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Héhéhé ! Supriiiiiise ! Bonne lecture à vous et n'oubliez pas de voter !

J'étais en train de lire dans mon canapé, entourée des trois monstres, quand mon portable a émis un « ding » distinctif. Il était 16 h passées et j'ai immédiatement su qui venait de me contacter. En France, il ne devait pas être loin de minuit et Camille avait dit qu'elle me renverrait un message aujourd'hui. Elle avait dû sortir en catimini de son appartement, comme la fois précédente.

J'ai posé le livre que je lisais et ai ouvert mes mails, souriant en lisant l'objet.

De : la_meuf_au_scalpel92

À : roosevelt_chaton3

Objet : Salut Pamela Anderson !

Tu te doutes bien que je vais pas laisser passer l'anecdote du flic sexy façon Alerte à Malibu, pas vrai ? Tu peux pas me laisser mourir de curiosité comme ça, Raska, c'est pas humain. Tu vas le revoir ? Il voulait vraiment récolter des témoignages ou c'était juste une excuse pour entamer la conversation (je suis sérieuse, ça PEUT arriver) ? En plus, je croyais que tu en pinçais pour le voisin ténébreux ? Serait-ce un triangle amoureux que je vois poindre à l'horizon ? Non, je rigole, me tape pas, stp.

Plus sérieusement, je suis heureuse que tu sois bien installée. Et que ta grossesse se passe bien aussi, évidemment... En parlant de ça *introduction subtile*, tu m'as bien dit toute la vérité, à propos de Bastian ? Ton dernier mail m'a alarmée. Qu'est-ce qui s'est passé, ce soir-là ?

Raska, il faut que je te parle d'autre chose. La tension entre les BP et les McAllister a l'air de s'apaiser depuis quelques jours, voire de disparaître. Ça m'inquiète. C'est pas le genre de ta mère de passer l'éponge sur une offense, si ? Surtout quand cette offense touche d'aussi près la Famille... Si jamais elle renonce à se venger de ta mort, qu'est-ce que ça voudra dire, exactement ?

Je ne reviendrai au cybercafé que dans une semaine. Je ne veux pas attirer les soupçons. Du coup, je ne pourrai pas lire ta réponse avant. Je t'aime fort, tu le sais, ça ?

Prends soin de toi (et de ta vie sexuelle, bon sang, tu as deux Américains canons à tes trousses, mets-les à profit !)

Bisous 😘

Camille.

J'ai laissé retomber mon portable sur mes genoux, troublée. Ma mère abandonnait ses idées de vengeance ? Ça ne me disait rien qui vaille...

Parce que ça signifiait soit qu'elle ne me considérait pas suffisamment précieuse pour se donner la peine de me venger, ce que j'aurais préféré, et de loin, soit qu'elle savait que je n'étais pas morte.

Et qu'elle allait venir me chercher.

J'ai immédiatement chassé cette idée de mon esprit. J'avais une taupe au sein même de la Famille. Et ma mère, si elle m'avait suspectée de l'avoir trahie, serait déjà à mes trousses. Or, d'après ce que me disait Camille, elle s'était juste contentée d'éviter l'affrontement avec les BP. De toute façon, ce n'était plus qu'une question de temps avant que la fragile entente qui les séparait n'explose comme une bulle de savon. J'avais donné à Sal de quoi ruiner une des plus grosses affaires de la Famille, de quoi s'en emparer avant Dona. S'il était à moitié aussi intelligent que je le croyais, il ne laisserait pas passer l'occasion. J'espérais juste ne pas l'avoir surestimé...

J'ai pris une profonde inspiration et chassé ces tergiversations de mon esprit. Je n'avais aucune prise sur les décisions qu'allait prendre Dona, alors me faire du mauvais sang serait aussi inutile que dangereux. J'avais une grossesse à mener à terme dans les meilleures conditions possibles.

