CHAPITRE 2

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[JENIFER]

21 janvier,

J'angoisse à l'idée de prendre les trains seule. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être parce que j'ai trop pris l'habitude de les prendre accompagnée. Après, ça tombe bien parce qu'il devrait y avoir d'autres Enfoirés dans le même train que moi. Enfin, je crois. Quand j'arrive à la gare, je ne vois personne et je commence déjà à sentir mes pulsations cardiaques qui s'accélèrent. Mon téléphone vibre pour m'avertir d'un message de Jackson. Je le lis, mais je ne prends pas le temps de lui répondre. Il me souhaite un bon voyage. Quel boulet. Je suis seule et je hais ça. Rien que là, en un SMS, il m'a énervé. Je suis bien contente de le laisser derrière moi pendant une semaine, ça me permettra de penser à autre chose qu'à nous, qu'à notre couple. Je me décide à remonter mon fil de conversation et je retrouve celle avec Pierre. C'est bizarre, Pierre est un ami, mais depuis qu'on a ce sketch en commun, on discute beaucoup. Je crois qu'on n'avait jamais pris autant de temps que ça pour apprendre à se connaître. Il nous a fallu des années, au moins cinq, mais vaut mieux tard que jamais. Et bêtement, au milieu de la gare, je lui envoie un message, comme un ultime SOS, lui demandant s'il sait si quelqu'un prend le train de dix-heures trente-huit en direction de Strasbourg à partir de la gare de l'Est. Il met quelques minutes à me répondre et je ne vous donnerais même pas ma tension. Elle doit avoir atteint des sommets. Michèle Laroque. Putain Michèle Laroque ! La bonne pioche en plus. Je le remercie rapidement, en n'oubliant pas les petits émojis bisous à la fin et je vais sur ma conversation avec Michèle. Je lui demande si par hasard, elle serait arrivée à la gare. Elle ne me répond pas. Je finis par m'asseoir sur ma valise en attendant que mon train soit affiché à quai. Une main se pose sur mon épaule et je sursaute comme il n'est pas permis. Je me tourne tout de suite et je constate que c'est Michèle.

— Oh Jenifer ! J'avais peur de m'être trompé de personne et de passer pour une andouille.

— Tu m'as fait super peur Michèle.

— Désolée ma belle.

Je la prends dans mes bras. Elle me serre un peu plus contre elle avant de me lâcher.

— Tu as eu mon message ?

— Oui. Du coup, je me suis doutée que tu étais arrivé, je te cherchais Jeni.

— Tu aurais été plus vite à me demander où j'étais par message, non ?

— Sûrement, mais moins j'utilise ce téléphone, mieux je me porte tu sais. D'ailleurs, en parlant de ça, on prend une photo ? Tu sais pour twitter.

— Avec plaisir.

On a le soleil en plein visage, j'ai les yeux à moitié fermés. Ce n'est pas beau du tout, mais Michèle avoue que c'est parfait. Je ris nerveusement. On va dire que ça fera plaisir aux gens qui me suivent.

— Regardez qui je viens de retrouver à la gare, direction Strasbourg, chuchote-t-elle en écrivant son tweet.

— Tu sais s'il y a quelqu'un d'autres avec nous ?

— Hum... Non, je crois qu'on sera les premières arrivées. D'ailleurs, je suis contente que tu viennes aussi tôt cette année.

— Ouais, j'avais envie d'être là du début à la fin. J'ai remarqué que je n'avais jamais pris ce temps sur les éditions précédentes.

— Tu vas voir, c'est cool. Puis, si on est dans les premières arrivées, on va peut-être avoir la même chambre !

— Ce serait cool.

Peu importe qui j'ai dans ma chambre, je passe toujours un bon moment. J'ai souvent mes copines, j'aime énormément partager mes nuits avec Amel. Comme deux filles, on a toujours des trucs à se raconter. Alors qu'on est épuisée à cause du show, on parle pendant des heures avant de finalement s'endormir. Bon, cette fois, ce sera peut-être avec Michèle. Mais c'est bien de changer de temps en temps. La voix de la SNCF nous annonce que notre train est à quai, alors on prend nos valises et on s'avance vers le train. Vu l'heure et le jour qu'on est, il n'y a pas grand monde dans le train, ce qui permet à Michèle d'abandonner sa place initialement prévue pour venir s'asseoir dans mon carré. Elle s'assoit en face de moi.

— Pierre m'a fait lire le sketch que vous allez faire tous les deux. J'ai vraiment hâte. On ne te voit pas assez dans les sketchs. Je n'ai pas le souvenir de t'avoir vu dans un sketch du début à la fin.

— Oui, c'est vrai. Puis Pierre me l'a fait lire avant de me demander si ça me disait et ça m'a fait énormément rire. J'espère que ça rendra bien avec moi.

— Oh oui ça va bien rendre avec toi Jeni. Tu es drôle sans même t'en rendre compte.

— Peut-être.

Les gens finissent par arriver dans le train, il ne reste plus longtemps avant qu'il ne prenne la route vers Strasbourg. Quand je sens quelqu'un passer à côté de moi, je lève légèrement la tête vers la personne.

— Matt ! Lance Michèle en levant le bras pour saluer Matt.

Combien de chances j'avais pour prendre le même train que lui ? Presque aucune, pourtant, c'est bien ce qu'il se passe. Je me tourne pour regarder derrière moi. Il est bien là. Il met sa valise dans le porte-bagage et il nous voit. Ses yeux rencontrent les miens et je dévie mon regard. Mince. Il est toujours aussi beau. Même, j'ai l'impression qu'il s'embellit. Peut-être que c'est ma vue qui me joue des tours. Vu le sourire de Michèle, je sais qu'il s'approche de nous. Il se pose même debout, à côté de nous. Je relève les yeux vers lui et lui souris.

— Salut Matt, comment tu vas ? Demande Michèle.

— Ça va, et vous ? Je ne savais pas que vous preniez ce train.

— Ça va très bien. Tu sais, il n'y aura personne avec nous, tu peux venir t'installer ici, si tu veux, continue Michèle.

— Avec plaisir.

Il s'assoit en face de moi. C'était soit ça, soit il s'asseyait à côté de moi et je ne sais pas ce que j'aurais le moins désiré. Cependant, là, il me fixe et je peux aussi le fixer. À côté de moi... Il aurait été trop proche de moi et j'aurais été mal à l'aise.

— Comment tu vas Jen ? Me demande-t-il.

J'ai l'impression de transpirer comme jamais, mais ça va, merci. Je souris nerveusement

— Ça va merci.

— Tu sembles dans tes pensées.

Quoi ? Pourquoi ? Non. Je... Il me met mal à l'aise. Ça fait combien de temps qu'on n'a pas été aussi proche ? On essaie toujours de s'éviter et là, on est à moins d'un mètre l'un de l'autre.

— Non. Pourquoi tu dis ça ?

Il me sourit et j'ai l'impression de devenir rouge tomate. La température a augmenté de vingt degrés en deux secondes ou quoi ? J'ai de la fièvre d'un coup peut-être ?

— Bon, Matt, comment va madame ? Reprends Michèle.

— Madame va bien, merci de demander.

Ah oui, c'est pour ça que ça ne semble pas le déranger d'être aussi proche de moi, madame existe et madame va bien même. Une pointe de jalousie monte en moi et je décide de dévier mon regard sur la rangée à côté de moi. En me remettant contre le dossier du siège, mon pied tape dans celui de Matt en face de moi. Il lève le regard vers moi et il me sourit. Qu'il arrête de sourire comme ça, s'il vous plaît.

INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant