Chapitre 53 (1/2)

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Danayelle fut la première à se réveiller. Il faisait longtemps qu'elle n'avait pas aussi bien dormi, et surtout aussi tard ! D'habitude, Leerian ne se gênait pas à les lever à l'aurore, comme s'il était toujours pressé par quelque chose. Mais pas cette fois. Étendue dans le lit, un large sourire étirant ses lèvres, elle se sentait fraiche comme une rose.

Jusqu'à ce que la vérité de sa situation lui revienne en tête. Son sourire disparut, ses yeux s'ouvrirent comme des billes. Aujourd'hui, le dernier bout de chemin allait être parcouru. C'était aujourd'hui qu'elle allait découvrir si sa tâche sera accomplie avec succès, lui garantissant une longue vie de paix... ou mourir dans d'atroce souffrance, noyer dans la lave d'un volcan.

Et dire que Mishi et Leerian ne savent encore rien de notre véritable destination... Comment allaient-ils réagir ? Mishi, surtout ? Une sirène sur une île volcanique ! Elle allait s'assécher comme du poisson pané !

Danayelle soupira, se leva enfin du lit dans lequel elle avait dormi et remis les draps en place. C'était la chambre d'amis des grands-parents de Nestor. Il y avait très peu de décorations ; un tableau représentant la mer sur un soleil couchant, une large fenêtre aux rideaux blancs, des murs en latte de bois. Un fauteuil dans un coin. Et une étagère avec quelques babioles, avec un sac posé dessus. Ne se rappelant pas de l'avoir remarqué la veille, Danayelle s'en approcha. Une petite note était à côté, indiquant : « C'est pour toi, de Mishi. » À l'intérieur, il y avait des vêtements. Danayelle pouffa de rire, puis les enfila sans plus attendre, trop heureuse de se débarrasser des guenilles qu'elle portait depuis trop longtemps. Des leggins noirs, un teeshirt sans manche bleu foncé et un par-dessus blanc. Ce n'était pas spécialement à son gout, mais la texture du matériel, doux et confortable, lui arracha un soupire d'aise.

Enfin, elle sortit de la pièce et cogna à la porte voisine avant de l'ouvrir. De l'autre côté, elle vit, sur le lit, Mishi et Leerian qui semblaient encore dormir profondément en cuiller. Danayelle esquissa un sourire attendri, puis referma la porte.

— Déjà debout ?

Danayelle sursauta en se retournant. Derrière elle, il y avait le grand-père de Nestor, un vieil homme en chemise de nuit. Il pouffa d'un léger rire, avant de reprendre :

— Alors, qu'allez-vous faire aujourd'hui ? Je ne veux pas paraître rude, mais vous ne pouvez pas rester chez moi. Vous voyez, ma chère ; des naufragés arrivent presque tous les jours sur notre île, et si on veut leur rendre le meilleur soutien possible, ce n'est pas en les hébergeant gratuitement pendant des mois. Notre façon de faire a toujours été la même ; on leur donne un lit pour une seule nuit, et le lendemain, on les aide à repartir. Alors voilà ; votre temps est venu !

— Oui, bien sûr ! fit Danayelle en hochant la tête. Nous comptions reprendre la route aujourd'hui, justement. Dès que mes amis seront debout. Ce qui ne devrait pas être trop long ; d'habitude, c'est Leerian qui se réveille en premier... mais Mishi en dernier, aussi...

— Il n'y a aucun problème. Viens avec moi.

Le vieux s'éloigna en direction de la porte d'entrée, ou plutôt où elle aurait dû être. Il n'y avait que l'ouverture, et un rideau menant à l'extérieur. Danayelle se précipita sur ses talons. Il s'arrêta sur son grand balcon, s'asseyant à l'une des tables où l'attendait une tasse de café, des verres vides et une carafe emplie de jus d'ananas. Il fit signe à Danayelle de se servir, puis s'appropria la tasse, trempant ses lèvres dedans.

— Nous avons récupéré le petit radeau sur lequel vous êtes arrivé hier et on l'a un peu retapé et nettoyé. Vous avez eu des problèmes en cours de route ? Nous avons trouvé ce qui semblait être une flaque de sang, dans la coque !

la légende de Nyirdall, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant