Chapitre 6

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Je sors, accompagnée de ma fidèle Stella, de l'établissement.

"Tu m'accompagne en centre-ville?
-Non, me répond-t-elle, je vais partir avec Noah. Il m'a demandé de l'accompagner faire une course quand on a parlé dans le couloir.
-D'accord. À ce soir alors, peut-être.
-Ne t'inquiète pas. Bisou ma belle.
-Bisou."

Je lui fais signe de la main et m'éloigne, la laissant attendre son carrosse. Je suis très contente pour elle. J'espère que Noah n'ira pas trop vite, et qu'elle saura faire des efforts. Je continue mon chemin, imaginant ma meilleure amie vivre le grand amour. Après au moins cinq minutes de rêverie plutôt positives et joyeuses, je commence à arriver en centre-ville. Je marche, dans l'espoir de trouver un travail. Je vois d'abord une boutique de bijoux. Je rentre mais apprends très vite qu'ils n'ont besoin de personne. S'en suit le bar d'en face et l'agence de tourisme du bout de la rue. Rien. Après presque quatre heures de recherche dans le centre, et aux alentours de ma salle de boxe, j'avais fini par abandonner et je suis venue attendre devant la salle de boxe. Je veux attendre Stella avant d'y aller. Je sais qu'elle ferme à vingt-et-une heures, alors j'ai encore le temps. Je résiste contre l'envie de rentrer et de me défouler. Je suis trop frustrée, j'ai besoin de taper dans quelque chose. Finalement, prise d'un élan de courage et d'immense envie, je rentre dans la salle en saluant les habitués et les entraîneurs. Je me dirige directement vers les vestiaires pour me changer. Je le fais rapidement puis je file dans la salle. Je commence par la poire. Ça me détendra un minimum... Après un bon quart d'heure, j'enchaîne avec la corde à sauter. Mon entraîneur entre dans la salle, en saluant ses collègues et les sportifs.

"Salut coach!
-Margot? Je ne t'attendais pas si tôt. Je ne t'attendais pas tout court d'ailleurs.
-Ce n'est pas parce que j'ai cours que je vais t'abandonner.
-Quatre ans que tu me colles, je me doute bien que tu ne me lâchera pas.
-C'est pour ça que je viendrai toujours.
-Alors ta rentrée du coup?
-Je suis dans le "viseur" de mon prof' d'humanité, mais sinon ça va.
-Toi? La petite timide?
-C'est à cause de Ludwig. Il est dans ma classe.
-Tu me parles de lui depuis un an, j'ai l'impression de le connaître presque par coeur.
-Il m'énerve trop! Toujours ses remarques et son surnom à la noix.
-Ça passera, et tes vacances?
-En Irlande. C'était bien mais ennuyeux.
-Comme toujours.
-Je me demande si je ne devrais pas te demander en mariage.

Il écarquille les yeux, surpris.

-Pour... pourquoi?
-Détends toi, je plaisante. Ta tête! C'était trop drôle!
-Pour la peine, cinquante abdominaux. Une série de trois.
-Quoi?!
-Action, action. Je me change et quand tu auras fini, on passe au sac de frappe, voir si tu es toujours au top!
-J'adore quand tu me défie.
-Action!"

Il me tape dans la main, puis va en direction des vestiaires des membres du personnel. Lui, il sait comment me motiver. John a certes sept ans de plus que moi, il a toujours su y faire avec moi, et m'a appris à garder mon sang froid. Et à cogner dur. Il me connaît par coeur, et me considère comme sa petite soeur, n'ayant aucune famille. Alors pendant les vacances, je lui rends souvent visite, et on se boit régulièrement un café ensemble le samedi. C'est un très bon ami, et un entraîneur surprenant. Il connaît chacun de ses élèves sur le bout des doigts, et il sait y faire avec chacun. En plus, il a le coeur sur la main!

Finalement, ni ma mère et mon frère, ni Stella ne sont venus hier soir me voir à la boxe. J'étais plutôt déçue mais John a su me remonter le moral et ma soutenu qu'il ne fallait pas leur en vouloir. Et je sais qu'il a raison, même si j'ai l'impression que mes parents me délaissent, et que Stella commence à avoir d'autres chats à fouetter. Je me suis longuement confiée à John sur le chemin du retour, lorsqu'il m'a ramené chez moi. Mes parents n'ont pas entendu sa voiture, et ne m'ont pas entendu rentrer non plus. Il m'a conseillé d'avoir une discussion avec mes parents sur le fait qu'ils soient moins présents pour moi et mon frère. Je l'ai écouté, sagement, puis l'ai remercié. En rentrant, je suis allée me doucher et coucher. J'étais très fatiguée. Je me suis faite réveiller par mon frère ce matin, une demi heure avant que mon réveil sonne. Il voulait "parler boxe" avec une "professionnelle". Au début, ça ne m'a pas fait rire, mais finalement j'ai trouvé ça amusant. Donc me voilà, depuis une heure, en cours de français, complètement à la ramasse et fatiguée. Ce qui me motive, c'est le basket-ball de cet après-midi.

"Martin!

Je sursaute en entendant la professeur crier mon nom et taper sur ma table.

-Pardon.
-Le français est une matière importante jeune fille, dormir en cours l'est beaucoup moins.
-C'est juste que...
-Qui était Voltaire? Je vous écoute.
-C'est que...
-Nous en parlons depuis une heure! Vous êtes donc capable de me faire un résumé!
-Euh... je...
-Madame, s'il vous plaît, je peux aller aux toilettes? Je me sens horriblement mal.
-Smith, votre petit jeu ne...
-Je ne joue pas! J'ai la tête qui tourne...

je regarde Stella, cherchant à savoir si elle joue la comédie ou non.

-Je crois que Stella va vraiment mal, je ne l'ai jamais vu aussi blanche et...
-Allez aux toilettes.
-Je t'accompagne, on ne sait jamais.
-Vous restez ici vous!
-Je ne vais pas laisser ma meilleure amie dans cet état.
-J'ai besoin d'air...

Voyant nos regards insistants et suppliants, la professeur se résigne. J'aide Stella à se lever, puis avec difficulté, nous sortons de la salle.

-Quelle vieille cruche.
-Tu sais que j'ai vraiment cru que tu étais mal.
-Cinq années de théâtre!
-Merci beaucoup. Maintenant, explique moi si est ce "Voltaire"?"

The Best EnemiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant