The Unsaid Between Us

YOU DRIVE ME CRAZY

Le passage à la nouvelle année : ma fête préférée. Peu importe l'époque, elle a toujours été synonyme de beaux souvenirs avec mes amis. Plus jeune, c'était avec les Totaly Spies. On allait chez l'une ou l'autre, parfois on arrivait à s'imposer aux soirées des personnes de notre classe et ca finissait en after chez nous... On hurlait, chantait, dansait, fumait, buvait, tombait, riait... Dans tous les cas on finissait avec un taux d'alcool qu'on ne pourrait plus supporter à l'heure actuelle. Maintenant c'est la bande. Il y a quelques années de ça nous l'avions fêté en boîte, c'était le cadeau de Tom. Je souris en me remémorant ces instants mais il s'efface aussitôt quand mon esprit décide de divaguer sur cette photo et la dispute qui s'en était suivie. La Sam du passé aimait tout gâcher... Mais je ne lui en veux pas. Je suis juste contente qu'elle n'existe plus. Ou presque.

Cette année, la fête sera en petit comité chez Tom. A mon grand désarroi, les Totaly Spies ne peuvent se libérer, ce qui fait de moi la seule fille entourée des frères Holland et Harrison. Enfin non, il y aura Tessa, j'imagine que ca compte... 

Assise à mon bureau, j'écoute champagne problems de Taylor Swift en gribouillant dans mon carnet à dessin, profitant de la chaleur que me procurent les rayons du soleil en caressant mon visage. Je ne sais pas quand ni comment j'ai arrêté de dessiner, mais je le regrette. J'avais oublié à quel point me concentrer sur mes croquis était thérapeutique et apaisant pour moi, surtout avec une musique douce dans les oreilles. C'est comme si le monde disparaissait. Juste ma feuille et moi, en train de parler un autre langage que le verbal. Je crois que de façon générale, ce que j'aime le plus est le processus créatif. Je m'en suis rendue compte en mettant en œuvre ma vidéo, et maintenant avec le dessin : j'aime trouver les idées, les assembler, les remodeler pour en faire quelque chose d'harmonieux. Il n'y a rien de plus satisfaisant. Le seul problème avec le dessin c'est que le résultat est très aléatoire, mais j'imagine que c'est parce que je ne me suis pas perfectionnée dans cet art comme je me suis perfectionnée dans la danse.

Entre deux traits de crayon, je jette un œil à l'enveloppe qui repose dans un coin du meuble, sur laquelle les trois lettres du prénom de Tom sont écrites. J'ai écrit ca une nuit où le sommeil refusait de me gagner et plus les jours défilent plus je me dis que la lui faire lire un jour est une mauvaise idée, en partie parce que le résultat est quitte ou double. Ces deux mois de cohabitation m'ont permis de réaliser que la seule façon efficace pour que je l'oublie serait de totalement couper les ponts. J'imagine que ne jamais lui donner cette lettre et donc recevoir sa réponse permettrait de retarder ce moment, dont la simple idée me tord le ventre. Soit il veut de moi, soit je disparais. Aussi dévastatrice cette décision peut-elle être, je pense qu'elle est objectivement la plus saine et raisonnable pour moi. J'ai vu des personnes entretenir des sentiments amoureux non réciproques pendant plusieurs années et passer à côté de relations qui en auraient valut la peine, je n'ai pas envie de regarder en arrière et me dire que si j'avais eu le courage de renoncer à ceux que j'ai pour Tom plus tôt, j'aurais pu vivre quelque chose de beau avec un autre.

Le pire dans tout ça c'est que j'en suis venue à un stade où y penser ne me fait plus rien. Il fut un temps où j'aurais pleuré ou au moins eu les larmes aux yeux, maintenant ma gorge se serre mais je suis résignée, et je déteste ça. Mes prunelles glissent à nouveau sur le rectangle de papier... Je soupire, l'attrape et le glisse dans mon sac. L'idée de potentiellement gâcher une bonne soirée ne m'aide pas à trouver mon courage, mais je sais que quelque part il est primordial pour ma santé mentale que je le fasse le plus vite possible.

Après avoir passé l'après-midi à dessiner et binge-watch The  Office, je trouve enfin la motivation de me bouger pour aller prendre une douche et me préparer pour ce soir. Le programme de la soirée est plutôt simple alors ma tenue le sera aussi : un col roulé noir, un pantalon de costume large de la même couleur et mes fidèles old-skool. J'attache mes cheveux en une tresse, m'applique un peu plus pour mon maquillage que pour ma tenue et une fois que je considère mon trait d'eye-liner convenable, enfile mon manteau. En me regardant dans le miroir de l'entrée, une excès de confiance en moi me pousse à dégainer mon téléphone et prendre une photo de mon reflet. Première story Instagram avec ma tête. J'imagine déjà mes ami.e.s réagir en la regardant, surtout les filles, et souris.