The Unsaid Between Us

SECOND MONTH - PART.I

Lorsque mes paupières s'ouvrent, il me faut quelques secondes pour me rappeler à qui appartiennent ces murs peints d'un blanc si pur qu'il éblouit presque, décorés de quelques tableaux qui coutent probablement plus cher que tous mes biens réunis. Après avoir analysé la pièce de droite à gauche pour être sûre que mes souvenirs sont réels et non pas ceux d'un mauvais rêve, je laisse ma tête retomber sur le coussin en soupirant lourdement. Une tornade des évènements d'hier me revient de plein fouet et le sentiment d'être minable me gagne mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, je ne suis pas triste. Pour une championne dans l'art de chouiner, ce matin je n'ai pas envie de pleurer, même en repensant à tout ce qu'il s'est récemment passé dans ma vie. Je me sens juste... Je me sens vide. Je pense à ma mère... A James... A Tom... A Harry... A cette suite d'évènements et ce trop plein d'émotions qui m'ont conduite à me réveiller à Los Angeles dans la maison en bord de mer d'un ancien membre des One Direction, et je ne ressens plus rien. Comme si mon corps était fatigué de pleurer, de se sentir coupable, de se sentir ridicule et tout simplement de se rabaisser constamment.

Je lance The Scientist de Coldplay sur mon téléphone avant de me lever pour ouvrir la porte fenêtre de la chambre. L'air marin emporte directement sur son chemin le rideau couleur crème, obligeant le tissu à former, tout comme l'océan quelques mètres plus loin, des vagues. Je m'adosse contre un côté de la fenêtre, de sorte à être de profil, et porte à ma bouche une clope fraîchement puisée dans le paquet qui trônait sur la table de nuit. Protégeant la cigarette du courant d'air frais qui balaie mes cheveux déjà tout emmêlés, mon esprit reste braqué sur les évènements d'hier soir et je pense à la culpabilité que je ressentais, qui a maintenant disparue. Comme un cercle vicieux, le fait de ne plus me sentir coupable par rapport à Tom me fait me sentir coupable, parce que j'ai l'impression que je devrais m'en vouloir, que quelque part j'ai fait quelque chose de mal. 

Et pourtant... La situation n'est rien de plus que ce qu'elle est : une fille en pleine crise d'angoisse qui appelle le seul ami qui peut concrètement l'aider pendant que l'homme qu'elle aime dort paisiblement et semble mettre de la distance entre eux. Peut-être que je me fais des idées, peut-être que nous sommes juste tous les deux fatigués par nos travails respectifs et habitués à ne plus profiter de la présence de l'autre, mais la façon qu'il a de toujours m'assurer que tout va bien, de détailler de moins en moins ses journées, de ne plus prendre le temps de m'expliquer les paysages qu'ils voient et les endroits qu'ils visitent et me parler de sa relation avec les membres de l'équipe... Est-ce que je me fais réellement des idées? Quoi qu'il en soit, la peur de sonner pour la paranoïaque de service me conforte dans mon choix de ne jamais évoquer ce fossé qui se creuse une fois de plus entre nous. J'ai passé tellement de temps ces derniers mois, mobilisé tellement d'énergie, à essayer de lui montrer qu'il peut avoir confiance en moi et que je l'aime plus que de raison, je me demande presque si ca ne lui a pas fait peur. Ou s'il aurait peur s'il voyait que je m'inquiète autant. Et qu'il me manque autant. Et que j'ai autant besoin de lui. Je recrache la fumée qui vient tout juste de noircir mes poumons et laisse mes pensées se dissiper dans l'air pour me focaliser sur les choses que je dois faire aujourd'hui. 

L'émission... James... Il est impératif que j'appelle pour m'excuser en personne et prier pour que le présentateur ne m'en veuille pas trop d'avoir ruiner toute une interview de la sorte avant de pratiquement courir pour sortir du champ de la caméra.

Winona... Maï-Ly... Plus que jamais j'ai besoin de les appeler et de les tenir au courant de ce qu'il se passe dans ma vie. Il me faut leur avis sur la situation, ma crise de panique, moi passant la nuit chez Harry après l'avoir appelé pour voler à mon secours, Tom qui semble toujours plus distant... J'ai toujours du mal à l'admettre mais aujourd'hui est une exception : j'ai besoin d'elles et j'ai besoin d'être rassurée.