donné signe de vie depuis un moment déjà. Je remarque rapidement qu'il est simplement éteint, Liam a dû s'en charger cette nuit, il n'arrêtait pas de vibrer. J'entre mon code PIN afin de l'allumer et je suis surprise de voir arriver une trentaine de messages, l'un après l'autre. La plupart sont de la part d'Antoine, certains viennent de Sara et Gabi et le dernier me fait chaud au cœur.

Liam : Ton sourire me manque.

Je décide de jeter un œil parmi le reste des messages non lus et les larmes me monter aux yeux en lisant les excuses d'Antoine, ainsi que de nombreux messages d'amour. Mon doigt plane au-dessus du bouton « appel » mais je me résigne au dernier moment en verrouillant mon téléphone et en le jetant à travers la pièce, m'effondrant sur mon oreiller pour toute la nuit.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant