CHAPITRE 9

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[JENIFER]

26 janvier,

Ce soir, je connais la douceur de l'homme que j'aime depuis des années. Cette nuit est une vraie merveille. Je me sens si bien, peu importe ce que nous sommes en train de faire, sous de simples baisers ou bousculée par de violents coups de reins de sa part. Je m'évade dans ses bras. Je n'en demande pas plus, je sais qu'on a fait le dixième de ce que nous sommes capables de faire, pourtant, on souhaitait simplement se retrouver. Cinq ans que je n'avais pas senti les battements de son cœur contre ma poitrine. Cinq ans que je ne l'avais pas entendu murmurer mon prénom dans un souffle. Des petites choses qui pourraient paraître être des broutilles, mais qui deviennent essentielles à partir du moment où on les retrouve. Ses mains brûlantes viennent se poser sur mes joues quand on a fini. Je sens sa respiration sur mon visage et je ne souhaite qu'un baiser à ce moment-là. Je ferme doucement les yeux, je laisse mon corps complètement retomber sur le matelas, moi qui étais cambré contre lui pour mieux apprécier. Il répond à ma demande et dépose une dernière fois ses lèvres contre les miennes. Je prolonge son baiser de peur qu'il m'échappe à nouveau. Il vient se poser à côté de moi. Nos respirations sont saccadées et elles reprennent tranquillement un rythme normal. Je tourne la tête vers lui pour le regarder. Ma main vient caresser son visage quelques instants avant de le laisser tranquille. Il est si beau. Je ferme à nouveau les yeux et je laisse mon cœur reprendre son nombre approprié de battements par minutes. Je pense que c'est à ce moment-là que je prends conscience de ce que nous venons de faire tous les deux. Je ne sais pas si c'était la bonne chose à faire, pourtant il en mourrait d'envie, tout comme moi. Ce qui me revient à l'esprit, c'est le fait que nous nous sommes pas protégé. Je ris doucement, ce qui attire son attention, je l'entends au bruit du tissu sous sa tête.

— Pourquoi tu ris ? Me demande-t-il doucement.

Je ne peux pas lui dire. Je ne peux pas lui avouer que c'est parce que nous avons fait l'amour sans nous protéger. Ce soir, nous n'avions aucune volonté à faire cela, contrairement à avant où on le faisait pour avoir un enfant. D'ailleurs, il m'a demandé si je voulais qu'on se protège, mais j'ai refusé. J'avais besoin de lui, je ne pouvais plus patienter. Je serais incapable de compter le nombre de fois où nous avons fait l'amour pour avoir un bébé qui n'est jamais arrivé. Ce n'est pas ce soir, juste une fois qui va me mettre enceinte. Enfin, je ne l'espère pas, vu nos situations amoureuses, ce serait compliqué.

— Tu es belle quand tu ris Ney.

Mon cœur loupe un battement. Ce surnom, sortis maintenant de sa bouche. C'est comme avant. Il m'appelait toujours comme ça après l'amour. C'est fou comme on reprend facilement de vieilles habitudes d'un coup. Pour aller dans cette même optique, je choisis de me rapprocher de lui en posant ma tête sur son torse, ma main juste à côté. Il me demande de bouger quelques instants pour qu'il se mette dans une position agréable pour lui aussi. Sa bouche dépose un baiser sur mon crâne et il chuchote.

— Ça va Jen ?

— Oui. Je crois que je vais bien. Et toi ?

— Je crois que je n'ai jamais été aussi heureux.

Je relève la tête vers lui, il la baisse et on se sourit. Est-ce qu'on a perdu cinq ans de nos vies ? Non. Je suis sûre que non, parce que comme Michèle me l'a dit, on a mûri tous les deux avec ces cinq années. Sur le bout de la langue, j'ai les trois mots que je me retiens de lui dire. Oui, j'ai envie de lui dire que je l'aime, comme à l'époque. Je lui disais toujours. Mais ce serait trop tôt ce soir, ce ne serait pas le bienvenu. D'ailleurs, je n'aimerais pas qu'il me le dise. Sa main, qui caresse mon bras, m'aide à m'endormir. Je suis complètement crevée. Il faudrait que je quitte sa chambre, déjà pour que Pierre puisse venir dormir, il doit être tard à présent. Je me redresse légèrement et je regarde Matthieu. Il replace mes cheveux à peu près comme ils devraient l'être.

— Il faut que je retourne dans ma chambre, dis-je sans aucun enthousiasme.

— Non, reste pour cette nuit.

— Mais Pierre ?

— Je ne sais pas. On peut le laisser rentrer. Ça ne le dérangerait pas que tu dormes ici.

— D'accord.

— Par contre, il faut que je me lève.

Je m'écarte pour qu'il se redresse. Il s'assoit sur le bord du lit et je ne peux pas m'empêcher de caresser son dos. Je crois qu'il frissonne.

— Tant que tu es debout, tu peux me donner un tee-shirt à toi, pour que je puisse dormir.

Il marmonne. Matthieu se penche vers l'avant. Il se remet son sous-vêtement, ne me laissant pas la chance de l'admirer un peu plus. Quand il se met debout, mes yeux ne quittent pas son torse, le temps de quelques instants puisque dans la seconde qui suit, mes yeux sont prêts à se fermer tout seul. Il vient m'embrasser délicatement. Je repose ma tête sur l'oreiller et je le regarde ouvrir la porte, récupérer ma culotte et revenir vers moi. Il me donne ce qui m'appartient avec un tee-shirt à lui. Je le remercie et me rhabille. Il en profite pour se coucher à nouveau dans le lit et je me positionne à nouveau contre lui. Je sais qu'on ne restera pas comme ça toute la nuit, mais je pense avoir besoin de le sentir un peu plus contre moi.

— Bonne nuit Jeni.

— Bonne nuit Matthieu.

Je dépose un baiser sur son torse et repose ma tête en fermant mes yeux. Ses douces caresses m'emportent vers le sommeil. Pourtant, quand je n'ai pas tout à fait sombré, la porte s'ouvre, sûrement Pierre. Ils discutent ensemble les garçons, à voix basse pour ne pas me réveiller. De toute façon, je suis trop loin pour comprendre ce qu'ils se disent. Je quitte le torse de Matt pour me retourner et m'endormir complètement le dos vers lui.

INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant