CHAPITRE 10

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[JENIFER]

27 janvier,

J'ignore totalement l'heure qu'il est et je pense être trop loin d'un téléphone pour vérifier l'heure. Je sens la main de Matthieu sur ma hanche, je souris doucement. Je me tourne vers lui. Il dort profondément. Je m'autorise à le regarder pendant plusieurs minutes, ne trouvant pas ce temps long. Même, je le trouve trop court. Mais en tout cas, il faut que je m'en aille de sa chambre avant que tout le monde se lève. Je ne veux pas qu'on me voit sortir de sa chambre, je ne veux pas que ça se remarque. Doucement, je lui caresse le visage dans l'espoir de le réveiller sans le brusquer. Je crois qu'il me faut plusieurs secondes pour qu'il ouvre les yeux. Il est encore tout endormis et je regrette presque instantanément de l'avoir réveillé.

— Salut toi, chuchote-t-il.

— Salut.

— Il est l'heure de se lever ?

— Non. Je ne crois pas. Mais je pense qu'il faut que j'aille dans ma chambre.

— Tu es sûre ?

— Oui. Je n'ai pas envie que tout se sache tout de suite, tu vois ce que je veux dire... lui dis-je légèrement anxieuse.

— Je vois oui. Si tu veux y aller, tu peux.

— Je m'excuse de t'avoir réveillé, mais je ne voulais pas partir comme un voleur.

Sa force le fait avancer vers moi et il me prend dans ses bras. Pourquoi je veux partir ? C'est là qu'est ma place. Je dépose un baiser dans son cou.

— Tu as bien fait de me réveiller, je n'aurais pas aimé me réveiller tout à l'heure sans toi. Je sais que tu ne vas pas être loin, mais tu vas me manquer.

Je ris doucement contre lui et il nous garde proche l'un de l'autre quelques minutes supplémentaires. On a du mal à se quitter. On a du mal à se lâcher. C'est fou parce que l'on s'est retrouvé que cette nuit, pourtant ça me semble inhumain de m'en aller.

— On se voit tout à l'heure Matthieu ?

— Avec plaisir, me répond-il en posant sa main sur ma joue.

On se regarde dans les yeux avant qu'il ne m'embrasse. Bon, il faut que j'y aille, sinon je ne partirais jamais. Je prolonge notre baiser puis je parviens à me défaire de ses bras. Je me lève en faisant le moins de bruit possible. Il fait noir, je ne vois pas grand-chose et mes yeux ne se sont pas habitués à l'obscurité. Matthieu se redresse, attrape son téléphone et m'éclaire avec l'écran de ce dernier. Mes affaires enfin entre mes mains, je me penche sur Matthieu pour lui offrir un dernier baiser avant mon départ. La porte s'ouvre avec un grincement et je grimace. Je referme derrière moi et je prends une grande inspiration. Par contre, il fait super froid dans le couloir, ou c'est peut-être le fait que je sois simplement en tee-shirt là. Peut-être même que c'est le contre coup d'avoir quitté le lit chaud de Matthieu. À pas de loup, comme si j'allais réveiller ceux qui dorment dans les chambres, ou de peur de me faire remarquer, je m'avance vers ma chambre. Toujours en essayant de faire le moins de bruit possible, j'ouvre la porte avec ma carte et je rentre dedans. La lumière de chevet de Michèle est allumée. D'ailleurs, elle ne dort pas.

— Bonjour, me lance-t-elle.

— Bonjour, chuchoté-je. Tu ne dors pas ?

— Non, une petite insomnie qui ne passe pas, rit-elle en déposant le livre qu'elle était en train de lire.

Bon, si je voulais rentrer discrètement, c'est mort, elle voit très bien que je rentre à une heure tardive, ou même très tôt. Je ne sais toujours pas quelle heure il est, je n'ai pas pensé à regarder encore. Je pose mes affaires au pied de mon lit, je les rangerais quand il fera jour, à mon réveil. Michèle me sourit. Je sens qu'elle a des questions à me poser, qu'elle a envie de savoir, mais par respect pour moi, elle ne dit rien. J'ai l'impression de revivre mes années d'adolescence où j'allais voir un garçon la nuit et que j'essayais de rentrer sans un bruit chez moi pour ne pas réveiller ma mère. Je viens m'asseoir sur mon lit, mon téléphone à la main, en face de Michèle. Je jette un coup d'œil à mon écran pour enfin savoir l'heure qu'il est. Cinq heures du matin. Je pense que j'ai choisi la bonne heure pour partir de la chambre de Matthieu.

INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant