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Est-ce que j'ai oublié de vous poster la suite pendant... des semaines ? Oui. Pardon. Du coup, je vous mets deux chapitres pour le prix d'un ^^' N'oubliez pas de voter !

Je me suis tellement tordu le cou pour les observer depuis notre petit box au fond de la salle que j'ai manifestement attiré l'attention de Johnson sur eux. Il a jeté un coup d'œil par-dessus son épaule et s'est figé, ou plutôt crispé, si j'en croyais la rigidité soudaine de ses muscles.

Je me suis rencognée dans mon siège, m'en voulant de m'être montrée aussi peu subtile. Cependant, l'antipathie qui semblait animer les deux hommes titillait ma curiosité. C'était clair qu'ils ne s'aimaient pas beaucoup.

Pour le moment, les nouveaux arrivants ne nous avaient pas repérés. Et je préférais que ça reste comme ça.

— Vous pourriez être un peu moins discret ? ai-je persiflé à l'encontre du Sheriff.

Celui-ci s'est retourné et m'a considérée avec une nouvelle expression dans les yeux. Quelque chose qui oscillait entre de la curiosité et une certaine irritation.

— Vous connaissez Mr Springfield ?

J'ai pincé les lèvres, pesant avec soin les mots que j'allais prononcer.

— Bien sûr, c'est mon voisin et mon patron.

— Vous travaillez pour lui ?

— Oui, je suis sa secrétaire. Pourquoi ?

— Simple curiosité.

Mon cul oui.

Je me suis reconcentrée sur mon soda sans réussir à m'enlever de la tête les trois personnes qui venaient de s'installer à une table, près des baies vitrées du bar. Ils étaient de la même famille, c'était indéniable. Ce qui ne m'échappait pas non plus, c'était l'animosité qui crépitait entre les deux adultes. Qui était cette femme, pour Seth ? Une tante ? Une grande cousine ? Quoi qu'il en soit, ni l'un ni l'autre ne pouvait s'encadrer. Quant au garçon, je devinais que c'était le petit frère de Seth. Il était adorable, vu d'ici, à essayer d'animer la conversation avec enthousiasme, comme s'il ne remarquait pas la tension palpable entre les deux adultes qui l'accompagnaient. Mais je savais à quoi m'en tenir. Moi aussi, j'avais dû faire semblant de ne pas remarquer que tous les gens de ma famille se détestaient. Les enfants sentent ce genre de chose.

— Pauvre vieux, a soufflé Johnson en sirotant une gorgée de son café. C'est pas facile pour lui.

Outre le fait que rien dans le ton du Sheriff ne laissait à penser qu'il éprouvait une réelle compassion pour Seth, je n'étais pas dupe au point de ne pas comprendre qu'il tentait d'activer mon radar à ragots. Il était en train de prêcher le faux pour savoir le vrai, et je n'allais pas jouer à ce petit jeu. Même si je ne savais pas du tout de quoi il était en train de parler, j'ai approuvé d'un ton grave.

— Hmm hmm. C'est vrai. Du coup Sheriff, vous ne m'avez pas dit, vous habitez à Minot ?

Je brûlais d'envie de savoir ce qui se tramait dans la vie du mystérieux samaritain, mais je ne voulais certainement pas l'apprendre de la bouche d'un type qui ne l'aimait manifestement pas.

— Oh, je vous en prie, appelez-moi par mon prénom ! s'est insurgé Johnson.

L'espièglerie avait fait son grand retour sur son visage et je devais bien avouer que, même si je me méfiais quelque peu de cet individu, je ne pouvais pas m'empêcher de fondre. Et je détestais ça.

— Et pour répondre votre question, oui, depuis presque toujours.

Nous avons continué à converser paisiblement pendant une vingtaine de minutes et je me suis efforcée de ne plus du tout regarder dans la direction de Seth, même si j'en mourais d'envie. Néanmoins, le temps n'est pas passé aussi désagréablement que je l'avais prévu. Johnson, Tom pour les intimes, était un interlocuteur fort plaisant, autant à regarder qu'à écouter, d'ailleurs. Il ne monopolisait pas non plus la conversation, comme beaucoup de mecs à l'ego surdimensionné et remontait lentement mais sûrement dans mon estime.

On a cold Nebraska nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant