INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]

CHAPITRE 20

[JENIFER]

19 mars,

Amel est ma meilleure amie. Amel est comme ma sœur. Elle ne me jugera pas. Au mieux, elle me soutiendra. Je ne dois pas avoir peur de sa réaction quand je vais lui avouer être enceinte. De toute façon, j'ai besoin d'en parler à quelqu'un, parce que j'y ai pensé toute la journée et c'est à peine si j'étais concentrée sur ma musique au studio. Je pense vraiment qu'en parler me fera du bien. Alors je quitte mon appartement, emmitouflée dans un manteau que j'estime trop large pour ma carrure. Je m'engouffre dans ma voiture et je conduis jusqu'à chez mon amie. Dix-huit heures et cinquante-cinq minutes. C'est l'heure qui est affichée sur mon tableau de bord quand j'enclenche le frein à main de mon véhicule. J'éteins mes phares et coupe le moteur. L'air chaud qui réchauffait l'habitacle se stoppe instantanément, mais la voiture garde bien la chaleur. Du moins, pour les cinq minutes que je décide de passer ici avant d'aller sonner à la porte de chez Amel. Ce n'est pas ma meilleure amie qui m'ouvre, mais sa fille.

— Tata !

Elle me prend tout de suite dans ses bras, je la serre fort contre moi avant qu'elle ne s'échappe chercher sa mère. Je me permets de rentrer dans la maison et de fermer la porte derrière moi pour que le froid ne rentre pas. La maman apparaît dans le couloir et s'approche de moi.

— Ne reste pas à côté de la porte Jenifer, rentre, rentre.

Je défais mon manteau et elle me le prend pour aller le mettre sur le porte-manteau. Je la suis d'assez près et quand elle a les bras vides, elle vient me prendre contre elle. Elle aussi, je la serre fort contre moi. J'aime serrer fort la famille Bent contre moi.

— Tu as l'air d'aller bien ma belle, me dit-elle.

— Oui, ça va. Et toi ?

— Très bien. Dis-moi, est-ce que ça sent bon quand tu rentres dans la maison ?

— Oui, très, avoué-je.

Amel adore la cuisine et elle veille toujours à ce que l'on soit accueilli avec une merveilleuse odeur dans les narines. Là, je sens du poisson en train de cuire.

— Tata, hurle Shawn en courant vers moi.

Il se jette dans mes bras, j'ai juste le temps de me mettre à sa hauteur pour qu'il ne heurte pas mes jambes et que je tombe à la renverse. Il s'agrippe à moi et je me redresse en le portant. J'ai l'impression que ça tire dans mon dos et je grimace.

— Dis donc, bientôt, je ne pourrais plus te porter mon grand.

— Mais non, c'est trop nul !

— Mais tu vas être trop lourd, je n'y peux rien.

— Tu n'as pas de force dans tes bras tata.

— Comment ça ? Regarde comment je suis musclée.

Il reste dubitatif devant mon biceps. Pour me venger, je le repose par terre. Il boude. Amel pose délicatement sa main sur son fils de trois ans pour le réconforter. Un détail auquel je ne fais pas attention d'habitude.

— Bientôt, c'est toi qui portera tata Jenifer, lance-t-elle à Shawn.

Le garçon rigole, mais au fond, je crois qu'elle n'a pas tort, quand il aura dix-huit ans, il sera capable de me porter. Mais je doute que mettre à l'esprit d'Amel que son fils aura dix-huit ans un jour soit une bonne idée, déjà qu'elle a dû mal à accepter que sa fille ait sept ans. Amel m'attire vers la salle à manger. Elle m'invite à m'asseoir et je prends place à table. Janet s'assoit à côté de moi. En l'absence de sa mère dans la pièce, je me tourne vers la jeune fille.