BONUS 6 : « Je t'aimerai toujours mon fils »

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- Mikael, putain attends !

Oscar dans les bras, la dernière chose que j'avais envie de faire, c'était bien de courir après son père dans la rue.

- Mika, bordel, calme-toi !

Comme d'habitude, Oscar ne pleurait pas, les cris ne l'effrayaient pas. Il restait là, dans mes bras, dans le calme le plus total.

Mais Deen, lui, ne se retournait pas et continuait d'avancer d'un pas rapide en direction de la voiture, les poings serrés.

Je n'arrivais pas encore à savoir s'il était énervé ou triste. Ou peut-être même les deux.

Dans ces moments-là, je savais que je devais le laisser tranquille et prendre mon mal en patience. Quand il aurait envie de parler, il le ferait. Mais putain qu'est-ce qu'il était chiant !

J'aurais bien aimé qu'il me parle plutôt que de fuir.

Mais je ne pouvais néanmoins rien lui reprocher...

Deen était épuisé en ce moment. Son deuxième album était en pleine préparation, et comme en deux ans nous n'avions rien appris, il avait fallut que nous fassions un deuxième gosse au pire moment pour nous deux : lui travaillait nuit et jour, et nous nous voyions à peine. Pendant ce temps, Jude était insupportable, et ni Deen ni moi n'arrivions à trouver le sommeil face au comportement plus qu'étrange d'Oscar depuis sa naissance.

Les yeux très intelligents, Oscar était un bébé très calme. Contrairement à son frère aîné deux ans plus tôt, il ne pleurait jamais, ne riait que rarement, n'avait aucune expression faciale, n'émettait presque aucun son et faisait déjà ses nuits. À l'inverse, il paraissait beaucoup plus tactile et semblait apaisé dans les bras de son père ou les miens.

Ni Deen ni moi ne comprenions ce qui n'allait pas avec notre bébé, et ça nous rendait littéralement fous.

La grossesse s'était pourtant très bien passée, contrairement à ma première qui elle avait été un véritable cauchemar pour se solder par un accouchement désastreux. Tout s'était parfaitement bien passé avec Oscar.

Nous avions voulu ce deuxième enfant, je n'avais mis que quelques semaines à me rendre compte de sa présence, je n'avais ni bu ni fumé pendant toute la grossesse, j'avais accouché par voix basse, à terme, et sans aucune complication.

Le mutisme d'Oscar restait donc un mystère.

Alors nous avions psychoté. Avait-il un problème mental ? Était-il autiste ? Était-il apathique ? Avais-je fait quelque chose de travers ?

Le diagnostique était tombé aujourd'hui. Et si pour ma part, j'étais énormément soulagée, Deen semblait dans un tout autre état d'esprit.

Le trajet jusqu'à chez nous se fit en silence.

Au bout de quelques minutes de trajet, je tentai une approche en posant ma paume sur la main de Deen, elle-même posé sur le levier de vitesses. Je m'attendais à essuyer un refus tant il pouvait être froid lorsqu'il était en colère, mais il se dépêcha de serrer mes doigts tout en expirant. Je le sentis s'apaiser petit à petit.

Ce fut lui qui partit détacher son fils avant de le serrer tendrement dans ses bras, et mon cœur se serra en voyant la lueur de tristesse qui brillait dans ses yeux alors qu'il embrassait délicatement la petite tête d'Oscar, après avoir écarté la petite capuche qui lui tombait sur le visage.

Une quinzaine de minutes plus tard, Oscar était de nouveau dans son berceau, et Deen se laissait mollement tomber sur le canapé, la tête dans les mains.

Dans un silence plus que pesant, je m'assis à côté de lui et posai ma paume à l'arrière de sa tête pour grattouiller ses cheveux maintenant de nouveau coupés courts :

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