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Seth m'a déposée devant la prétendue boutique que je devais visiter et je lui ai fait signe jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin d'une rue. J'ai alors sorti mon portable et cherché sur Google Maps le nom de l'armurerie que j'avais repérée un peu plus tôt. J'étais à environ 800 mètres, m'apprenait l'application GPS, alors je m'y suis rendue en marchant tranquillement, le nez baissé. J'avais moins peur qu'avant de me promener tête nue dans la rue (j'avais fait des progrès depuis la perruque et la canne d'aveugle), mais je restais tout de même sur mes gardes.

J'ai poussé la porte du magasin et n'ai pas pu retenir un hoquet de surprise. La vache... ce n'était pas en France qu'on trouvait ce genre de boutiques... Et j'avais presque envie de dire... heureusement. L'endroit était blindé d'armes en tout genre, accrochées au mur et rangées en rayon comme s'il s'agissait de boîtes de conserve. Ça m'a presque fait peur.

Un grand type derrière le comptoir m'a saluée avec un air légèrement amusé. Je n'avais peut-être pas le profil de ses clients habituels. Même s'il avait déjà dû voir son lot de filles rentrer là-dedans, j'avais la sensation qu'il se demandait si je ne m'étais pas trompée de boutiques.

J'allais éclaircir la situation au plus vite.

Je me suis approchée de lui et je lui ai souri avec calme :

— Bonjour, vous avez un stand d'essai ?

— Oui, M'dame.

— Et on peut essayer sans acheter ?

— Affirmatif.

Il se payait ma tronche. Il n'allait pas rire longtemps.

— Très bien, je voudrais essayer vos semi-automatiques. Un Sig-Sauer P228 et un Glock 19. Vous avez un Smith & Wesson M&P9 ?

Cette fois, le sourire du type a disparu et il m'a observée avec circonspection, comme s'il cherchait à savoir si je jouais les connaisseuses ou si je savais réellement de quoi je parlais.

— J'ai tout ce qu'il vous faut. Vous voulez essayer les trois ?

J'ai acquiescé. Le vendeur a fait une drôle de tête que je n'ai pas voulue interpréter et m'a guidée jusqu'au stand de tir intérieur qui se trouvait à l'arrière de sa boutique. C'était une grande salle où s'alignaient des cabines dans lesquelles le tireur se plaçait et pouvait tirer sur une cible en face de lui, à la distance qu'il voulait. Il y avait un homme, accompagné d'un autre vendeur, dans un des stands du fond. J'ai mis le casque, chargé adroitement le premier pistolet, mon bon vieux Glock, visé et tiré sur la cible. Les trois balles ont percé son centre et il en est allé de même avec les deux autres pistolets. Le type du comptoir ne me reluquait plus avec un petit sourire suffisant, bizarrement.

J'ai retiré le casque et je me suis tournée vers lui.

— Je préfère le Smith & Wesson. Je le trouve plus maniable.

— Vous avez un permis ? s'est-il enquis sur le ton de la conversation.

— J'ai passé le test et j'attends la confirmation. Ça ne devrait plus être long, maintenant.

Un sifflement impressionné a retenti derrière moi et j'ai fait volteface, les sourcils froncés. Il m'a fallu rassembler la moindre once de sang-froid que je possédais pour ne pas braquer le flingue que je tenais sur l'intervenant.

J'ai cligné des yeux. Plusieurs fois. Je me suis demandée si mon cerveau ne me jouait pas des tours, mais, apparemment, je n'hallucinais pas : c'était bien le Sheriff Johnson qui se trouvait là.

La poisse ! Heureusement que je ne l'ai pas visé avec mon gun...

Je me suis efforcée de sourire avec désinvolture, surprise de le découvrir en civil. Il portait un jean et un T-shirt bleu chiné. J'étais déconcertée de ne pas le voir dans son uniforme et sans son chapeau. Il était encore plus beau comme ça. Je ne pensais même pas que c'était possible.

On a cold Nebraska nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant