*** Warning. Comme on dit chez moi, Leerian a '' looser sa shit '' dans ce chapitre. Y va avoir du sang... et pas qu'un peu. ***
Pendant qu'un trio nouvellement recomposé partait vers le sud à destination de Wondor, un elfe solitaire s'était mis à jouer les commandos. La tête pleine d'idées de tortures pour celui ou celle qui avait osé garder son épée, il se sentait prêt à tout pour la récupérer.
Leerian n'avait jamais été fan du sang. Depuis qu'il était loup-garou, ça le rendait souvent malade. Mais à ce moment précis, il en oubliait toutes ses peurs et ses craintes ; il allait tuer tous ces foutus trolls jusqu'au dernier si ce n'était que pour remettre la main sur son héritage. Le même héritage qui lui faisait si honte, certes, mais ne pas récupérer l'arme l'enfoncerait si profondément dans cette honte qu'il ne lui resterait plus qu'à creuser sa tombe, s'allonger dedans et attendre son heure.
Il se sentait désespéré à ce point. Leerian se revoyait en pensées, petit garçon dans son lit, son père lui racontant les épopées héroïques de ses ancêtres. Les guerres qu'ils avaient menées, les territoires conquis sur d'autres pays, les dragons qu'ils avaient terrassés, pendant que son paternel, les yeux brillants tant il était animé par ses histoires, pointait l'épée, accrochée au mur dans son fourreau. Et à chaque fois, il terminait son récit de la même façon : « quand je ne serai plus là, ce sera ton devoir de veiller sur cette épée. Elle est tout ce qu'il nous reste, tu comprends ? »
Il comprenait. Il l'avait toujours compris, depuis aussi loin qu'il pouvait s'en souvenir. Il savait qu'elle serait un jour à lui alors qu'il n'avait pas plus de cinq ans, s'amusant avec des branches en prétendant pourchasser un dragon pendant qu'il coursait les pixies. Il le savait à sept ans, quand son père lui avait fabriqué une épée en bois pour lui apprendre à la manier. Et il le savait encore dix ans plus tard, alors qu'il était prêt à tuer pour la récupérer.
En seulement quelques minutes, il avait retrouvé la clairière des lutins. L'endroit semblait vide, abandonné. Les petites maisons en champignons étaient défoncées. Des flutes et des tambours trainaient au sol. Même les pixies avaient déserté la place. C'était complètement inhabité. Leerian avait du mal à croire qu'à peine douze heures plus tôt, c'était la fête et la musique assourdissante. Maintenant, il n'y avait plus que des chants d'oiseaux et des insectes.
La colère qui le brûlait de l'intérieur s'intensifia encore plus, si c'était possible. Les poings serrés, il s'avança vers l'endroit où reposait autrefois le feu de camp. Les quelques buches étaient toujours autour du tas de cendre, mais évidemment, rien ne trainait à cet endroit-là. Tout en faisant attention où il mettait les pieds, Leerian s'efforça de se souvenir de la scène. Tout était très flou dans son esprit, mais il se rappelait assez clairement du troll qui s'était tenu là, s'apprêtant à décapiter Danayelle. C'était là qu'était tombée l'épée... Juste là, à ses pieds.
Leerian s'accroupit, ses yeux félins rétrécis en deux minuscules fentes verticales. Du bout des doigts, il effleura la terre, légèrement humide, fraiche et douce. Elle formait une ligne droite et très longue, entourée de deux traces de pas énormes. Près de ce qui semblait être la forme de la garde, plusieurs cratères imitaient les gros doigts d'un troll. Il n'y avait aucune place au doute ; son épée était là, un troll l'avait prise. Il ne lui restait alors qu'une seule chose à faire. Le pister.
Les elfes étant de purs végétariens, Leerian n'avait jamais eu la nécessité d'apprendre à pister. Pourtant, il l'avait fait, et il était même très doué. De ça, c'était sa mère qui le lui avait appris. Pourquoi jugeait-elle utile que son fils sache suivre les animaux, l'entrainant sur les cerfs et les ours ? Il ne l'avait jamais réellement compris, mais il avait trouvé l'activité suffisamment amusante, et surtout satisfaisante quand il arrivait à son but, pour se prêter au jeu.
VOUS LISEZ
la légende de Nyirdall, Tome 1
FantasyDans le pays de Nyirdall vit un nombre incalculable de créatures : elfes, fées, sirènes et autres dragons. La féerie et la magie sont les maîtres mots de ces terres où la beauté n'est plus un critère à douter. Leerian y vit, reclus. Peureux et soli...