INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]

CHAPITRE 21

[JENIFER]

27 mars,

Il m'a fallu une semaine pour me décider à aller voir Matthieu pour lui avouer ma grossesse. Il a fallu une journée à mon manager pour récupérer l'adresse de Matthieu et pour me la donner. Puis, il m'a fallu une dernière journée pour me dire que oui, ce soir, je vais voir Matthieu pour lui dire. J'arrive à quitter le studio plus tôt que ce qui était initialement prévu, mais finalement, c'est une bonne chose. On planche tous les jours dessus, je remarque que tout le monde fatigue, autant que chacun rentre, retrouve sa famille, son chien, son poisson rouge et qu'on se repose. Dans ma voiture, ma main tremble contre l'écran de mon portable quand je tape l'adresse de chez Matthieu. Il me faut quinze minutes pour aller chez lui et encore, le GPS ne prend pas en compte la circulation. La radio rythme mon trajet qui dure un peu plus de vingt minutes. Je passe une première fois devant la maison, ralentissant en passant à côté d'elle. Mon cœur se resserre. Bien qu'il ait déménagé après notre rupture, il a repris une maison avec Florence, comme celle que l'on avait avant, tous les deux. J'espère que l'intérieur diffère de ce qu'on avait. Enfin, pour savoir ça, il faudrait déjà qu'il me fasse rentrer chez lui. Je fais demi-tour et je viens me garer en face de la demeure. Je coupe le moteur et tourne la clé au maximum pour que tout s'arrête. Dans le silence, je prends une grande respiration pour quitter ma voiture. Une fois que j'ai le pied dehors, j'ai les larmes aux yeux. Il y a une chance sur deux pour que je me mette à pleurer en lui disant. Il faut que je prenne sur moi. Je cherche mécaniquement mon paquet de cigarettes, cependant, ce dernier est dans ma voiture et la portière étant fermée, je suis dans l'incapacité de l'attraper. Si j'ouvre à nouveau la portière, alors je remonterai en voiture et je partirais. Je me connais. Je ferme la voiture et me tourne vers la maison. Une nouvelle fois, je remplis mes poumons d'air et je traverse la route. Je sonne au niveau du portail d'entrée. J'attends non sans stress quelques instants avant que la porte de la maison s'ouvre et me laisse voir Matthieu. Je lui souris faiblement, il est surpris.

— Jenifer ?

— Désolé de te déranger Matthieu, je...

— Tu ne me déranges pas, dit-il en s'avançant vers moi. Viens, rentre, il fait froid dehors.

Il me sourit avec sincérité et m'ouvre le portail. Doucement, il me mène jusqu'à l'intérieur de sa maison. Dès mes premiers pas, les larmes me montent aux yeux. C'est si beau, si bien décorer. On... On dirait chez nous à l'époque, non ?

— Laisse-moi te proposer quelque chose à boire Jen ?

— Je veux bien un thé s'il te plaît, répondis-je la voix cassée.

Je retire mon manteau et le pose sur le dossier du canapé, premier mobilier que je croise. Je le rejoins dans la cuisine et je m'assois à la petite table qu'il y a là. Il me donne la tasse brûlante et je réchauffe mes mains autour de celle-ci.

— Comment tu as eu mon adresse Jenifer ?

— Mon manager connaît assez bien ton manager. Il a accepté de me donner ton adresse.

— D'accord.

Il baisse la tête sur son café.

— Je suis désolée d'être là Matthieu, je pense que puisque tu m'ignores depuis des semaines, tu ne voulais sûrement pas de moi ici.

— Florence ne rentre pas tout de suite, je pense qu'on a une heure devant nous avant son retour.

— Je comprends, je ne dois pas être là quand elle rentrera.

— Jenifer...

— De toute manière, je vais être courte Matthieu.

— Je suis désolé de t'ignorer, tout est plus compliqué que je le pensais.