INCENDIE [JENIFER X MATT POKORA]

CHAPITRE 23

[JENIFER]

27 mars,

J'ai paniqué face à Matthieu tout à l'heure. J'ai eu peur, alors j'ai été méchante envers lui. Parce que oui, s'il ne l'assume pas cet enfant, je ne veux pas qu'il soit son père. Il ne sera que son géniteur. Mais moi ? Je fais quoi toute seule avec un enfant ? Même si j'ai toujours rêvé de cet enfant avec Matthieu, comment je vais faire ? Je n'ai pas l'âme d'une mère, et encore moins si je suis seule. Pour éviter de me retrouver avec moi-même dans mon appartement, j'ai décidé de sortir et ma conduite m'a mené à un bar. C'est celui où on allait avec Matthieu à une époque. Il n'était pas très connu, alors il n'y avait pas grand monde à l'intérieur. Mais il faut croire que maintenant, c'est l'inverse, il est branché, cinq ans après. Quand j'ouvre la porte du bar, je constate qu'il y a déjà une foule de personnes qui me sont inconnues. Certains se tournent vers moi, je souris faiblement et je m'avance vers une table. Je suis rapidement interpellé par un homme à la voix familière, même si ça fait longtemps que je ne l'ai pas entendu.

— Jenifer ?

Je me retourne vers celui qui m'appelle. Il s'approche de moi, un large sourire aux lèvres et finit par me prendre dans ses bras.

— Ça fait un bail Jenifer ! Me lance-t-il.

— Cinq ans déjà.

Après ma rupture avec Matthieu, j'ai arrêté de venir ici. Même si des amis à moi aimaient venir ici, j'arrivais toujours à trouver un autre lieu pour aller boire un coup. Tout me rappelle Matthieu ici. On venait là au moins une fois par semaine, pour se détendre, pour rire et le propriétaire était devenu notre ami. Je me sens d'un coup coupable d'avoir coupé les ponts avec lui du jour au lendemain. J'espère que Matthieu lui a expliqué notre situation, si oui, il a dû comprendre mon absence.

— Je t'offre un verre ?

— Un soda s'il te plaît.

— Avec plaisir.

Je le suis et il me mène jusqu'au bar central où il prépare les cocktails de tout le monde. Il cherche ce dont je lui ai demandé, me le verse dans un verre qu'il me donne.

— Merci.

— Qu'est-ce que tu deviens ? Depuis tout ce temps.

— Pas grand-chose.

— Arrête, je t'ai vu à la télé il n'y a pas si longtemps que ça, parce que madame a arrêté de venir ici.

— Désolée.

Je baisse la tête, sa main se pose sur la mienne. Je m'en veux de ne plus être revenu ici et à part un « désolé », je ne sais pas quoi lui dire de plus.

— Il n'y a pas de problème, je le sais bien qu'il y a des barmans plus sympas que moi.

Je ris doucement et relève les yeux vers lui.

— Tu es bête. C'est juste que...

— J'ai entendu dire ouais. Qu'est-ce qui te fait revenir ce soir ?

Je le regarde dans les yeux et il me sourit. J'ai envie d'être honnête, je n'ai plus envie de me cacher à présent.

— Matthieu, dis-je.

— Ah ouais ? Demande-t-il étonné. Vous ?

— Non. J'avais besoin de me retrouver avec d'anciens souvenirs.

— Ah, c'est mauvais ça, me lance-t-il en grimaçant.

— Est-ce que Matthieu vient souvent ici ?