CHAPITRE 37

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[MATT]

25 juin,

C'est aujourd'hui l'après-midi jeux de société. Et je suis là, garer devant la salle. Il y a plein de gens autour de moi. Ils descendent de leur voiture pour aller vers la salle. Je devrais faire pareil, mais je suis comme tétanisé. Je n'ai rien à faire parmi eux, ils vont me dévisager, ils vont me demander ce que je fais ici. Mais de toute façon, je suis mieux ici qu'avec Jenifer. On ne s'adresse plus la parole. Ça fait mal de nous voir comme ça, surtout qu'on commençait à tout reconstruire pour nous, pour notre couple. J'aurais voulu que ça se passe autrement, j'aurais voulu être moins con, moins coincé. Jenifer n'y est pour rien dans tout ça. Puis je la vois s'arrondir de jour en jour et je la trouve magnifique. Une fois, je l'ai entendu parler au bébé. Je n'aurais pas dû être là, je n'aurais pas dû l'entendre, mais je l'ai quand même entendu. Elle lui a promis d'être forte pour eux deux, que notre enfant sera en sécurité avec elle. Je n'en doute pas. Il ne pourra pas avoir de meilleure mère. À défaut d'avoir un père de merde. Enfin, je doute qu'on puisse m'appeler père, en tout cas, Jenifer n'utilisera pas ce mot pour parler de moi.

Et puis merde, je vais y aller dans cette salle et je vais aller à la rencontre de ces gens. Je sors de ma voiture et m'avance jusqu'à la porte. Je l'ouvre. Il y a du bruit dans la salle, il y a du monde aussi. J'ai l'air bête là, je devrais partir. Alors que j'avais fait quelques pas dans la salle, je me décide à faire demi-tour, mais je suis interrompu par une petite-fille qui me barre le chemin. Je ne saurais dire quel âge elle a. Elle est porteuse de la maladie de mon enfant. Je lui souris.

— Je vous connais.

— Peut-être.

— Vous êtes Matt Pokora.

Merde, j'aurais dû me grimer un peu. Elle m'attrape la main et j'amène à une table où elle m'oblige à m'asseoir. Il y a déjà des personnes autour de la table.

— Vous êtes rentré ici, vous n'avez pas le droit de partir, me dit-elle.

Je ris à sa phrase. Alors comme ça, je suis séquestré par une gamine, dans une salle où il y a plein de monde.

— Vous faites une partie de cartes avec nous ?

Je me tourne vers la femme qui vient de me parler. Elle est assise à la table elle aussi. Je dévie le regard vers la petite fille, je ne peux pas refuser cette partie de cartes.

— Avec plaisir, dis-je.

La petite éclate de joie et vient s'asseoir en face de moi. Elle est adorable. La femme distribue les cartes et on commence à jouer au Uno. J'adore ce jeu. On y jouait beaucoup avec Jenifer. Elle adore ce jeu aussi. Bon, à deux, c'est moins marrant, mais j'adore mettre des +4 à Jen et la voir rager. Je souris à ce souvenir et j'en oublie presque de jouer.

— Vous avez vu de la lumière, vous êtes entré ? Me demande la femme avec un léger rire.

— Non, pas vraiment. J'avais envie de venir ici.

— D'accord. Vous êtes seul ?

— Euh... Oui.

— Vous n'avez pas d'enfant ?

— Pas encore. Bientôt, avoué-je en souriant.

— Oh, c'est génial ça ! Félicitations !

— Merci. Juste... Il... Il va être malade. J'appréhende, alors je suis venue ici, à la rencontre d'enfants et de parents.

— Je crois que vous avez fait le bon choix en venant ici. Qu'est-ce qui fait que vous appréhendez ? Si ce n'est pas indiscret.

— Il n'y a pas de problème. Je crois que j'ai peur du regard des gens sur mon enfant. Je sais comment sont certains.

INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant