Assise sur le bord de mon monde, mes cheveux roux flottent au vent du vide, sans vraiment chercher à suivre un quelconque sens logique. Ils volent et sont libres. Bien plus libre que moi. Je suis ici, les jambes pendantes au-dessus de cette bouche noire et béante. Peut-être que l'espace finira par m'engloutir. Peut-être que l'on viendra me « délivrer ». Mais pour cela, il faudrait déjà que je sois enfermée, au sens où tout le monde l'entend. J'avance dans ma vie sans la choisir. Je meurs à petit feu sans que personne ne vienne allumer le brasier que mon cœur réclame. Alors, comme tous les soirs au balcon de mon monde, je me lève, et laisse les barreaux me marquer la peau. La tête appuyée contre la barrière invisible, je regarde les étoiles, les constellations, les planètes, le soleil et les vaisseaux marchands. Puis, dans un soupir rempli de larmes, je pris pour mon avenir, pour une vie choisie.
Alors une dernière fois, contre ma volonté, mes yeux se baissent sur le plus lumineux des vaisseaux arrimés, juste en dessous de ma cage dorée. Mes genoux cèdent. Dernier moment de faiblesse. Dernier jour au bord de mon monde. Dernier.
Lui, ne pleurs sûrement pas. Lui, doit déjà dormir d'un sommeil profond. Lui, est joyeux. Lui, épouse la première fille du protecteur de Vimram. Lui, sera dès demain premier sur la liste des héritiers. Moi je ne suis qu'un moyen d'obtenir ce qu'il convoite.
Debout sur le bord de mon monde, les cheveux collés au visage par des larmes trop salés, je hurle mon désespoir, en priant pour ne pas avoir trop mal, quand mon monde s'effondrera.
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Un soir, une histoire
Short StoryBienvenue dans l'univers de tous les possibles, prenez place pour contempler des bouts de vies, des personnes. Laissez-vous entrainer, et attachez vous pour quelques lignes, pour quelques minutes à des lieux et personnages qui vivront pour toujours...