INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]

CHAPITRE 8

[JENIFER]

26 janvier

L'état de Pierre s'est amélioré. Une petite grippe, c'est ce qu'il a dit. Il a tout de même guéri bien vite de sa grippe, mais bon. Cependant, il a tenu à ce qu'on continue de faire le sketch avec Matthieu. Au début, j'ai boudé, mais finalement, ce n'est pas si mal. Ça fait trois soirs que l'on fait ce sketch et les gens aiment toujours autant et je commence réellement à aimer ces moments, de plus en plus. Je crois aussi que Matthieu apprécie de plus en plus ces moments tous les deux. À chaque fois qu'on sort de scène, on éclate de rire tous les deux et pendant le reste de la soirée, je repense à nous deux. D'ailleurs, la conversation avec Michèle, bien que cette dernière m'ait fait pleurer, ça m'a fait du bien. J'ai enfin pu dire tout haut ce qui ne va pas avec Matthieu. Mais je ne suis toujours pas capable de mettre un mot sur ce que je veux réellement avec lui.

Ce soir, après le spectacle, je choisis de rentrer à l'hôtel. Je rassemble mes affaires. Ils font une petite soirée tous ensemble, mais je me sens fatiguée. Autant que je profite du peu de temps de sommeil qu'on m'offre pour dormir. Car il ne faut pas oublier que les derniers shows sont filmés, si je pouvais être présentable, sans cernes, ce serait bien. Alors que je commence à m'en aller vers les taxis, on me rattrape. Enfin, il me rattrape.

— Tu pars Jen ?

Sa façon de marcher, sa voix, tout ça, je les reconnaîtrais parmi mille. Je me tourne vers Matthieu et je lui souris.

— Ouais, je suis fatiguée. Je n'ai pas trop envie de sortir ce soir.

— Ah.

Est-ce qu'il semble déçu ? Non, de toute façon, il n'a pas à l'être. Il pose ses mains sur ses hanches et réfléchit.

— Je vais rentrer aussi, dit-il.

— Quoi ? Mais Matthieu, va avec les autres si tu veux. Tu n'as pas besoin de moi.

— Hum... Si c'est toujours mieux quand tu es là.

Je fonds devant son sourire. Je m'avance vers lui.

— D'accord, je viens, mais pas longtemps.

— Super !

Il a quel âge ? Sa main vient attraper mon avant-bras et il arrive victorieux vers les autres en disant qu'il a réussi à me faire venir avec eux. Il est fatiguant, mais il est heureux de m'avoir avec lui, c'est presque plaisant à voir.

Bien que j'aie accepté de venir à leur petite soirée, la fatigue est tout de même présente. Je ne danse pas beaucoup, je préfère rester au bar. C'est quand même, avouons-le, la meilleure place dans un bar. Le barman qui nous donne des verres remplis à chaque fois qu'on finit le précédent. Pour moi, regarder les autres s'amuser ensemble me suffit amplement. Mais il faut croire que ça ne plaît pas à tout le monde. Michèle vient me voir, elle commande un verre et me regarde.

— Tu ne danses pas ?

— Toi non plus.

— Roh, elle joue sur les mots. Je t'aime vraiment bien Jenifer. Je viens me ressourcer un peu.

— Je vois. Moi j'ai besoin de me ressourcer en continuité, tu vois ?

— Bien sûr que je vois, je vois surtout que tu te moques de moi. On finit nos verres et on va danser !

— On est obligé ?

— Tu as trente ans miss Bartoli ! Ta place est sur la piste de danse.

— Ma place est au bar, parce que j'ai trente ans.