CHAPITRE 24

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[MATT]

2 avril,

Je quitte le studio pour retrouver Florence pour le déjeuner. Depuis le début de notre relation, on aime se retrouver le vendredi midi pour déjeuner ensemble. Des fois je ramène à manger, des fois, elle fait la cuisine. Ça dépend. Et ce midi, elle m'a dit qu'elle faisait à manger. Je suis toujours heureux de la retrouver ces vendredi midis. Puis ça me fait du bien de la voir, j'évite de penser à Jen quand elle est là. Je gare la voiture devant la maison et je quitte le véhicule. Rapidement, j'ouvre la porte. D'habitude, quand elle cuisine, ça sent toujours bon, mais là, rien. Ça ne sent rien. Je m'avance dans la maison, légèrement inquiet. J'espère qu'il ne lui ai rien arrivé.

— Flo ?

Elle débarque du salon, les bras croisés.

— Tu m'as fait peur.

— Pourquoi ? Parce que ça sent rien dans la maison ? Je n'ai pas fait à manger.

— D'accord. Tu veux que j'aille chercher un truc à manger ?

— Non. Je veux que tu arrêtes de me prendre pour une conne.

— Comment ça ?

Florence disparaît puis revient en me donnant un magazine qu'elle plaque contre mon torse. Elle se recule alors que je regarde le magazine.

— Cherche pas, ouvre direct à la page quatre.

Mais je crois avoir aperçu mon nom sur la couverture. Cependant, j'ouvre à la quatrième page. D'un coup, je vois des photos de... De Jenifer et moi. Le titre indique « les retrouvailles » alors que la description donne la date et le lieu de l'endroit où nous sommes.

— Tu m'as dit que tu allais voir des potes à toi. Tu as été la retrouvée oui !

— Non. J'ai été retrouvé mes potes. Elle était dans le bar aussi. Et vu qu'on était pas sobres, elle nous a proposé de nous ramener chez nous.

— Arrête de me mentir Matt. Ils sont où tes potes sur la photo ? Vous semblez bien seuls tous les deux !

Je la regarde. Je devrais trouver une excuse, et rapidement. Je pourrais lui dire qu'ils ont quand même pris la route en ayant bu, je pourrais dire que j'ai été le seul responsable. Mais dans son regard, je vois qu'elle ne me croirait pas. Je souffle avant de m'expliquer.

— Tu as été la retrouvée dans mon dos Matt, et moi je t'ai cru quand tu disais que tu allais rejoindre tes amis !

— Non. J'ai été boire un verre. Elle était là. On a discuté, comme des amis. J'avais bu, elle m'a ramené ici.

— Vous vous étiez vu dans la journée, vous en aviez des choses à vous dire !

— L'après-midi, on a discuté de la chanson, là on a parlé de... des choses de potes.

— Comment je peux savoir que c'est la vérité ?

— Car j'en ai marre de te mentir.

— Alors arrête de me mentir. Et sois honnête avec moi. Est-ce que tu l'aimes encore ?

— Florence...

— S'il te plaît, dis-moi la vérité. J'ai juste besoin d'entendre la vérité.

Je suis perdu. Bien sûr que j'aime encore Jenifer. Je l'ai toujours dit, on n'oublie pas une femme comme Jenifer une fois qu'elle est entrée dans notre vie. Mais j'aime aussi Florence, j'en suis persuadé.

— S'il te plaît Matt, murmure-t-elle la voix brisée.

— Je crois ouais.

Elle soupire et ses yeux se mouillent. J'aimerais la prendre dans mes bras, comme j'ai l'habitude de le faire quand elle ne va pas bien, mais elle me repousserait.

— D'accord. Et ça fait combien de temps qu'elle t'est revenu à l'esprit ?

Je pense qu'elle n'a jamais quitté mon esprit, mais je ne peux pas lui dire. Puis, je crois que j'avais réussi à ne plus me souvenir d'elle avant de la revoir aux Enfoirés.

— Plusieurs semaines, avoué-je. Mais je ne voulais pas te quitter, parce que je t'aime aussi, parce que tu ne mérites pas que je te quitte.

— Je vois dans tes yeux que tu l'aimes plus que moi. Je vais te demander de partir Matt.

— Attends Florence.

— Non, hurle-t-elle. Pars ! Va la rejoindre si c'est elle que tu aimes ! Je ne veux pas être un plan B. Je pense que je l'ai assez été durant toutes ses années.

— Tu as faux, tu n'as pas été un plan B pendant tout ce temps. Je t'aime réellement Florence.

— S'il te plaît, prends tes affaires et va la rejoindre. Oublie-moi. Tu as une heure Matt.

Elle me regarde dans les yeux avant de partir de la pièce et même de la maison. J'aurais dû la retenir pour la garder un peu plus avec moi, mais est-ce qu'elle ne vient pas de m'aider en me disant tout ça. Je froisse le magazine entre mes mains. Ils me dégoûtent les paparazzis. C'était déjà comme ça à l'époque et Jenifer en avait peur. Il faut croire que ça va recommencer aujourd'hui. Je monte à la chambre, le magazine en main. Je le mets dans mon sac. Je pense que ce n'est pas la peine de le laisser à Florence. En rentrant dans la chambre, j'ai comme un choc. C'est la dernière fois que je viens là. Dans une heure, parce qu'elle m'a seulement laissé cette heure, je ne reviendrais plus ici. Peut-être qu'un jour je repasserais devant la maison, je me souviendrais d'elle, de ce qu'on a vécu, de toutes ses années où elle m'a porté vers le haut. Je soupire et je commence à rassembler mes affaires, je fais mon maximum pour tout prendre, parce qu'elle ne me laissera pas revenir ici plus tard, pour récupérer un tee-shirt ou un pantalon.

Quand j'ai tout mis dans la voiture, quand je suis prêt à partir, je constate qu'elle n'est pas revenue. Je sais qu'elle n'est pas loin, qu'elle me regarde de là où elle est, pour revenir après. J'aimerais qu'elle soit là, j'aimerais lui dire au revoir et merci, mais je doute que c'est ce qu'elle veuille entendre. Alors, je prends un papier dans la maison sur lequel je lui écris de prendre soin d'elle. Je le dépose sur la table et je m'en vais. Je prends la route. Je la laisse tranquille, comme elle me l'a demandé.

INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant