Nous rentrons et nous nous installons à une table. Je pose mes sacs au sol, tout comme Stella, qui retire aussi son petit manteau. Un serveur légèrement plus jeune que nous vient à notre table, un sourire qui se veut chaleureux et charmeur sur les lèvres. Il nous donne les menus sans aucun mot et repart voir de nouveaux clients. Nous regardons le menu dans un silence de mort.
"Enri et Shella vont nous rejoindre?
-Non, ils ont cours.
-Ah, d'accord.
-Jeune homme, nous avons choisi.Le serveur vient, carnet et stylo en main.
-Je vous écoute.
-Je vais prendre des frites et un steak. Avec beaucoup de frites.
-Stella...
-J'ai faim Margot. Laisse-moi manger.
-Et vous mademoiselle?
-Une salade césar avec de l'eau.
-Je reviens dans dix minutes.
-Dépêchez-vous, on reprend dans cinquante minutes.
-Je vais au plus vite.Le serveur se dépêche de partir en cuisine.
-Stella! Tu le stresse plus qu'autre chose.
-On n'a pas trois heures, il doit le savoir pour nous servir au mieux.
-Tu es horrible.
-On me le dit souvent."Un sourire fière apparaît sur ses lèvre. Après une petite dizaine de minutes à attendre sur nos portables, le serveur nous ramène nos plats. Nous le remercions et commençons dans le calme et le silence notre déjeuner. Stella et moi ne parlons jamais lors des repas. Pour nous, si l'on est à table, c'est pour manger, non pas pour parler et y passer des heures. Après à peine dix minutes, je finis mon plat. J'en passe dix autres à attendre que Stella finisse son plat, qu'elle ne termine pas d'ailleurs.
"C'est du gâchis.
-Margot, je mange à ma faim et je laisse le reste pour les serveurs.
-Je n'en peux plus de toi.
-Bon! On y va? On commence dans une vingtaine de minutes.
-Je vais régler, attends moi dehors."Elle se lève, enfile son manteau léger, prend son sac et sort. Je me lève alors, sans oublier mes affaires. Je me rends au comptoir et interpelle le serveur. Je lui donne ma carte bancaire, puis paye. Je ressors cinq minutes après Stella. Elle a un drôle de sourire sur les lèvres. Elle ne sourit jamais aussi bizarrement. Elle fixe un point qui m'est inconnu. Je passe ma main devant son visage.
"Stella! Tu me fais peur là.
Elle tourne légèrement la tête vers moi.
-Tu ne devinera jamais.
-C'est pour ça que tu vas m'expliquer.
-Noah, Taylor et Arone viennent de passer en voiture. Ils se sont arrêtés à mon niveau, et Taylor a commencé à me chercher.
-C'est Taylor quoi.
-Oui, enfin, et Noah lui a dit d'arrêter, il m'a défendu!
-Ah! C'est bien ça.
-Je ne m'attendais pas à cela. Et après, il m'a dit que l'on se verrait à la natation.
-Tu souris comme une idiote pour ça?
-C'est juste que je ne m'attendais pas à ça venant de lui.
-Je trouve que c'est cool, et mignon.
-Tu veux me faire perdre mon sourire?
-J'ai compris, ce n'est pas mignon. Juste cool.
-Bon, aller! On y va, sinon avec toi on va être en retard.
-Mais!
-Aller!"Elle me titre par le bras sous mes protestations et mes rires. Cette fille est tellement incroyable et bizarre parfois, c'est peut-être pour ça qu'elle est beaucoup appréciée. Après à peine cinq minutes, nous arrivons à la fac'. Nous décidons d'aller directement devant la salle, qui se trouve être ouverte. Sous l'accord du professeur, nous rentrons et nous installons à l'avant de la salle. À peine nous avons posé nos sacs au sol, que trois personnes rentrent. Le trio infernal. Plus si infernal avec Noah, mais bon. Ils passent à côté de nous et vont s'asseoir presque au fond de la pièce. Je parle rapidement avec Stella pour la supplier de venir me voir à la boxe ce soir. Elle ne promet rien, mais essayera. Je la sens, soudain, sursauter à côté de moi, me faisant légèrement crier. Je tourne la tête et vois Noah, une main sur son épaule, l'air désolé.
"Stella merde! Tu m'as fait peur. Et toi! Pourquoi tu nous fais des frayeurs pareilles?
Noah me sourit d'un air rieur cette fois-ci.
-Desolé. Je voulais te demander si on pouvait parler Stella. Si tu veux bien.
Je mets ma main sur ma bouche, m'empêchant de rire aux éclats. C'est si maladroit.
-Pourquoi?
Stella et la gentillesse, une grande histoire...
-Il te demande gentiment, sois un minimum sympathique.
-Dans le couloir."Elle se lève et ils sortent de la salle sous le regard amusé du professeur. Je replonge dans la lecture de mon magazine de sport, absorbée par quelques records du monde incroyables. Je sens alors deux choses me piquer de chaque côté de mes reins. Dans un sursaut, je me retourne, hurlant de peur. Je tombe sur le visage plus qu'amusé d'Arone.
"Vous avez décidé de me tuer aujourd'hui?
-Je trouve ça drôle.
-Tu peux retirer tes doigts de mes côtes maintenant, non?Il s'exécute, et me montre du menton la chaise vide de mon amie.
-Je peux?
-Elle est dans le couloir, vas-y.
-Merci poile de carotte.
-Finalement, non!
-Quoi?
-Tu t'installe, je te broie les dix doigts.
-Mais pourquoi?
-Quand tu apprendras à être plus gentil, et que tu arrêteras avec ce surnom très rabaissant, tu pourras me parler.
-Je voulais parler avec toi.
-Parles avec Taylor! Même s'il ne doit pas avoir beaucoup de conversation.
-Margot, s'il te plaît. C'est à propos de Noah.
-Margaret. Tu ne m'appelles pas par mes surnoms. On n'est pas amis. Et Noah fait ce qu'il veut, je n'ai rien à te dire, je ne lui parle pas.
-Tu as le chic pour m'énerver.
-Toi aussi!"Il retourne au fond s'asseoir avec son ami. Je marmonne un "connard" et me retourne. Je déteste ce surnom: "poile de carotte"; encore plus venant de lui. C'est comme si je l'appelais "musclor"... J'ai peut-être trouvé un surnom, juste pour lui montrer comme c'est blessant. Qui sème le vent, récolte la tempête. La sonnerie retentit, les premiers élèves rentrent. Plus qu'une heure et c'est la délivrance.
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The Best Enemies
RomanceIls se détestent jusqu'à en souffrir. Ils se détestent jusqu'au plus profond de leurs âmes. Ils s'opposent mais s'attirent. Ils veulent la douleur de l'autre, mais en souffrent aussi. Ne dit-on pas qu'il y a de l'amour dans la haine?