INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]

CHAPITRE 47

[MATT]

23 février,

L'état de Jenifer se dégrade, même si elle essaie de me montrer le contraire. Ce n'est plus la même femme qu'avant et je le remarque maintenant. Je crois que je l'ai toujours vu, mais j'ai toujours occulté ce que je voyais. Cependant, ça m'inquiète, de plus en plus. Je n'aime pas voir Jen dans cet état. Elle est focalisée sur Vannina, mais ce n'est pas pareil que moi. Elle est occupée à bien faire, à tout faire.

— C'est l'heure du bain de Vannina, tu veux lui donner ?

Jenifer se met près de moi. Ses cheveux attachés pour cacher que ça fait plusieurs jours qu'elle n'a pas pris le temps de les laver. Son jogging trop grand, son sweat qu'elle m'a pris il y a quelques mois, qu'elle garde depuis trop longtemps sur le dos, sous prétexte qu'elle ne sort pas. C'est sûr qu'elle ne sort pas.

— Donne-lui, j'attends un appel, dis-je.

D'un coup, je sens de la peur dans le regard de Jen. Je crois qu'elle aurait aimé que ce soit moi qui le fasse.

— D'accord.

Elle tourne les talons et les épaules baissés, elle s'en va chercher Vannina, posée par terre sur son tapis d'éveil. Je choisis de les regarder.

— Aller, on va prendre le bain toutes les deux, papa ne peut pas.

La voix de Jen se brise à la fin de sa phrase. Elle se redresse avec notre fille dans les bras et reprend sa route vers la salle de bain. Je les suis sans que ma compagne y prête attention.

— Bah oui, parce que toi tu ne peux pas être sale comme moi, il faut que tu sentes bon. Tu sens toujours bon Vannina. Mais pour ça, il faut quand même prendre son bain. Tu es prête ?

Jenifer rit un peu, mais Vannina se met à pleurer.

— Mais non, mais non, ne pleure pas. Pourquoi tu pleures ?

C'est moi ou elle panique ? Quand je m'approche, Jenifer continue de demander à Vannina de se calmer. J'entre dans la pièce, Jenifer se tourne vers moi, sa main posée sur le ventre de la petite.

— Qu'est-ce que tu veux Matthieu ? Tu n'attendais pas un appel ?

— Ça va ?

Jenifer est énervée que je suis là. Mais quand je lui demande si ça va, son regard se mouille. Je m'avance vers elles.

— Je vais t'aider, l'appel attendra.

Alors que je suis à côté d'elle, Jenifer refuse que je touche notre fille.

— Non, je vais le faire.

Elle a haussé le ton, pour se faire entendre, mais Vannina pleure encore plus, sûrement surprise par la voix de sa mère.

— Arrête de crier Jenifer, tu lui fais peur ! Arrête !

— Non toi arrête, je vais m'occuper d'elle, il faut que je le fasse. Son papa ne peut pas le faire, c'est à sa mère de le faire.

— Calme-toi Jenifer. Tu n'as aucune obligation.

— Tu te moques de moi ? Je suis sa mère, je suis dépassée par les obligations envers elle.

Elle commence à se livrer à moi, mais je suis obligée de la couper. Vannina risque d'attraper froid comme ça. Plus fort que ma compagne, je la pousse pour qu'elle ne s'occupe plus de rien. Non, ce n'est pas parce que c'est sa mère qu'elle a l'obligation de lui donner son bain si je ne peux pas. Si elle ne veut pas le faire, si je ne suis pas disponible, alors le bain sera pris plus tard ou pas du tout pour cette journée, il n'y a pas mort d'homme.