INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]

CHAPITRE 39

[JENIFER]

13 juillet,

J'ai perdu Matthieu. Dans la maison. Je sais qu'il est là, présent chez nous, mais je ne sais pas du tout où il est. J'ai envie de hurler son prénom, mais en même temps, j'ai la flemme. En bas de l'escalier, je me motive à le monter. Je vais réguler mes allers-retours entre le rez-de-chaussée et l'étage. Je trouverais une solution. Quoique j'aie peut-être ma solution. Matthieu. Depuis l'échographie, depuis que l'on s'est retrouvé, il passe son temps à aller me chercher des trucs à droit, à gauche pour que je ne me fatigue pas. Même si j'ai l'impression d'être rouillée maintenant. Je souffle et je monte l'escalier. Vraiment, à huit mois, je reste en bas, il déplacera la douche, il est musclé, il saura faire. En haut des escaliers, je le cherche et je finis par le trouver dans la chambre du bébé.

— Qu'est-ce que tu fais ? Demandé-je.

— Tu crois qu'on a choisi la bonne couleur pour la chambre ?

Je m'avance vers lui et je regarde les murs.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Bah, c'est quand même une petite fille et... Les murs sont verts.

— Tu voulais mettre du rose à mon fils, donc vert pour une fille ça passe. En plus, j'aime énormément la couleur. Et tu as peint la chambre avec tellement d'amour Matthieu.

— Donc on garde ?

— Bah oui on garde ! Tu crois quoi ? Tu ne vas pas recommencer quand même ! Puis, ne crois pas que je vais l'habiller en rose tous les jours. Je refuse ce genre de trucs stéréotypés !

— Elle portera du vert, dit-il en haussant les épaules.

Il me fatigue. Elle portera ce qu'on lui trouvera, ce qui nous plaira. Clairement, ce n'est pas à un jour qu'elle va me regarder et me dire « hé maman, ça c'est moche ». Quand elle aura quatorze ans, on pourra en discuter, mais pas à six mois.

— Je vais pouvoir lui acheter des maillots de foot, lance Matthieu.

— Si c'est Marseille, je refuse catégoriquement.

— Ce sera un cadeau du papa à sa fille, tu n'auras pas ton mot à dire.

— Ah ouais ? Bah je l'habillerai pas avec.

— Je l'habillerai avec quand tu ne seras pas là.

— Je compte être là tous les jours, donc oublie.

— J'arriverai bien à me débarrasser de toi pour m'occuper de ma fille seul.

— Tu rêves, je ne la quitterais pas.

— La mère bien chiante quoi.

— Tu parles, la meilleure maman du monde.

Il rigole et se tourne vers moi. Il me prend dans ses bras.

— Tu as raison. Elle sera la petite fille la plus chanceuse, car tu es là.

— Je ne pourrais pas dire pareil de toi, vu que tu vas l'habiller en footballeur.

— Quand elle jouera en équipe de France, tu me remercieras !

— Laisse mon bébé être un bébé avant de l'envoyer en équipe de France, merci.

Il éclate de rire. J'aime tellement Matthieu. Ça y est, il a accepté. Il m'a expliqué qu'il est allé à la rencontre de parents et d'enfants en lien avec la maladie. Il m'a dit qu'il avait compris que la maladie ne change rien à l'amour que l'on peut porter à son enfant. Je suis contente qu'il en soit arrivé là. Je suis contente de l'avoir près de moi à présent. Je ne m'attendais pas à ce qu'il prenne le temps d'aller à leur rencontre. Je trouve que c'est une superbe idée et il m'a même proposé qu'on y aille avant que j'accouche ou après, avec notre petite fille. Notre princesse. Je sais que je ne voulais pas un sexe en particulier, que ce soit un garçon ou une fille ne m'importait pas, mais je ne sais pas pourquoi, je suis heureuse d'avoir une fille. Peut-être que j'aurais été aussi heureuse de savoir que j'attends un garçon. Je ne saurais jamais. On sonne à la porte, Matthieu me regarde.