Un soir, une histoire

île aux Esprits

L'île regroupait le plus grand nombre de colonies d'Esprit au monde. Bien qu'ils ne soient que rarement dangereux pour les humains, mieux valait s'en tenir à l'écart, et ça tombait bien : le peu d'habitant qui avait décidé de rester sur cette île avait élu domicile sur son sommet et les nids étaient plutôt situés sur les côtes. Des nouvelles guerres de clans éclatées tous les matins, pour un éclaireur trop avancé, pour un œuf fissuré, ou bien juste pour passer le temps. Ici, il ne valait mieux pas dévalait les pentes même si les Esprits faisaient rarement leur apparition. En fait, la majorité de ceux qui prétendaient en avoir vu été des enfants.

Ce jour-là, une famille était partie en promenade un peu en dessous du village et c'était fait prendre de cours par un orage qui les avait séparés de leur fils. En panique et sous une pluie battante, le jeune couple ne cessait, de crier son nom. Mais, pas moyen qu'il l'entende ou qu'il le voit, ils finirent par se résoudre à l'évidence : il fallait attendre. Au bout d'un temps certain, quand la pluie cessa enfin et qu'on voyait un peu plus qu'à deux pieds devant soi, ils virent une boule grise et verte entre deux arbres. Elle se fana très progressivement, en devenant translucide jusqu'à s'évanouir pour laisser place à leur enfant. Et un Esprit majeur. Le second les immobilisa de stupeur, ils osaient à peine respirer.

Sans leur jeté le moindre regard, le petit Tim, qui lui avait l'air de vivre un épisode des plus normaux de sa vie, lui offrit son parapluie. L'Esprit sembla intrigué : il l'ouvrit, le referma et ceux plusieurs fois de suite en penchant la tête et clignant de l'œil. Mais finis par s'en saisir. Il tapota la tête de l'enfant avant de jeter un regard aux parents et poussa d'un geste doux l'enfant vers eux, puis s'enfuit sans dire un mot vers la côte.

Les parents récupérèrent l'enfant et lancèrent dans le vent : « Merci ! »