Quand Leerian ouvrit les yeux, il eut l'impression qu'à peine deux secondes s'étaient écoulées. Pourtant, à son réveille, il étendu dans un lit, dans une petite pièce au mur blanc. Des plantes en pots étaient posées dans chaque coin, ainsi que des fleurs dans des vases au-dessus des meubles. Elles dégageaient une odeur apaisante qui réussit presque à le replonger dans le sommeil, mais il s'en empêcha à temps ; ses derniers souvenirs lui revenaient en mémoire.
Il retira les couvertures et s'assit sur le lit. Puis baissa les yeux vers son propre corps, étonné de ce qu'il ressentait. Il n'avait plus mal, il se sentait léger et bien reposé. La douleur oppressante des balles d'argent ne l'atteignait plus, et il n'y avait qu'une seule raison possible ; quelqu'un les lui avait retirés. Mais qui, et pourquoi ? Et où était-il, au juste ?
Leerian sauta à terre et s'approcha de la fenêtre. Un mauvais pressentiment lui tordait les tripes, mais il devait vérifier. Il n'avait pas le choix.
Lentement, il prit le rideau beige d'une main et tira pour découvrir le paysage qu'elle cachait. Le choc le fit lâcher le tissu et il recula d'un pas, mais il se ressaisit rapidement et regarda à nouveau.
Il l'avait compris au premier coup d'œil ; il était toujours dans la Tour, au beau milieu de Stanmore. Au moins une centaine de mètres l'éloignait de la terre ferme, où des voitures allaient de droite à gauche sur le goudron sans que Leerian ne saisisse vraiment pourquoi. Les rues étaient pleines de gens qui marchaient et de fées qui volaient. C'était d'une telle agitation que Leerian en eut le tournis. Il recula d'un pas, regardant à nouveau tout autour de lui. Cette chambre dans laquelle il était lui semblait tout aussi irréaliste que la ville de Stanmore tout entière.
J'ai manqué un bout, pensa-t-il, confus. Où est cette grande pièce avec tous ses gens qui m'observaient ? Et Danayelle ? Et...
Leerian se redressa soudain, se souvenant d'un détail quand même assez important. Le djinn. Il m'a fait quelque chose !
Il se précipita vers la porte dans l'idée de s'enfuir en courant, mais il eut à peine le temps de faire un pas que celle-ci s'ouvrait d'elle-même. Leerian figea, ne sachant plus quoi faire. Et c'est dans cette seconde d'indécision qu'un djinn entra dans la chambre en refermant derrière lui.
Leerian déglutit en reculant, son cœur s'emballant dans sa poitrine. Il était seul, dans une pièce minuscule, avec un djinn ! Cet être aux proportions d'un homme, si ce n'était sa peau bleue qui détonnait complètement. Il était habillé avec classe, pourtant, en costume sobre, les chaussures cirées et le mouchoir blanc dans la poche de devant.
— Bonjour, dit-il avec un sourire éclatant, je m'appelle Chris.
Leerian détourna la tête. Même son ton, en apparence bienveillant, l'intimidait.
— Drôle de nom, fit-il tout de même.
— Dans l'autre monde, c'est très commun. Bon, assieds-toi, Leerian. J'ai à te parler.
Leerian frissonna, mais s'exécuta. Il s'installa sur le lit, les yeux rivés sur ses genoux. Il se sentait comme quand il était petit et que son père se préparait à le gronder.
Devant lui, Chris tira une chaise et croisa les bras. Il observait Leerian comme un spécimen dans un zoo. Le silence dura quelques secondes supplémentaires.
— Tu te poses toutes sortes de questions, pas vraies ? Je vais y répondre dans l'ordre. Tu es, comme tu l'as deviné, dans la Tour. Au quarante-cinquième étage, précisément. Il y a deux jours, tu t'es évanoui pendant le procès, et il avait été impossible de te réveiller. Il se trouve que les balles d'argents qui étaient dans ton corps — il y en avait cinq — étaient en train de te tuer. Quelques heures de plus et on t'aurait perdu. Après les avoir retirés, nous t'avons apporté ici, dans cette chambre... Entre-temps, ton amie Danayelle est repartie à l'Institut.
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la légende de Nyirdall, Tome 1
FantasyDans le pays de Nyirdall vit un nombre incalculable de créatures : elfes, fées, sirènes et autres dragons. La féerie et la magie sont les maîtres mots de ces terres où la beauté n'est plus un critère à douter. Leerian y vit, reclus. Peureux et soli...