Chapitre 18

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🔼Une semaines plus tard🔼

Je descends les escaliers pour rejoindre le salon, où mes parents regardent la télévision. Je prends une grande inspiration puis entre dans la pièce. Ils ne m'ont pas vu, trop absorbés dans leur documentaire sur l'Amazonie.

"Maman, papa. Je peux vous parler?

Ils tournent le regard vers moi. Ma mère se redresse, tandis que mon père coupe le son de la télévision.

-Bien sûr ma chérie.

Je m'assois sur le bord de la table basse, prenant mon courage à deux mains.

-Je vous demande de m'écouter et de me comprendre, s'il vous plaît.
-On t'écoute, m'encourage mon père.
-Je sais que nos rapports sont... conflictuels en ce moment. Et cela ne change rien au fait que je vous aime. Mais même si je vous aime, je veux partir. Ne t'affole pas maman, s'il te plaît. Je veux être indépendante, vivre seule, inviter mes amies, devenir grande. En restant avec vous, je reste une petite fille. Ne niez pas. Maman, je dois te dire "je t'aime" chaque matin devant la fac', je dois t'embrasser. Je t'aime, plus que tout, mais je dois faire ma vie. Vous avez pu réfléchir depuis le temps que je vous ai soumis cette idée. Je veux que l'on règle cela ce soir.

Mes parents se regardent un instant, puis ma mère hoche la tête de bas en haut, et mon père finit par faire de même.

-Nous en avons parlé longtemps avec ta mère ces derniers temps. Et nous nous sommes mis d'accord. Tu auras ton chez-toi.
-C'est vrai? Vous voulez bien?
-Oui.
-Pour de vrai?
-Oui ma chérie. Mais promets moi de venir me voir ou de m'inviter. C'est dur pour une mère de laisser partir sa seule fille.
-Mais bien sûr maman. Ma porte vous sera toujours ouverte. Merci!

Je me jette dans leurs bras, sous les éclats de rire de ma mère, et ceux de mon père, enfin ce qui y ressemble.

-On verra si tu t'en sors.
-J'ai déjà vu quelques appartements, pas trop cher et près des lignes de transport.
-Tu as déjà tout prévu, ricane mon père.
-Merci, merci, merci. Je vous promets que tout se passera pour le mieux.
-On l'espère. Maintenant, vas te coucher ma chérie. Je dois parler à ton père.
-À demain alors. Et encore merci."

Je leur embrasse à chacun la joue et monte rapidement les escaliers. Je m'enferme dans ma chambre, sourire aux lèvres. Je vais avoir mon appartement! Je vais quitter la maison familiale et enfin vivre ma vie comme je l'entends. Il faut que j'appelle Stella!

Je me tourne dans mon lit, pour la énième fois de la nuit. Impossible de dormir. Je suis trop excitée et heureuse pour trouver le sommeil. Je me redresse et quitte mon lit. Je m'assois à mon bureau en allumant ma petite lampe qui s'y trouve. Je prends un magazine, et un morceau de papier tombe au sol. Je me penche pour le ramasser. Je reconnais alors le numéro de téléphone d'Arone. C'est vrai que j'ai ça moi. Je regarde l'heure. Trois heures du matin. Parfait! Je prends portable et compose son numéro. Je porte le combiné à mon oreille. J'attends, une sonnerie, deux, puis trois. Ça décroche.

"Allô?

Je souris à l'entente de sa voix rauque et enroué, signe que je l'ai réveillé.

-Bonsoir Ludwig.

Je souris. Pourquoi je souris moi!? J'entends du mouvement à l'autre bout du fil, puis plus rien.

-Margaret? C'est toi?
-Qui d'autre?
-Tu es folle de m'appeler à cette heure-ci.
-Tu m'as dit que je pouvais t'appeler, qu'importe l'heure. Nuit et jour.

Je fais mine d'être déçue de sa réaction. Il faut bien qu'il se fasse pardonner pour tout le mal qu'il m'a fait.

-C'est vrai. Mais je pensais qu'à trois heures du matin, tu dormais.
-Pas ce soir.
-Ça va?
-Plus que jamais, je crois. Je vais enfin partir de chez parents.
-C'est vrai?

Je me lève et fais quelques pas dans la pièce.

-Ils ont enfin accepter de voir que je grandis.
-Et LA conversation? Vous l'avez eu?

Je l'entends ricaner alors que je sens mes joues me brûler soudainement et une chaleur envahir mon corps tout entier.

-J'ai refusé! Il en était hors de question.
-C'est dur pour une fille de parler de sa vie sexuelle avec ses parents, je comprends.
-Parce que pour les garçons c'est facile?
-Bien sûr. Souvent c'est avec le père que l'on en parle, si l'on en parle. Et puis ça ressemble plus à une conversation entre amis.
-Tu l'as fait?
-Tu rigole j'espère. Jamais mon père ne me parlera de sexe!
-Oh... Au moins tu évite ce moment gênant où tes parents te regardent pour savoir si tu es vierge ou non.
-Je penses qu'ils savent que je ne le suis plus.

J'avale ma salive, mal à l'aise. Cette discussion me semble trop personnelle.

-Je n'aurais pas dû t'appeler. Il est tard et puis ça ne rime à rien.
-Tu as bien fait. Tu veux que je passe te voir?
-À trois heures du matin?
-Et pourquoi pas?
-Demain je travaille. Il faut que je dorme.
-C'est pour ça que tu m'appelles, pour dormir.
-Je ne sais pas pourquoi je t'ai appelé.
-Au moins tu l'as fait.
-Ça fera une chose en moins sur ma liste des choses à faire.
-Et il y a quoi d'autre sur ta liste?
-Trier ma penderie, acheter un cadeau pour l'anniversaire de mon frère et trouver un appartement, entre autres.
-Je suis plutôt bien placé.
-Si tu le dis.

Épuisée, je lâche malgré moi un bâillement. Peu sexy, mais naturel.

-Vas te coucher, tu es fatiguée. Ce n'est pas professionnel mademoiselle Martin.
-C'est vrai. Je vais aller me coucher.
-Repose-toi bien. Et n'oublie pas dans ton sommeil que j'ai un numéro.
-Je ne promets rien.
-Ce n'est pas grave. Je t'appellerai pour te le rappeler.
-Je ne décrocherai pas.
-Aller, file au lit. Bonne nuit mademoiselle Martin.
-Au revoir Monsieur Ludwig."

Je raccroche avant de m'effondrer sur mon lit, sourire aux lèvres.

The Best EnemiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant