— Aïna ? Est-ce que...tu es là ?
Holly observait chaque recoin de la chambre à la recherche d'un indice, d'un petit détail qui confirmerait la présence d'une fée près d'elle. Comment était-elle ? Qui était-elle ? La jeune fille se remémorait tous les dessins qu'elle avait pu voir de ces splendides créatures au cours de sa vie. Parfois, ces êtres surnaturels étaient dotés de grandes ailes majestueuses très colorées, parfois ces ailes étaient plus petites et discrètes, leurs peaux pouvaient être de la même couleur rosée que l'Irlandaise ou d'une toute autre couleur que les humains ne pouvaient arborer. À quoi ressemblait Aïna ?
Cette fée existait-elle vraiment ou était-elle pure fantasme lié à la solitude ? Holly devenait-elle encore plus folle qu'elle ne le pensait ?
— Je suis là Holly. Je suis présente dès que tu en as besoin. Es-tu prête Holly ? Es-tu prête à affronter ton destin ? Es-tu prête à devenir qui tu es réellement ?
Ses yeux clairs balayaient les environs, sans rien voir d'autres que de banals meubles. Mais tout était réel. Elle en était persuadée. Elle ne comprenait pas tout ce qu'il lui arrivait, mais elle était sûre d'une chose : la réalité de son existence, de ses visions, d'elle-même.
C'est alors qu'Holly se reprit en main. Elle se leva, la petite étincelle dans son cœur grandissant timidement pour devenir une petite flamme d'espoir, de renaissance. La jeune brune respira grandement pour se donner du courage.
— Je suis prête, assura-t-elle après un regard sur l'attrape-rêve.
De fait, Holly enroula son corps maigre dans un peignoir beige offert par son frère. Elle se glissa discrètement dans la salle de bain afin de prendre une longue douche bien chaude. L'eau l'aidait à se sentir mieux. Et aujourd'hui, elle en avait vraiment besoin. Se laver de tout le mal qu'elle ressentait lui était nécessaire pour avancer.
Vêtue des mêmes vêtements qu'elle portait lors de son arrivée une semaine plus tôt, Holly entra dans le salon, les doigts entremêlés pour dissiper sa gêne.
Chacun était affairé à quelque chose, mais tous se stoppèrent en la voyant arriver. Neal, le plus surpris de tous, afficha alors un sourire encourageant à sa petite sœur. Il s'approcha d'elle et posa une main rassurante sur son bras.
Après quelques échanges de regards entre tous, la jeune fille se racla doucement la gorge.
— Merci, exprima-t-elle dans un quasi murmure.
Ce simple mot représentait beaucoup. Holly les remerciait de leur accueil, de leur patience, de leur respect, de leur discrétion. Ils avaient été des hôtes idéaux quand elle avait été une inconnue à la fois absente et envahissante.
Tous s'assirent autour de la table basse. Holly et Neal se partageant le canapé et Ethan prenant place sur le fauteuil. Lewis les rejoignit avec des grands verres et quelques boissons selon les goûts de chacun puis, fidèle à lui-même, s'assit en tailleur en face de ses amis.
Holly pris aisément le rôle de spectatrice lors de ce moment convivial. Elle écoutait chacun attentivement, elle observait, apprenait, étudiait. Tout ce bonheur lui faisait du bien. Ces hommes ne semblaient pas perturbés par sa présence. Ils discutaient de tout et de rien. Ils riaient. Ils se partageaient des anecdotes. La bonne humeur était au rendez-vous.
La jeune Irlandaise appréciait ces échanges se déroulant sous son regard attentif. Oui, elle appréciait tout cela. Elle ressentait une douce chaleur au creux de sa poitrine. C'était agréable. Depuis combien de temps les personnes l'entourant n'avaient pas ri devant elle ? Trop longtemps.
Elle repensa à ses parents. Édouard et Leah White avaient fait de leur mieux pour garder la face et s'occuper de leur fille. Ils avaient tout essayé. Ils avaient cru en elle. Mais, trop accablés par la tristesse et l'impuissance, ils n'avaient pas réussi à exprimer du bonheur face à leur enfant.
En cet instant, Holly compris que pour s'en sortir, elle avait besoin d'être entourée de belles choses. Elle s'était éloignée trop longtemps, enfermée dans une ambiance maussade devenue malsaine. Elle aurait dû s'ouvrir aux autres, ouvrir les portes à la bienveillance, l'aide et le bonheur.
À ce moment-même, observant les yeux brillants de ces nouvelles personnes qui partageaient sa vie, elle sentit les coins de ses lèvres s'étirer très légèrement en un semblant de sourire. Elle oublia, l'espace de quelques secondes, la noirceur qui l'entourait.
Et c'est là qu'elle la vit, flottant dans les airs au-dessus de la table. Ses ailes rayonnantes battait doucement. Son petit visage curieux et bienveillant observait la scène. Aïna était bien présente et Holly pouvait la voir. Cet être surnaturel avait une peau comme nul autre. Elle était claire, grise, presqu'en transparence. Ses cheveux fins étaient regroupés en un chignon, des mèches d'un blanc étincelant flottant au rythme des battements mesurés de ses ailes. Ces deux membranes étaient également si fines et translucides qu'on pouvait discerner les petits cartilages qui les tenaient droites. Ses ailes n'étaient pas bombées comme celles des papillons des dessins d'enfants, mais étaient plutôt pointues aux extrémités, la partie supérieure étant plus longue. Ces membres qu'aucun humain ne pouvait arborer rendaient cette nouvelle venue encore plus élégante. Holly ne pouvait détourner son regard face à tant de beauté et de mystère.
Le contraste entre l'adolescente et la créature était sans appel. La fée était si lumineuse qu'un halo argenté semblait flotter autour d'elle alors que le gris terne dominait l'allure de la jeune fille. L'être surnaturel respirait l'assurance et la bonté alors que sa protégée semblait recroquevillée sur elle-même et apeurée.
Neal remarqua le regard fixe de sa sœur et jeta un œil dans la même direction. Fronçant légèrement les sourcils, il se demandait ce qui pouvait bien l'attirer de façon si intense. Il lui donna un discret coup de coude afin de capter son attention. Holly sursauta puis lui fit face. Elle dirigea ses grands yeux bleus vers son frère, puis vers Aïna, puis à nouveau vers son aîné. Devant son regard perplexe, elle en déduisit qu'elle était la seule à apercevoir cet être magique.
— Personne d'autre que toi, ici, ne peut me voir, lui confirma une petite voix fluette.
Les pupilles écarquillées par la surprise, Holly observa les jeunes hommes qui avaient cessé de parler. Personne ne semblait avoir entendu la fée qui planait au-dessus d'eux, mais tous avaient remarqué l'air ahuri de la jeune fille. Cette dernière s'enfonça alors dans le canapé moelleux, ses jambes ramenées contre son corps frêle et sa tête blottie sur ses genoux.
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Épine Gelée
FantasíaElle vivait dans une famille soudée et aimante. Elle croquait la vie à pleines dents et profitait des petits plaisirs de l'existence. Jusqu'à son seizième anniversaire. Désormais, elle ne pouvait laisser échapper que des cris inhumains. Elle se méta...