Registre, extrait n°2

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L'histoire sera parsemée de ces petits extraits...

Bonne lecture !

Le simple fait qu'elle parlait d'elle à la troisième personne dans son journal intime prouvait qu'elle se considérait comme une simple spectatrice en ce monde, une figurante sans aucune importance et surtout sans aucune prise sur les événements.

Journal intime. Quel terme idiot, d'ailleurs. Qu'y avait-il de plus niais que l'idée de coucher sur papier ses pensées les plus honteuses, et bien souvent les plus tristement naïves ? Non, ce n'était pas un journal intime qu'elle tenait, mais un registre. Un genre de résumé de ses journées, un établissement concret des faits, le seul et unique endroit au monde où elle pouvait être elle-même sans se préoccuper des autres, sans faire semblant.

Elle détestait cela, faire semblant.

Faire semblant que tous les agissements de ses proches avaient un sens, faire semblant qu'elle comprenait leur réaction, faire semblant d'avoir peur quand c'était approprié, faire semblant d'en avoir quelque chose à faire quand M. tuait quelqu'un sous ses yeux.

Faire semblant qu'elle aimait ces gens qui faisaient partie de sa famille.

Mais la seule vérité, celle qu'elle ne divulguait jamais, celle qu'elle se contentait de coucher sur ce registre, l'hideuse vérité qui aurait fait d'elle un monstre, c'est qu'elle n'en avait rien à faire.

Rien du tout.

On a cold Nebraska nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant