CHAPITRE 28

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[MATT]

24 avril,

Il fait noir dans la chambre, il n'y a que la lampe de chevet de Jenifer qui est allumée. La brune est en train de lire alors que j'essaie désespérément de m'endormir. Mais je n'y parviens pas. Je souffle doucement, Jenifer ne réagit pas. Ma main vient se poser sur le ventre de Jenifer, sur son tee-shirt. Elle réagit enfin en fermant son livre et en me regardant.

— Tu ne dors pas ?

— Je n'y arrive pas.

Elle dépose son livre sur la table de chevet et sa main vient caresser mon visage.

— Mince...

Je hausse les épaules et je lui souris. Je me décale un peu, abandonnant le contact de sa main pour m'approcher de son ventre. Doucement, je remonte son tee-shirt, elle accepte. Mes doigts frôlent sa peau et le sourire à mes lèvres ne me quitte pas. J'aime tellement la voir enceinte, elle est si belle. Encore plus que d'habitude. Je suis impatient de la voir un peu plus ronde. Alors que je regarde son ventre depuis plusieurs minutes, qu'il me semble qu'elle ait repris sa lecture, je me décide à parler en relevant le visage vers elle.

— Je t'aime Jenifer.

Elle ferme à nouveau son livre, me laissant voir un large sourire sur son visage. C'est une beauté.

— Matthieu...

Je ne lui ai jamais dit « je t'aime » depuis qu'on s'est remis ensemble. Peut-être que j'attendais le bon moment, je ne sais pas. Je crois qu'elle me l'a dit, une ou deux fois. En tout cas, ce soir, j'ai envie de lui dire.

— Je t'ai toujours aimé Jen. Je... J'ai perdu trop de temps sans toi. Je regrette ces cinq années.

— Arrête, chuchote-t-elle pour attirer à nouveau mon attention que j'avais reportée sur son ventre. Tu n'as pas à regretter ces cinq ans. Ça nous a fait grandir. On a mûri et aujourd'hui, on est prêt à assumer cet enfant tous les deux.

— C'est vrai.

Mais j'ai toujours l'impression d'avoir perdu du temps loin d'elle. Je suis sûr qu'à l'époque aussi on aurait pu assumer un enfant, la preuve, on en voulait un. Certes, j'ai aimé Florence, mais j'ai tout de même perdu cinq ans que j'aurais pu passer auprès de Jenifer. Je sais qu'on ne rattrape pas le temps perdu.

— D'ailleurs, tu veux quoi comme enfant ? Une fille ou un garçon, Matthieu ?

Elle a dû sentir que je me perdais dans mes pensées. Elle me connaît par cœur Jenifer, c'est fou. Elle lit en moi. Je ne vois pas d'autre raison pour qu'elle ait toujours les bons mots quand il le faut. Je me mets à rire nerveusement. Je n'y avais jamais vraiment pensé, mais là, à l'entente de sa question, il n'y a qu'une réponse qui me vient à l'esprit.

— Une fille. J'aimerais une fille, dis-je en la regardant dans les yeux.

Jenifer semble étonnée. C'est vrai, on aurait pu croire que je voulais un garçon, moi qui suis féru de football ou de basketball, mais avoir une fille n'empêche pas de faire ces sports.

— Comme ça, continué-je, elle te ressemblera. Elle sera aussi jolie que toi. Et toi Jen ?

— Peu m'importe. Les deux me vont.

Je me redresse, mon index vient se poser sur son ventre.

— Imagine, il y en a deux, une petite et un petit.

— Oh non ! Laisse-moi tranquille. Déjà un, c'est pas mal.

J'embrasse son ventre avant de relever la tête vers elle.

— Imagine ils sont trois !

— Mais stop ! Tu me fais peur !

— On ne sait jamais ! On ne sait pas encore. C'est quand ton échographie déjà ?

— Dans une semaine. Tu seras là ?

— Bien sûr. Pourquoi je ne serais pas là ?

— Je ne sais pas, avec ton album et tout...

— Ne t'inquiète pas, je serai là pour tout Ney.

Comme à chaque fois que j'utilise ce surnom, son corps se raidit pour mieux se détendre. J'aime tellement l'appeler comme ça. Je ne saurais dire d'où ça vient, mais c'est toujours rester et je sais qu'elle adore ça.

— Tu l'as dit à ta mère ? Demandé-je.

Je sais qu'elles sont extrêmement proches toutes les deux. Jenifer m'a raconté leur histoire un jour. Sa mère aimait son père passionnément. Un amour si fort que Jenifer est arrivée dans le foyer. C'est à partir de ce moment-là que les choses se sont gâtées. Le couple n'a pas tenu la fatigue, n'a pas assuré et son père a préféré partir de leurs vies. Jenifer n'a que très peu de souvenirs de son père, pour ne pas dire aucun. Depuis qu'elle sait la vérité, Jenifer s'en veut, dans les moments où elle n'est pas bien, il lui arrive de culpabiliser et de dire que c'est de sa faute si son père est parti. Sa mère, elle aime Jenifer, elle l'a toujours soutenu. Elle a fait du mieux qu'elle pouvait surtout. Puis sa mère a eu un cancer du sein, Jenifer devait avoir seize ans, quelque chose comme ça. C'est ce qui les a rapprochés toutes les deux. Depuis, Jen fait extrêmement attention à sa mère, ayant peur de la perdre. Si elle venait à la perdre, elle n'aurait plus rien...

— Non. Pas encore. J'attends d'avoir la première échographie, pour lui montrer. Enfin, je crois qu'elle est déjà au courant.

— Comment ça ?

— Je n'étais pas très bien, j'avais des symptômes qui me faisaient peur, alors je lui en ai parlé et c'est elle qui m'a dit de faire un test.

Sa peur d'avoir un cancer aussi... Combien de fois je lui ai dis que l'hérédité ne fonctionne pas pour ce genre de choses, pour lui faire du bien ? Mais elle ne m'a jamais cru. La preuve, récemment, elle y a encore cru.

— Tu ne l'as pas dit à tes parents Matthieu.

— Pas encore, je voulais aussi attendre l'échographie. Ils seraient capables de ne pas me croire.

Elle rit légèrement et je me sens bien à l'entendre rire.

— Il faudrait que j'aille à Strasbourg pour leur dire, ça craint de leur dire par message.

— Surtout s'ils pensent que tu es encore avec Florence, ça va être gênant.

Oui. Ils pensent encore que je suis avec Florence. Je n'ai pas encore eu le temps de leur dire tous les derniers changements de ma vie. Même si je suis proche de mes parents, je leur parle que très peu de tout ce qui est vie privée. Sa main caresse mes cheveux.

— On ira à Strasbourg si tu veux, dit-elle.

— C'est vrai ?

— Oui. Ce serait même avec plaisir.

Je souris et je me pose à nouveau contre elle, la main sur son ventre, faisant des cercles avec mon index. J'ai envie de rire à l'éventualité qu'il puisse y avoir plusieurs bébés dans son ventre. Je ne sais pas si j'aimerais ou non. Je pense que ça me ferait peur s'il y en avait deux ou trois, mais ce serait mes enfants, alors je crois que je serais content dans tous les cas. En revanche, Jenifer n'a pas l'air de vouloir plusieurs enfants, du moins, en une seule grossesse.

INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant