Comme chaque midi, Holly refusa le repas que sa mère lui apporta dans sa chambre. Elle ne mangeait, pour ainsi dire, presque plus. Seulement un petit bout de pain de temps en temps et plus rarement encore, un potage. Elle maigrissait de jour en jour, mais n'avait pas d'appétit, ne ressentait pas la faim. Cela attristait ses parents inquiets.
La femme aux cheveux grisonnants appela son mari. Il arriva presque aussitôt au pas de la porte, un regard empli d'amour avec, tout de même, une lueur de chagrin vers sa fille.
— Édouard, je pense que c'est le moment de lui annoncer notre décision.
L'interpellé hocha la tête en signe d'approbation. Il s'approcha doucement de sa femme et tous deux s'installèrent au pied du lit, près de leur enfant. Cette dernière les regarda de ses yeux vidés de toute émotion.
— Chérie... Ta mère et moi avons discuté et nous en avons conclu que tu ne pouvais pas rester ici, avec nous. Nous ne pouvons pas t'aider et nous sommes certains que tu en es consciente.
Holly voulu prendre la parole, participer à cet échange avec ses parents. Leur expliquer que n'importe quelle personne du corps médical ne pourrait rien faire pour elle. Malheureusement, elle avait tellement perdu goût à la vie, qu'elle n'avait même pas le cœur à se défendre face à cette situation. Elle resta assise, le dos appuyé contre la tête de lit et écouta attentivement la suite de cette discussion.
— Mon ange, nous savons très bien que la médecine ne sera pas la solution à ce qu'il se passe. Nous refusons de t'emmener dans un hôpital. Nous voulons que tu te sentes bien, que tu puisses prendre le temps de te rétablir.
Leah White lissa un pli de sa robe grise, le regard perdu sur le sol, avant de relever le visage vers sa tendre petite fille. Elle laissa son mari annoncer leur décision.
— Nous avons pensé que Neal pourrait t'aider plus que nous. Nous t'avons acheté un billet d'avion pour l'Angleterre. Ton frère connaît la situation et t'accueillera comme il se doit. Il sera présent pour toi autant que tu en auras besoin.
Les parents de Holly s'interrompirent. Guettant la réaction de leur fille. Cette dernière se rendit compte qu'elle n'arrivait pas à ressentir du bonheur à l'idée de revoir son frère qui lui avait tant manqué. Elle voulut pleurer de ne pas être heureuse. Mais elle ne le fit pas. Elle ne sourit pas non plus. Elle fixa sa famille de ses yeux bleus infinis et hocha la tête pour toute réponse. Elle leur donnait son accord.
Une esquisse de sourire effleura le visage pâle de Madame White. Peut-être que la décision qu'ils imposaient à leur fille était réellement une bonne solution ? Peut-être que Holly allait redevenir le rayon de soleil qu'ils avaient toujours connus ? Aujourd'hui, elle ne pouvait qu'espérer.
— Je vais t'aider à faire ta valise, annonça-t-elle en se levant. Le vol est prévu pour demain à treize heures cinquante.
La femme marqua une pause, la valise bleu ciel ouverte sur l'édredon vert pomme étalé au pied du lit. S'approchant doucement de son enfant, elle tendit les mains vers celle-ci pour la blottir un instant dans ses bras. Elle ne voulait pas la laisser partir. Elle ne savait pas quand est-ce qu'elle pourrait la revoir. À cet instant précis, elle essayait de mémoriser chaque détail physique de sa fille, chaque détail que seule une mère était capable de voir.
— Tu vas énormément nous manquer mon ange, mais nous pensons que c'est la meilleure solution, murmura-t-elle à son oreille.
Édouard White se leva à son tour, touché par cette scène entre les deux femmes de sa vie. Il posa une main sur l'épaule de sa jeune fille et quitta la chambre en lui disant, presque imperceptiblement, qu'il l'aimait.
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Épine Gelée
FantasyElle vivait dans une famille soudée et aimante. Elle croquait la vie à pleines dents et profitait des petits plaisirs de l'existence. Jusqu'à son seizième anniversaire. Désormais, elle ne pouvait laisser échapper que des cris inhumains. Elle se méta...