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Le SUV a ralenti puis s'est arrêté. Les portières à l'avant ont claqué et je me suis préparée à la suite, qui allait certainement être peu agréable.

Le coffre s'est ouvert est un des hommes de main de Sal m'a saisie par le biceps et m'a quasiment fait voler hors du coffre. J'ai poussé un cri et donné un coup de pied dans son tibia en l'insultant copieusement. Son poing s'est écrasé sur ma lèvre et j'ai vu des étoiles. Mon sang a éclaboussé le sol du hangar dans lequel nous nous trouvions et j'ai réprimé un sourire.

Et d'un.

— Calme-toi ou t'auras pas le temps de rencontrer Sal.

J'ai relevé la tête, crachant par terre pour évacuer le sang qui emplissait ma bouche.

— Oh, on va m'amener à Sal ? Quel honneur !

— Ta gueule. Avance.

Il m'a donné un gros coup dans le dos pour me pousser en avant et j'ai titubé sur quelques pas avant de retrouver mon équilibre. Ils m'ont entraîné à travers le bâtiment désaffecté, un de ceux qu'ils utilisaient habituellement pour interroger les types à qui ils ne faisait plus confiance, ou ceux qui leur devaient de l'argent. Généralement aucun de ceux qu'on y entraînait de force n'en sortait vivant.

Nous avons émergé dans une grande salle au sol en béton, au fond duquel se trouvait un groupe d'hommes autour d'une table, en train de jouer aux cartes. Parmi eux, il y avait Salim Ben-Haddad, le chef des Black Panthers. Il portait un bandana rouge sur son crâne rasé et plus de chaînes en or autour du cou que tous ses hommes réunis.

— On l'a trouvée qui rodait à un pâté de maison d'ici, a déclaré l'homme qui me poussait en avant. Elle a l'air d'être complètement bourrée.

Il m'a donné un coup violent dans l'épaule et je me suis étalée sur le sol en poussant un cri de douleur, juste aux pieds de Sal. Celui-ci a posé son jeu sur la table et a reculé sa chaise pour mieux s'y enfoncer, posant ses mains jointes sur ses genoux.

— Eh bien, eh bien, eh bien. Nebraska McAllister. Si on m'avait dit que j'aurais le plaisir de recevoir la visite de la meilleure avocate de la ville et de la fille de Dona, j'aurais mis une chemise.

Je me suis redressée sur les genoux en ricanant.

— Moi j'aurais pas pris la peine d'enfiler autre chose que les fringues que je porte. Je réserve les costards aux types que je veux impressionner.

— Qu'est-ce que tu fais sur le territoire des BP, Nebraska ? Ta maman ne t'a pas prévenu que se promener dans le quartier contrôlé par ses ennemis n'était pas une bonne idée ?

— Non, par contre elle m'a toujours dit qu'y a que les chihuahuas ou les types qui ont quelque chose à compenser qui portent autant de colliers en or. Tu fais partie de quelle catégorie, Sal ?

Une pluie de coups s'est abattue sur moi. Je n'ai pas essayé de me défendre, même si je savais mettre K.O. un homme adulte depuis que j'avais 7 ans. Je me suis juste arrangée pour encaisser les coups sur mon visage, mes jambes ou mes bras, en protégeant imperceptiblement mon ventre.

— Assez, a grondé Sal, qui apparemment n'avait pas apprécié l'insulte.

Ses hommes de main ont arrêté de s'acharner sur moi et je me suis hissée sur les paumes en gémissant. Je ne sentais plus l'intégralité de mon visage et je ne voyais plus grand-chose non plus. Mon œil droit était fermé et mon nez très certainement cassé. J'avais des dents déchaussées et la lèvre ouverte. Pourtant, je jubilais intérieurement.

J'ai laissé échapper un rire de dingue, que je n'ai pas eu à simuler.

— Qu'est-ce que tu es venue foutre ici, Raska ? Tu cherches à provoquer maman ?

On a cold Nebraska nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant