— Il faut aller vers le nord, dit Danayelle. Plus on montera vers le nord, plus il y aura d'îles. On trouvera forcément quelqu'un par là pour nous indiquer le chemin... puisqu'on a perdu la carte.
Leerian pouffa d'un léger rire nerveux.
— Ce n'est pas aussi une expression qui signifie qu'on devient fou ?
Les filles s'échangèrent un regard tendu. Puis Danayelle s'avança vers le petit bateau de bois et l'empoigna par l'un des côtés, le souleva autant qu'elle put et s'élança vers la gauche. Leerian se précipita derrière elle pour l'attraper par son autre côté et tira pour l'arrêter.
— Le nord, c'est par là ! dit-il en pointant le doigt vers la droite.
— Je le savais, répliqua Danayelle en levant le nez d'un air hautin.
Ils longèrent cette fois la plage vers la bonne direction. Quand le peu de ce qu'il restait de soleil fut complètement sur leur gauche, ils posèrent le bateau et le poussèrent pour atteindre la mer. Leerian s'arrêta dans son mouvement, lâcha un gros soupir, puis releva la tête pour faire un sourire incertain à Mishi et Danayelle.
— Elles seront toutes contre moi, hein ?
— Je ne les laisserais pas te toucher, dit Mishi avec conviction.
— Moi non plus ! ajouta Danayelle. On te protègera.
Leerian eut un nouveau rire nerveux, qui ressemblait plus à un gémissement qu'autre chose. Il détestait l'eau, et voilà qu'il partait en mer sur un radeau minuscule et que des sirènes allaient tenter de le violer. Ça s'annonçait joyeux !
Il prit une grande inspiration, essayant de se calmer, et continua de pousser le bateau. Danayelle et Mishi s'y installèrent, chacune à une extrémité, et se partagèrent les rames. Une fois que leur embarcation se mit à flotter, Leerian sauta dedans à son tour, au milieu. Les filles ramaient, lentement, regardant dans toutes les directions. Leerian, lui, était assis au centre précis de la petite chaloupe, s'éloignant autant que possible des bords, les doigts enroulés sur le manche en or de son épée.
— Je peux pagayer, dit-il après une minute de silence angoissante, alors que les vagues se faisaient de plus en plus grandes et écœurantes. Ça m'occupera l'esprit.
— Il vaut mieux que tu gardes tes mains libres et prêt à te défendre, dit Mishi. Je ne sais pas quand elles vont arriver. Probablement quand nous serons assez loin de l'île pour que nager soit impossible. Je leur avais dit que vous étiez mâles tous les deux , puisque les mâles ne peuvent pas faire grand-chose contre les sirènes... Mais ils auront une surprise en voyant Danayelle qui ne se laissera pas faire, ajouta Mishi avec un sourire de côté. Avec un peu de chance, elles viendront moins nombreuses en croyant que ce sera une tâche aisée.
— C'est drôle, je n'arrive pas à me décider si c'est insultant ou non, dit Danayelle.
— Pourquoi serait-ce insultant qu'elle ait dit que tu étais un mâle ? s'étonna Leerian. Après tous, c'est le sexe fort.
Ses paroles lui valurent un coup de rame à la tête de la part de Danayelle. Même Mishi fut incapable de le défendre, ne parvenant qu'à éclater de rire alors que Leerian se prenait le front à deux mains en grimaçant.
— C'est décidé, fit Danayelle. Je suis insulté. Et un petit conseil pour toi, mon roi ; évite de dire des conneries de ce genre quand tu es en minorité.
— Ouais, je vais m'en souvenir, grommela Leerian.
Danayelle remit sa rame dans l'eau et Leerian continua de se frotter le front. Mishi riait malgré elle, mais c'était autant pour la vengeance bien méritée que pour l'anxiété qui montait très haut, faisant battre son cœur à pleine vitesse. Ils étaient déjà à plus d'une centaine de mètres de leur île alors que le ciel avait définitivement cédé la place à la noirceur. Elle leva les yeux vers les étoiles qui étaient apparues, innombrable, formant toutes sortes de constellations.
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la légende de Nyirdall, Tome 1
FantasyDans le pays de Nyirdall vit un nombre incalculable de créatures : elfes, fées, sirènes et autres dragons. La féerie et la magie sont les maîtres mots de ces terres où la beauté n'est plus un critère à douter. Leerian y vit, reclus. Peureux et soli...