J'ai repensé à la conversation qui avait eu lieu quelques heures plus tôt. Seth avait cherché sur internet des sages-femmes qui acceptaient d'assister une naissance à domicile. Ça m'avait étonnée, mais, en réalité, il n'y en avait pas tant que cela. Une seule, pour être exacte. Et elle vivait à Bismarck. Nous l'avions appelée, enfin... Seth l'avait appelée puisque j'étais paralysée par la tension et me sentais incapable de parler avec une étrangère sans lui aboyer dessus et elle nous avait confirmé que j'habitais dans son rayon d'action. Elle m'avait fixé un rendez-vous pour la semaine prochaine et j'avais grincé des dents quand elle avait demandé mon adresse à Seth. Je ne sais pas ce qui lui avait mis la puce à l'oreille, mais il m'avait considérée pendant un moment avant de donner la sienne. J'avais sursauté d'abord, ne comprenant pas pourquoi il l'invitait à venir chez lui, mais j'avais senti une vague de soulagement m'envahir et un puissant sentiment de reconnaissance envers mon voisin, qui était à présent plus un ami qu'une connaissance. Il avait compris que je ne voulais pas d'une étrangère chez moi et que je ne serais jamais à mon aise si elle évoluait dans mon espace privé. Beaucoup auraient trouvé l'initiative déplacée, et elle l'aurait été si je n'avais pas autant espéré qu'il la prenne. Mais Seth semblait lire dans mes pensées, sonder avec efficacité les tréfonds de mon âme. J'avais peur de ce qu'il était capable d'y découvrir...

— Elle va sûrement te poser des questions et t'examiner pour déterminer si oui ou non tu es en assez bonne santé pour accoucher chez toi, m'avait-il informé après avoir raccroché.

— Comment tu sais tout ça ? m'étais-je enquise, interloquée.

— Je te l'ai dit, j'ai un petit frère. On a 21 ans d'écart, alors tu sais, j'ai un souvenir franchement clair de la grossesse de ma mère et de son accouchement.

Comme je savais qu'on s'aventurait sur un sujet dangereux, j'ai pesé mes mots avec soin :

— Tu n'étais pas à l'Armée, en ce temps-là ?

— Si, m'avait-il répondu sans tension dans la voix. J'étais déployé en Irak, plus précisément. Les troupes américaines s'y trouvaient encore, mais j'ai obtenu plusieurs permissions pour être auprès de ma famille pendant la grossesse et lors de l'accouchement. Du coup, je sais de quoi je parle.

— Hmm, hmm, avais-je simplement fredonné en réponse.

Son parcours militaire m'intriguait. Était-il un Marine ? Non, je ne le pensais pas. Il n'y avait pas cette aura « Semper Fidelis » suffocante que les Marines exsudaient par tous les pores, cette fierté qui les suivait même une fois qu'il leur manquait une jambe, un bras et de quoi vivre, puisque l'État leur versait une pension misérable pour « service rendu à la nation ». En même temps, qu'est-ce que j'en savais ? Jusqu'à ce qu'il me l'avoue de lui-même, je ne l'avais même pas soupçonné d'être un ancien soldat. Seth semblait plus secret et plus doué à cacher son passé que moi, finalement.

J'ai repris mon livre et je me suis replongée dedans, chassant définitivement Seth, la sage-femme et ma vie chaotique de mes pensées.

Il était déjà tard quand je suis allée me coucher. Mes paupières étaient lourdes de sommeil et j'ai décidé de ne pas lutter contre lui. J'avais besoin de repos et, même si les cauchemars me rattrapaient presque chaque nuit, je devais essayer de dormir. J'avais chargé mon Smith & Wesson et il était à présent coincé entre mes reins, là où je plaquais habituellement mon arme. Tant que je n'avais pas le permis, je ne pourrai pas le prendre sur moi lorsque je sortirais de la maison, mais chez moi, j'avais le droit de le porter tant que je voulais.

J'avais même le droit de tuer quelqu'un, du moment que ce quelqu'un était un intrus.

J'étais sous la douche chaude, pressée d'aller me coucher, quand un bruit au rez-de-chaussée m'a interpellée, me figeant dans mes mouvements. J'ai tendu l'oreille, aussi immobile qu'une statue, alors que l'eau continuait à ruisseler sur mon corps nu.

Crac !

Mon cœur a bondi dans ma poitrine. Il s'est mis à cogner si fort contre mes côtes que ça faisait presque mal. J'ai légèrement tiré le rideau pour regarder dans la salle de bain, et une boule s'est formée dans ma gorge. Mes chats n'étaient plus là. Ils me suivaient toujours dans la salle de bain et ne sortaient qu'une fois que je n'y étais plus.

J'ai immédiatement su que j'étais en danger.

On a cold Nebraska nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant