- 7 -

286 25 9
                                    

Septembre 2015

– Putain Princesse t'as une sale gueule, lâchai-je en lançant un regard plein de jugement à ma meilleure amie.

Maëlle était rentrée depuis un mois et demi en France, et depuis on passait de nouveau du temps ensemble dès qu'on en avait l'occasion. Ça me faisait chier de l'admettre, mais même si j'avais eu l'esprit occupé de ouf, cette casse-burne m'avait salement manqué. J'avais pas vraiment mesuré à quel point j'avais besoin de ses conseils pour avancer, et j'avais pas non plus trop capté à quel point elle prenait de la place – pas juste dans ma vie, mais aussi au sens littéral du terme : à tout le temps parler, chambrer, tailler, insulter, rigoler et blaguer, Maëlle prenait littéralement de la place.

Aujourd'hui, on était affalés sur mon canapé sous un plaid parce qu'on avait tous les deux choppé une méga crève on savait pas où. J'avais aucune énergie putain, je savais même pas ce qui se passait à la télé ni quel film on était en train de regarder. J'avais juste ma tête mollement posée sur l'épaule d'Elma, et je traçais machinalement des petits cercles sur les jambes qu'elle avait étendu sur les miennes. Mes cheveux partant dans tous les sens et ceux de ma meilleure pote plus ou moins attachés dans ce qui semblait être un chignon, on était en survêt et on avait aucune dégaine.

– On en parle de la tienne ? répliqua Elma avec toute l'agressivité qui la caractérisait.

Un faible sourire étira mes lèvres, juste parce que même si ça faisait un moment qu'elle était revenue, j'étais toujours aussi content d'avoir retrouvé son caractère de merde.

– Je suis sûr que c'est le tipeu de la librairie qui nous a refilé sa merde, râlai-je faiblement.

Un des mauvais côtés de la notoriété je supposais : j'avais serré la main d'un p'tit gosse pendant une expédition avec ma meilleure pote dans une librairie quelques jours en arrière, et depuis elle et moi on était en PLS.

– Ouais bah t'étais pas obligé de me le refiler aussi, grogna-t-elle.

– C'était pour passer du temps avec ma reus avant la tournée, répliquai-je pour l'amadouer.

– Tu parles ! Tu penseras même pas à moi.

– Ouais c'est possible.

Je souris de fierté avant même que le coude de la handballeuse me cogne les côtes. Il était vraiment faible par contre. Ça avait du bon qu'elle soit malade cette brute.

Il se passa ensuite rien pendant plusieurs minutes. Maëlle regardait vraiment ce qui se passait à l'écran, moi j'étais totalement en train de juger ses goûts en terme de série et de remettre notre amitié en question.

– On peut pas changer là ? me plaignis-je finalement, saoulé par ce que j'étais en train de regarder. Miskine Les Frères Scott, s'il te plait quoi !

– Ta gueule, c'est trop bien, c'est mon adolescence.

– J'arrive pas à croire que Raph t'ai laissé regarder ça.

Là, je m'attendais à une tirade anti-patriarcat quant au fait que ni son frère ni son père ni aucun autre homme n'avait à décider ce qu'elle regardait, le tout agrémenté d'insultes à mon encontre, mais pourtant tout ce que son cerveau grippé parvint à sortir fut :

– Gneu gneu gneu, je m'appelle Nekfeu et je suis un gros con.

– C'est déjà mieux que d'être une petite meuf.

On se battit ensuite verbalement pendant une dizaine de minutes – trop faibles pour tenter un des nos affrontements physiques habituels – puis je tentai de me reconcentrer sur la merde qu'elle insistait qu'on regarde. Je captais vraiment rien, y'avait trop de persos et putain c'était tellement teenage...

Les BonusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant