INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]

CHAPITRE 31

 [JENIFER]

12 mai,

Comme à son habitude, quand on est à Strasbourg, Matthieu insiste pour me faire visiter la ville. J'adore ces moments avec lui, même si je pense connaître Strasbourg comme ma poche depuis le temps. Enfin, j'avoue que ça fait un moment que je ne suis pas venue ici pour faire du tourisme. La dernière fois que je suis venue, c'était pour les Enfoirés en début d'année, cette session des Enfoirés qui a tout changé à ma vie après. Cependant, ça fait cinq ans que je ne suis pas venue de mon plein gré dans cette ville. Je pense qu'elle m'a manqué. Son architecture, sa beauté, les yeux de Matthieu quand il m'en parle. C'est un tout qui m'a manqué.

Pourtant, je n'arrive pas à être totalement embarquée par ce que nous faisons. Il y a plein de choses dans ma tête, des questions pour lesquelles je n'ai pas de réponse. Je sais que Matthieu pourra m'en donner. Alors qu'il marche plus rapidement que moi, je ralentis encore plus le pas. Il le ralentit aussi et se met à côté de moi.

— Ça va ? Tu veux qu'on fasse une pause ? Me demande-t-il tout sourire.

— Ça va. Juste...

Il fronce les sourcils et me regarde dans les yeux.

— Dis-moi.

— On est arrivé hier en milieu d'après-midi chez tes parents, tu ne leur as toujours rien dit pour le bébé. Pourquoi ? Parce qu'on était là pour ça, non ?

Matthieu recule d'un pas et il semble chercher quoi me dire. Je crois que lui non plus ne sait pas pourquoi il ne leur a toujours pas dit.

— Je ne sais pas. Enfin, si, je sais. Il y a plusieurs raisons.

Il reste silencieux quelques instants, me laissant le temps de lui parler.

— D'accord, dis-je.

— Déjà, je voulais qu'ils assimilent que c'était toi et pas Florence.

— Je pense qu'ils l'ont bien pris.

— Oui, ils étaient heureux pour moi. Puis, ils savaient à quel point on voulait un enfant avant.

— Oui, tu leur en avais parlé.

— Bien sûr. Je pense qu'ils seront heureux pour moi, pour nous même, mais je ne veux pas juste leur donner la photo comme ça. J'aimerais faire quelque chose de spécial.

— Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ça ?

— Je ne sais pas. Tu sais, des fois, mes pensées ne sont pas toutes cohérentes.

— C'est bien, ça me soulage de savoir ça, rié-je.

Il rit avec moi. Je lui attrape la main et me colle à lui.

— On va regarder ce qu'on peut trouver dans les magasins.

C'est ce qu'on fait. On parcourt les magasins à la recherche d'idées originales. Je n'ai pas franchement d'idées à proprement dîtes. À ma mère, je lui donnerai simplement la photo de l'échographie. Pas de grand tralala. Mais Matthieu veut faire autrement pour ses parents. Je ne peux pas m'empêcher de sourire quand il me dit que ses parents seront heureux pour nous. Matthieu a toujours voulu être père, c'est une des premières choses qu'il m'a dite quand on s'est mis ensemble et moi j'étais d'accord. C'est d'ailleurs pour ça qu'après neuf mois de relation, on a commencé à essayer de faire un enfant lui et moi. Est-ce qu'il a voulu un bébé avec Florence ? Je ne pense pas. Enfin, je préfère me dire que je ne pense pas. Parce qu'après quatre ans de relation, ils n'ont jamais eu d'enfants.

— Regarde les petits chaussons, lance Matthieu dans un rayon.

Je me tourne vers lui et je le rejoins. C'est adorable. Je n'arrive pas à croire que mon bébé sera aussi petit que ça. J'imagine déjà ses petits pieds. J'ai hâte de sentir ses coups dans mon ventre.