Chapitre 19

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Je pose dans l'arrière boutique le seau d'eau et la serpillière. La vitre est lavée, Maria sera contente. Je prends le balai et me dirige vers le bureau de ma patronne. J'ouvre la porte et commence à ranger quelques petites choses. Je vide la poubelle, et dépoussiére le tapis. Je retourne dans la pièce et commence à balayer. Mon portable dans la poche de mon jogging se met à vibrer. Je le prends et remarque c'est un numéro non enregistré dans mon téléphone, mais je reconnais les premiers chiffres. Je décroche.

"Allô?
-Margaret!
-Arone...
-Je t'appelle pour te rappeler que tu as mon numéro.
-Je le sais.

Je colle le combiné à mon oreille et le bloque grâce à mon épaule. Je continue de faire le ménage.

-Qu'est-ce que tu fais? Tu semble faire un effort assez physique.
-Je fais le ménage dans la boutique, ne vas pas t'imaginer quelque chose d'autre.
-C'est vrai... tu travailles.
-Oui. Pourquoi tu m'appelles Arone?
-Je voulais savoir si tu étais libre. Mais du coup non.
-Ma patronne arrive vers midi pour faire les comptes.
-Et elle te libère à quelle heure?
-Midi. Alors Ludwig, tu as perdu ta langue et ton panache? Dis-moi ce que tu veux me demander.
-Est-ce que tu es libre pour déjeuner et passer un après-midi ensemble?
-Laisse-moi réfléchir et consulter mon agenda... Alors...
-Margaret.
-Oui?
-C'est oui ou non?
-Oui.
-Super! Je serais là à midi. Envoies moi l'adresse par message.
-D'accord, d'accord.
-À tout à l'heure.
-À tout à l'heure."

Je raccroche et range mon portable. Je finis le bureau et vaporise du désodorisant. Je range ensuite tout dans le placard à balais. Je retourne dans la boutique avec le portant de la nouvelle collection. Je retire un par un les vêtements de l'ancienne collection spéciale. Je regarde les pièces. C'est vrai que c'est joli, mais jamais je ne porterai ça. Je pose tout sur le portant le plus rapidement possible. Je commence à poser la nouvelle collection. Kim sera folle de la voir demain. La clochette de la boutique retentit. Je me retourne et souris à Maria.

"Bonjour ma belle.
-Bonjour Maria. Comment allez-vous?
-Très bien. Il y a du soleil, c'est merveilleux! Et toi?
-Ça va aussi. J'ai lavé la vitrine.
-C'est vrai? C'est très gentil de ta part ma belle! Il ne fallait pas.
-J'avais largement le temps.
-Tu es merveilleuse."

Je lui souris puis retourne à mon travail. Une fois que j'ai fini, je retourne en arrière boutique avec le portant. Je range quelques bricoles, puis retourne en boutique avec la boîte en bois renfermant les bijoux d'une amie créatrice de Maria qui voulait les mettre en vente ici. Je m'arrête sur le seuil, surprise. Maria parle avec Arone à la porte de la boutique. Il pose son regard sombre sur moi, et ma patronne tourne la tête vers moi, sourire aux lèvres.

"Tu ne m'avais pas dit que tu étais attendue. Je t'aurais libéré plus tôt.
-Ce n'est pas urgent Maria, je peux finir de...
-Je vais m'en occuper! Vas prendre tes affaires et vas t'amuser ma belle. Vous êtes jeunes! À votre âge j'explorais le monde!
-Vous êtes sûre?
-Mais oui! Allez, file.
-J'arrive Arone. Merci Maria."

Je m'empresse d'aller chercher mon sac et je retourne les voir. Je passe à côté de Maria, qui nous souhaite une excellente journée, et me mets face à Arone, sur le trottoir.

"J'espère que tu as prévu un bon déjeuner, je meurs de faim.
-Tu vas être ravie. Suis moi.

Nous traversons la rue pour rejoindre sa voiture. Nous montons, nous attachons et il démarre.

-Je vais avoir le droit à un interrogatoire en rentrant chez moi.
-Tu peux toujours leur mentir. Si tu veux pas que l'on sache...
-Si je disais la vérité sur ma vie à mes parents, je ne serais pas là, et toi tu serais dans de beaux draps. Mon père t'aurait fait un procès pour harcèlement et violence psychologique.
-Il n'a pas tord. Je voulais revenir sur ce point d'ailleurs. Tout est allé beaucoup trop loin entre nous...
-Tu l'as compris tout seul ou une bonne fée à agiter sa baguette au-dessus de ta tête pour connecter les deux neurones qu'il te reste?
-Deux bonnes fées plutôt.
-Qui donc?
-Stella et Noah. J'ai compris que j'étais vraiment un crétin. Je trouvais ça drôle alors que je te faisais du mal. J'ai mérité la gifle et le coup de pied. Par contre le coup de poing je doute encore...
-J'étais énervée. Je ne t'ai pas trop fait mal?
-J'ai connu pire. Je n'aurais jamais dû t'enfermer. Tu pourras te venger. Quelque chose à la hauteur.
-Ne me dis pas ça! Je risque de réellement le faire.
-Tu peux.

Je le regarde. Il dit vrai. Mais le faire ce serait déterrer la hache de guerre. Mes yeux se posent sur sa mâchoire, puis descendent. Son cou, ses épaules, ses bras, ses mains sur le volant.

-Tu m'emmène où?
-Dans un petit endroit calme.
-Ça ne me donne aucun indice. Si je dois envoyer des messages de détresse, je dois pouvoir situer mon corps. Avant que tu ne le découpe en petit bout.

Arone tourne la tête vers moi, sourire mi-amusé et mi-malicieux. Ses yeux pétillent d'un éclat que je ne connais pas.

-Je ne te ferais aucun mal, je te le promets.
-Alors, pour te prouver que je te fais confiance, bande moi les yeux.
-Avec plaisir.

Il s'arrête au premier feu rouge et fouille dans la boîte à gants. Il en sort une cravate. Il me la pose sur les yeux puis la noue à l'arrière de ma tête. La voiture reprend la route.

-Tu m'explique pourquoi tu as une cravate dans ta voiture?
-J'en ai toujours une, au cas où je dois en porter une et que je n'en ai pas. C'est avec mes parents. Je déteste en porter, en vrai.
-Je connais. Parfois je porte des talons. Je déteste aussi.
-Bon, maintenant tu te tais jusqu'à ce qu'on arrive.
-Tu es si délicat dans tes ordres Arone! J'en suis bouche bée!"

The Best EnemiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant