À plusieurs centaines de kilomètres de la mer Maras, sur la terre ferme, Egrim venait tout juste d'arriver à destination. Stanmore s'élevait devant lui, ses gratte-ciels et ses lumières, ses voitures volantes et le bruit constant. Il regardait le tout comme s'il n'y avait pas mis les pieds depuis des années, alors qu'en réalité, sa dernière visite ne remontait à une semaine.
Il était toujours assis aux côtés du cocher, sur le devant de la diligence, Jean dormant sur ses épaules.
— Je n'irais pas plus loin, petit, dit le cocher d'un ton dur. Stanmore est là, tu peux partir.
— J'ai pourtant une idée toute simple qui pourrait vous rapporter trente pièces d'or.
L'homme inclina la tête. Il était intrigué malgré lui, alors qu'il ne souhaitait que démontrer la colère qu'il éprouvait pour le téléporteur. Il avait bien été manipulé par cet elfe pour faire toute cette route, qui leur avait pris plusieurs heures... mais pourquoi cracher sur de l'or ?
— Comment ?
Egrim eut un sourire en coin. Son plan consistait autant à rendre service au cocher, qu'à se servir de lui encore un peu plus pour aller plus loin dans la ville.
— Il y a une rançon sur ma tête. Conduisez-moi au poste de police en disant que vous m'avez capturé.
— Alors... tu es un criminel ?
— J'ai volé une voiture, avoua Egrim d'un banal mouvement d'épaule. Je l'aurais bien rendu au propriétaire après usage, mais, le problème, c'est que je l'ai explosé. Bon, le journal raconte aussi que je me suis enfui de l'Institut, mais c'est faux, j'ai eu l'autorisation de sortie !
Le cocher secoua la tête, sans répliquer. Il était vraiment tombé sur tout un phénomène ! Puis un détail lui sauta aux yeux, et un hoquet de surprise lui échappa alors qu'il se tournait vers Egrim. Ses rênes retombèrent sur ses cuisses et les chevaux s'arrêtèrent de trotter. La route s'était depuis peu transformée en goudrons et le clap clap de leurs sabots étaient assourdissant.
— Tu es l'un de ses gamins du journal ! Oui, j'ai lu l'article ! Mais alors... est-ce vrai que...
Le cocher s'interrompit, comme s'il croyait qu'Egrim aurait pu comprendre sa question pour si peu. Celui-ci inclina la tête, attendant la suite.
— Est-ce vrai que... l'un d'entre vous est... Celeyste ?
Egrim eut un sourire de côté. Pendant un instant, il en fut presque jaloux.
— Ça se pourrait bien, dit-il simplement.
L'homme eut une exclamation incrédule, puis reporta son attention à la route. Il donna un coup de rênes et les chevaux reprirent leurs marches. Le chemin se faisait de plus en plus large, ils croisaient plus de gens à leur passage. Des maisons modernes étaient plus nombreuses, leurs cours avant plus petites. Bientôt, ils se mirent à rencontrer les premières voitures, ce qui affola légèrement les bêtes. En levant les yeux, Egrim voyait les gratte-ciels. Il guida le cocher vers l'un des centres de police le plus proche, qui était plutôt en banlieue. Mais déjà, il y avait des magasins, des gens de toutes les races, du bruit... beaucoup de bruit. C'était difficile à croire qu'il était près de onze heures du soir.
— C'est ça, dit Egrim en pointant au loin une simple bâtisse en brique avec un gros panneau au-dessus de la porte indiquant, en toute logique, « police ». Je vais me coucher, pour faire comme si vous m'avez assommé. En arrivant, vous prendrez un air méchant et m'empoignerez solidement par le bras pour me réveiller, mais je vais faire genre « je suis trop sonné pour me défendre ».
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la légende de Nyirdall, Tome 1
FantasyDans le pays de Nyirdall vit un nombre incalculable de créatures : elfes, fées, sirènes et autres dragons. La féerie et la magie sont les maîtres mots de ces terres où la beauté n'est plus un critère à douter. Leerian y vit, reclus. Peureux et soli...